Les Tournois et les Joutes

LES TOURNOIS ET LES JOUTES

AU MOYEN AGE

Les tournois sont d’origine française et dénommés « conflictus gallici »

tournoi

Au Moyen-âge, le tournoi est un jeu guerrier, une démonstration par la chevalerie de son courage, sa vaillance, son habileté dans l’art de la guerre et du combat, par des jeux individuels ou d’équipes, comportant de nombreuses épreuves que devaient affronter les postulants dans un grand déploiement de réjouissances et de banquets dans une ambiance courtoise.

C’est un moyen de montrer sa puissance, sa richesse et son rang, mais c’est aussi une école de guerre,  comme la chasse, qui entretient dans le Royaume, l’esprit et les usages militaires pour affronter une vraie « bataille » .

Spectacle  très couru, destiné à la noblesse, il a ses règles assouplies au fil des ans car on comptait pas mal de morts et de blessés parmi les plus vaillants chevaliers du royaume, ce qui était une perte, et qui fut condamné par l’Eglise.

 Il divertit les nobles et le peuple et pour les combattants il est un moyen de s’affronter, de s’entraîner à la guerre, et aux combats et de faire preuve de dextérité, de bravoure, de loyauté, ou l’honneur était la règle.

Dans les «cembels » nom du tournoi primitif, il s’agit d’une bataille générale, d’une mêlée terrible, sanglante, et souvent mortelle, bien que courtoise, de deux armées face à face, avec de vraies lances et de vraies épées, puis avec le temps, on donna plus d’importance aux joutes , deux combattants face à face, les pointes et les tranchants de la lance furent émoussées

Les tournois furent au Moyen-âge, ce qu’ont été les jeux gymniques dans l’Antiquité et donnèrent naissance à la Chevalerie et à l’Héraldique.

ORIGINE et HISTORIQUE DU TOURNOI

Le tournoi vient du Nord de la France entre les VIIIème et IX siècle,

En 842 : il est fait mention d’un jeu similaire au tournoi, où des cavaliers simulent des combats, souvent pour s’entraîner comme exercice militaire en  vue des combats.

Xème – XI ème et XIIème siècle : c’est l’apogée, il est courant dans tout l’Occident en France – Italie – Allemagne – Pays Bas.

1130 : Au Concile de Clermont d’Auvergne le Pape INNOCENT II  l’interdit, mais sans effet

1179 : le Pape Alexandre III au IIIème Concile du Latran fait de même sans succès non plus.

1260 : St Louis l’interdit pour 2 ans sauf pour l’arc et l’arbalète.

1280 : Les armes employées changent, les armes de guerre sont remplacées pas des armes émoussées.

1415 : A la bataille d’Azincourt, beaucoup de chevaliers perdent la vie, cela mettra fin à ces tournois qui s’arrêteront définitivement  quand en 1559 quand le Roi Henri II trouva la mort lors d’un tournoi à Paris contre le Comte de Montgomery, la régente Catherine de Médicis interdira sur le territoire, tous les tournois et les joutes.

Ils se transforment ensuite en duel à l’épée et au pistolet, ils seront interdits par Richelieu.

Les Chevaliers prônent le combat en joute, qui permet de se mesurer avec son rival, et de faire front, alors que pour eux un combat à l’épée n’est pas aussi mirifique, considéré plutôt comme un déshonneur, l’épée étant prévue pour tuer,  et non vaincre par hardiesse et vaillance.

Le mot tournois vient du latin « torneamentum » tourner ou tournoyer, et vient des mouvement des combattants après chaque charge  qui tournaient pour en préparer une autre..  Une autre explication propose l’errance des chevalier tournant de «lieux en lieux » pour participer aux festivités.

ORGANISATION DE LA FETE

C’est le Seigneur d’un lieu qui l’organise et informe ses amis, et voisins, de la date et des gains qui seront remportés par les vainqueurs.

Le Seigneur fait proclamer son ban, c’est à dire par un héraut à voix haute et forte dans les rues, les campagnes, les châteaux avoisinants, l’annonce est faite à son de trompe à cris publics, le bouche à oreille ensuite fait le reste, car certains viennent de très loin pour assister aux festivités et participer aux combats qui durent plusieurs jours

Le tournoi répond à un règlement très précis instauré en 1066 par Geoffroy de Preuilly et qui évoluera au cours du temps

Il met en présence deux camps de chevaliers qui s’affrontent en plein air, en champ clos dénommé « la lice » délimitant l’espace du combat d’une grande surface pour les affrontements en équipes et en mêlée, sans compter les spectateurs généralement tous les habitants de la cité et des environs, les marchands, les jongleurs, les ménestrels et les amuseurs publics…  D’où le terme «  entrer en lice » : engager le combat.

Un espace neutre est réservé aux combattants avec leur écuyer pour se préparer, et pour se reposer ou panser leurs blessures..

Un rôle prépondérant est donné aux hérauts, commentateurs, arbitres, spécialistes des armoiries, et personnages indispensables des tournois. Ils sont la police et l’ordre, et certains en feront leur métier, de vrais maîtres de cérémonie.

C’est eux qui proclament le nom et le titre des jouteurs entrant en lice, et qui poussent le cri d’armes ou le cri de guerre du chevalier entrant. Cri aussi important que le blason qui est poussé par le combattant lui-même, avant le combat, puis pendant pour s’encourager et après, en cri de triomphe et de reconnaissance.

La haute société, les nobles, les dames, les spectateurs de qualité sont installés sur une tribune appelée «  échafaud ou loge » qui domine la zone de combat, et ou président également les juges qui font respecter les règles. Pour les princes et princesses ou pour les rois et les reines, des tentes sont dressées pour les recevoir.

 

Il existe 3 Sortes de Tournois : 

  • Le pas d’armes  : Table ronde : combat à pied et à l’épée
  • Les joutes            : Combat à cheval. 2 Chevaliers s’affrontent avec leur lance pour désarçonner l’adversaire.
  • Les tournois       :  Affrontement entre 2 camps composés de plusieurs groupes, au cours de plusieurs épreuves. Chaque camp cherchant à intégrer dans son groupe les Chevaliers les plus titrés…

Il peut se succéder près de deux cents joutes sur plusieurs jours.

TYPES DE COMBAT

  • A pied
  • A l’arme individuelle : combat singulier
  • A cheval le tournoi ou la joute

450px-Joute-XVIe_siecle

  • La JOUTE DE L’ANNEAU : les adversaires lancés au galop, à cheval essaient de décrocher un anneau avec leur lance.

joute del'anneau

  • LE ROLLAND  : Un mannequin en osier est recouvert d’une armure représentant l’ennemi et pivote sur un axe, le chevalier doit le frapper

 

  • LA JOUTE DU SARRASIN : dite QUINTAINE .

Le Chevalier doit avec sa lance, frapper un mannequin qui représente le sarrasin, ayant ses 2 bras tendus, il pivote sur son support, un bras tenant

Un fléau d’arme qui pouvait blesser le dos du cavalier s’il ne se dégageait pas assez vite.

joute sarrasin                           quintaine jpg

 

  • LA PASSE D’ARMES : le but est de toucher de sa lance, l’écu fixé au bout d’un mont gardé par un Chevalier.

 LES ARMES

A Pied :

  • La lance
  • L’épée
  • L’Estoc ou en 1435 le bec de faucon
  • La dague prévue en dernier ressort pour achever l’adversaire est proscrite.

A Cheval :

  • La lance ou l’épée d’estoc ou de taille.

 

armes-add2-image

 

LES CONCURRENTS

 Ils doivent de prime abord se présenter devant les arbitres, qui jugent si oui ou non ils pourront participer, ils présentent les justificatifs de leurs quartiers de noblesse. Tous les écus armoriés des Chevaliers (le bouclier) sont alors suspendus au vu de tout le monde et permettent de les identifier. Pour ceux qui voulaient rester anonymes leurs écus étaient cachés d’un pan de drap.

Les chevaliers entraient superbement équipés avec leur écuyer qui tenait l’écu, au son des fanfares.

Les « Commençailles » combats préliminaires jamais mortels débutaient, laissés aux jeunes Chevaliers, et le vrai tournoi commence quand le 1er des camps qui est prêt se présente sur l’aire de jeu pour signaler sa volonté d’en découdre, le 2ème camp alors entre en lice.

C’est à partir du XIII et du XIVème siècle que ces tournois deviennent  des fêtes festives  pleines de magnificence avec un rôle prépondérant donné aux « Héraults » commentateurs, arbitres, spécialistes des armoiries, et personnages  indispensables des tournois.Enfin, les tournois n’enrichissaient pas les Chevaliers, ils leur permettaient tout juste de vivre, car ils risquaient gros, l’équipement étant très cher, ils risquaient de tout perdre s’ils étaient battus et donc de perdre leur moyen de subsistance pour certains. Les tournois étaient surtout des défoulements collectifs, des moyens de festoyer entre personnes de bon esprit

On lutte alors à fer émoulu ou avec des lances à la pointe émoussée appelée « glaives courtois », le couronnement lors d’un combat est de rompre la lance.

Les arbitres dans la tribune et sur le terrain surveillent le bon respect des règles et interviennent lorsque certains adversaires sont trop belliqueux, ils font aussi transporter les chevaliers blessés…

LES ENJEUX – LES GAINS

Les Chevaliers combattent parfois pour une dame qui leur donne ses couleurs, ils deviennent alors leur champion » ou ils peuvent aussi combattre pour une cause.

Les prix sont définis à l’avance : or – bourse – argenterie – armure – vêtements – équipement –  cheval..

Certains vainqueurs demandent même une rançon

Ils reçoivent leurs gains des mains de la « Reine du tournois » qui préside le tournoi ils sont les héros d’un jour, invités par l’organisateur

LA PANOPLIE 

       DU COMBATTANT

 Panoplie chevaliermedieval boutik

  • L’Armure
  • Les Chausses (guêtres) pour protéger les jambes
  • Le Gorgerin  : partie du casque protégeant le cou et la gorge
  • Le Haubert : Cottes de maille , qui disparaît au XV° siècle remplacée par l’armure métallique en acier, lourde de 25 à 30 kilos.
  • Le Camail    : Vêtement avec capuche qui couvre les épaules
  • Le Heaume : casque
  • L’Ecu ou Blason : le bouclier
  • L’Epée : portée dans un fourreau suspendu au côté
  • La Lance ou le javelot
  • Le Surcot : vêtement de dessus

      CASQUES panoplie2 ARMSANDARMOR

 panoplie

 


cotte maillesCotte de mailles et casque à ventail de 1340

Visiter le site https://medieval.mrugala.net/Armures/Glossaire%20des%20armures.htm

Pour apprendre les différentes pièces de la panoplie d’un chevalier

 

LA PANOPLIE

DU CHEVAL

  • La Barde : armure du cheval , on utilisait souvent du cuir bouilli, plus économique, et plus léger
  • Le Drap ou le Caparaçon

 armure et cheval

Armure pour tournoi

Le cheval a toute son importance : on l’appelle

  • Coursier en temps de guerre
  • Haquenée (jument pour les dames fortunées)

Palefroi (cheval de prestige coûteux) plus souvent pour la chasse, cheval de parade

  • Le Roussin pour la plupart
  • Le Sommier cheval de charge
  • Le Destrier : rare sa valeur était de 7 à 700 fois celle d’un cheval ordinaire Cheval de bataille, ainsi nommé parce qu’il est « mené en destre »

 differents chevalier svt siecles les terres de vsjpg

Il y a une très grande disparité dans l’équipement, on s’arme selon sa puissance, et ses revenus, il faut beaucoup de sacrifices pour financer l’équipement complet, et la victoire dépend aussi de la qualité de la monture. Il faut prévoir également le logement et s’assurer de la bienveillance des hérauts et des ménestrels propagateurs des faits de guerre, des succès comme des bonheurs du vainqueur ou des malheurs du vaincu qu’ils colportaient ensuite de château en château faisant la renommée du Chevalier.

 

Etre Chevalier demandait 6 à 7 ans d’apprentissage :

A 10 ans l’enfant quitte la demeure familiale, pour se rendre chez un feudataire et se mettre à son service d’abord comme page pendant au moins 3 ans et ensuite comme écuyer, il va recevoir une solide instruction :

  • Savoir monter à cheval
  • Apprendre l’art de la guerre
  • Le maniement de l’Epée, la Lance
  • Apprendre les Bonnes manières

Vers 18 ans après ses années d’apprentissage, ayant acquis une connaissance suffisante dans l’art militaire, il peut être adoubé Chevalier  au cours d’une cérémonie officielle. La nuit qui précède s’appelle «  la veillée d’armes », et est dédiée à la prière.

Puis suit la cérémonie de « l’adoubement » l’épée sur les épaules ce qui est appelé « l’armement »

Il se confesse et est conduit à l’autel par 2 chevaliers éprouvés « ses parrains », assiste  à la messe,où il communie,  son épée accrochée à son cou, le prêtre la bénit, et lui demande «  Pour quelle raison désires-tu entrer dans la chevalerie ?  Si tu recherches la richesse ou les honneurs, tu n’en es pas digne ! »

La main sur l’évangile, le postulant va prêter le serment des chevaliers à haute voix.

Il est revêtu ensuite de sa cotte de maille, cuirasse, brassards, éperons dorés, puis de son épée , agenouillé devant son Seigneur  qui lui donne l’accolade et trois coups du plat de son épée sur l’épaule en disant  «  Au nom de Dieu, de Saint Michel et de Saint Georges, je te fais Chevalier. Sois vaillant, loyal et généreux. » puis il lui donne un coup très fort sur la nuque « la collée » accompagné de ces mots « Souviens toi de moi ».

adoubement

Il pouvait aussi être adoubé par son suzerain et devenir chevalier mais aussi vassal du seigneur à qui il prête serment de fidélité. Le chevalier peut prêter serment à plusieurs suzerains, et posséder plusieurs fiefs, mais il doit définir son « hommage lige », c’est-à-dire principal et combattre pour lui exclusivement en cas de guerre.

Si le chevalier manque à son serment, il est proclamé indigne d’être chevalier et considéré comme félon. Il est conduit sur une estrade, son épée est brisée et piétinée, son blason est attaché à un cheval et traîné dans la boue. Tous peuvent l’injurier. On le met sur une civière, puis on le recouvre d’un drap noir et on le porte à l’église comme un mort. On récite les prières des défunts : il est mort comme chevalier et banni toute sa vie.

Le serment du chevalier est prononcé à voix haute par le chevalier lors de son adoubement :

  1. Je crois à tous les enseignements de l’Eglise et j’observe ses commandements.
  2. Je protégerai l’Église.
  3. Je défendrai tous les faibles
  4. J’aime le pays où je suis né.
  5. Je ne fuirais jamais devant l’ennemi.
  6. Je combattrais les infidèles avec acharnement.
  7. Je remplirais mes devoirs féodaux, à condition qu’ils ne soient pas contraires à la loi divine.
  8. Je ne mentirais jamais et je serais fidèle à ma parole.
  9. Je serais libéral et généreux.
  10. Je serais toujours le champion du droit et du bien contre l’injustice et le mal.

 CHEVALIERS connus pour leur mérite

  • Jacques de LALAING reconnu pour ses prouesses à la hache.
  • Son Frère Philippe de LALAING porta en 4 jours 568 coups d’épée contre 589 pour l’ensemble des 23 concurrents
  • Claude de Vaudrey Bourguignon, sa famille était connue pour ses faits d’armes, au même titre que Duguesclin, Bayard…  d’une grande bravoure, il est resté l’histoire  Le jeune Bayard âgé de 18 ans, a Lyon lors d’un tournoi osa se mesurer avec ce personnage au coup de lance redoutable, il sortit indemne grâce à la mansuétude du Chevalier de Vaudrey.
  • Geoffroi de Charny

L’un des l’un des meilleurs chevaliers de son temps, auteur de plusieurs ouvrages dont le « livre de chevalerie » écrit vers 1350 ; il est surtout connu comme étant le premier propriétaire du Suaire de Turin.

  • Guillaume le MARECHAL  anglais

Le tournoi le plus connu est le tournoi de Chauvency  dans le village de Chauvency-le-Château dans le département de la Meuse grâce au trouvère Jacques Bretel

Pendant six jours, plus de 500 chevaliers vont se défier dans des joutes  et au cours de la mêlée d’un tournoi.

Jacques Bretel  brosse  le tableau de la vie de l’aristocratie, à la fin du XIIIème siècle.

Il nous renseigne aussi sur nombre de familles aristocratiques qui ont illustré pendant des siècles l’histoire de tous nos pays : les Grailly de Grilly, cités dans tous les dictionnaires, les Salm et Blâmont, les Bauffremont, les Briey, les Amance, les Ligne et les Lalaing, sans oublier les prestigieuses maisons d’Avesnes, de Flandres, de Luxembourg et de Luxembourg-Ligny. Défilent aussi sous nos yeux les noms de Bergheim, Hattstatt, Faucogney, Ronchamp, Moncley, Auberchicourt, Bergues, Hondschoote, Fléchin, Haussy, Sancerre, Creüe ou Crëve, Rosières-aux-Salines et même Trie du nord-ouest de Paris…

Sources :
 https://nonnobisdominenonnobissednominituodagloriam.unblog.fr/files/2006/09/knights.jpg
https://lartdesmets.e-monsite.com/pages/la-chevalerie-au-moyen-age/
https://fr.vikidia.org/wiki/Armement_du_chevalier
wikipedia
https://medieval.mrugala.net/Seigneurs%20et%20nobles/Adoubement%20de%20chevalier.htm
https://www.medievart.com/Medievart-2/Accueil.html  POUR ACHETER
https://milam.free.fr/tournois.htm#der
https://tournoi.de.chauvency.free.fr/index.html

 

 

,

Feu vert pour la reconstruction de la flèche nord de la Basilique

SanitDenisLa Mairie de Saint-Denis vient de lancer l’étude de faisabilité pour rebâtir la tour de l’édifice, qui abrite la nécropole royale, détruite en 1846.

Depuis la place Victor Hugo, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), l’imposante basilique d’architecture gothique paraît bancale, avec son unique tour qui s’élève. Ce défaut devrait pourtant bientôt être corrigé. Le ministère de la Culture vient de donner son feu vert pour le lancement de l’étude de faisabilité pour la reconstruction de la tour nord et de la flèche de l’édifice, dernier tombeau des rois de France. A sa construction, au XIIIe siècle, la basilique comptait bien deux tours, mais les intempéries et la tempête de 1846 ont eu raison de la flèche nord, progressivement démontée par la suite, pour des raisons de sécurité. Sa reconstruction a, depuis, été envisagée à plusieurs reprises mais, faute de budget, à chaque fois abandonnée. La visite, lors des journée du patrimoine de 2015, du président François Hollande et son vif intérêt pour le projet ont sans doute pesé dans la balance, le mode de financement des travaux – sans un centime d’argent public – aussi. Si l’étude de faisabilité sera financée par la Caisse des Dépôts, les travaux seront, eux, payés par les recettes des visites. A raison de 160.000 entrées par an, au tarif de 8,50 euros par personne, elles pourraient avoisiner les 13,5 millions d’euros. !! (EN 10 ANS)

Agathe Mercante

En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-des-marches-publics/0211094725770-feu-vert-pour-la-reconstruction-de-la-fleche-nord-de-la-basilique-2012553.php?MQHmje77iL75g66C.99

Jacques COEUR

JACQUES CŒUR

550ème anniversaire de sa mort

1395 / 1456

Jacques_Coeur (1)

Armateur – Commerçant  Négociant – Maître de monnaies – Argentier – Conseiller du Roi – Financier –  Explorateur – Ambassadeur

Ami de la Favorite du Roi Charles VII : Agnès SOREL et bras droit du Roi

 

        Je vous emmène découvrir ce personnage au destin fabuleux.

            Fils d’un marchand fourreur de la Ville de Bourges, il va très jeune être initié au commerce, et  gravir les échelons pour devenir un homme puissant et riche.

             Il a la chance de naître dans une ville florissante, dans une famille plutôt aisée dont nous allons suivre l’ascension, ou plutôt les clefs de son ascension.

 Petit rappel de l’histoire :

En ce début du XVe siècle, le Roi Charles VI (Roi de 1380 à 1422) dirige la France  nous sommes encore en pleine guerre de cent ans (1337 – 1453), le royaume de France est surtout aux mains des Anglais, dont les ambitions grandissent après la victoire d’Azincourt contre les français le 25.10.1415, la chute de la  Normandie et le traité de Troyes en 1420.

 Isabelle de Bavière, la femme du Roi Charles VI, fait alliance avec le Roi d’Angleterre  afin d’exclure son fils futur Roi Charles VII, du trône, et fait signer au roi devenu fou depuis plusieurs années, ce fameux et infâme traité de Troyes le 21 mai 1420, qui donne non seulement sa fille Catherine au Roi d’Angleterre Henvi V  mais le reconnait comme régent et gouverneur de France et d’Angleterre, avec droits de succession. La France est en passe de devenir anglaise.

Charles VI déshéritant ainsi son fils.

Henri V vint à Paris prendre possession de ses biens.  Mais Henri V et Charles VI meurent en 1422.

Au décès de son père le Dauphin est âgé de 19 ans, chassé de Paris, il s’était installé depuis 1418, à Bourges. Il est pourtant reconnu par le Parlement, la Cour des Comptes, et de nombreux officiers, mais il doute de sa légitimité. C’est à cette époque que les juristes français vont mettre en place le principe d’indisponibilité de la couronne, le roi ne peut déshériter son héritier  légitime,  la couronne ne lui  appartient pas, mais, elle se transmet et est dévolue à la naissance.

Le Roi Charles VII va se laisser convaincre de ce fait et la venue de Jeanne d’Arc va persuader le Roi de sa mission de « bouter les anglais hors de France ».

Le « Roi de Bourges » sera sacré Roi le 17 Juillet 1429  et  reconnu légitime.

BOURGES  

La venue du Dauphin à Bourges avec sa cour va considérablement profiter à la Ville, déjà très florissante par son commerce.

Sa prospérité  s’était déjà accrue depuis quelques années :

Depuis que le Roi Jean le Bon (Roi de 1350 -1364) ait donné à ses fils dont un prénommé Jean  (1340 – 1416) les duchés de Berry , d’Auvergne et le Comté de Poitiers, Ce Jean de Berry était l’oncle du Dauphin, futur Charles VII, il séjournait à Bourges.

Jean de Berry va faire beaucoup pour la  Ville de Bourges,en l’enrichissant  :

  • Du Palais Ducal , de l’Horloge astronomique, et des manuscrits dont les Très riches Heures du Duc de Berry ,

Riches Heures Duc Berry

  • du Château de Mehun sur Yèvre, château majestueux qui deviendra la résidence des Rois jusqu’au XVIème siècle avant d’être délaissé pour les châteaux de la Loire. (C’est dans ce château que décédera Charles VII en 1461)

Chateau de Mehun S Yevre

La période de 1360 à 1461 voit l’apogée de la Ville de Bourges qui devient grâce aux commandes qui affluent la 3ème ville du Royaume, après Paris et Beauvais avec 30 000 habitants, la renommée de ses drapiers est reconnue, ainsi que celle des artisans de luxe, tapissiers, enlumineurs…

La ville possédait déjà un port de commerce.

Le Dauphin va loger au Palais Ducal ou au Palais de l’Archevêque de Bourges qui verra naître, le 3 juillet 1423 son fils le futur Louis XI suite à son mariage avec Marie D’ANJOU. Bourges devenant la Capitale du Royaume.

JACQUES COEUR

NAISSANCE :  Vers 1395 / 1400 à Bourges

DECES            : le 25 Novembre 1456   Ile de Chios

PARENTS

  • Pierre CŒUR, son père décède à Bourges en 1435
  • Marie LAMBERT sa mère, veuve d’un boucher

FRERE  et SŒUR  :

  • Nicolas CŒUR né vers 1403 Chanoine de la Sainte Chapelle de Bourges et nommé en 1441 Evêque de LUCON (1441 à 1451)
  • Une sœur épouse Jean BOCHETEL, secrétaire de Charles VII

Jacques CŒUR épouse  Macée de LEODEPART, fille du prévôt des marchands de Bourges, et de Jeanne ROUSSART, fille d’un maître des monnaies de Bourges

ENFANTS 

  • Une fille PERRETTE  mariée à Jacquelin Trousseau en 1447, propriétaire du Château de Bois-Sir-Aimé 

chateau de Bois sir AImé

Lieu de rendez-vous du Roi Charles VII et d’Agnès SOREL

4 garçons  dont :

.     JEAN  né vers 1421, nommé  Archevêque de BOURGES à 25 ans. Il meurt en 1483

  • HENRI né vers 1429 Doyen de l’Eglise de LIMOGES  et Chanoine de la Sainte Chapelle de BOURGES, il obtiendra du pape l’autorisation de ramener la dépouille de son père.
  • GEOFFROY, échanson du roi (officier chargé de servir à boire au Roi )il décède en 1488, c’est de lui que descendent les héritiers de Jacques Cœur.  Il existe des descendants  de Jacques Cœur dans les familles Vogüé, de la Rochefoucauld, Rohan-Chabot, de Broglie, de Dieuleveut
  • RAVAND , qui mourra sans postérité

Jacques COEUR aurait eu une autre fille prénommée GEOFFRETTE, mariée à Jean de CAMBRAI dont le père était un sculpteur très connu, qui a réalisé le gisant du Duc Jean de Berry.  (je laisse un lien dans mes sources pour plus d’informations)

                           gisant duc de Berry

Gisant du Duc de Berry – Cathédrale de Bourges

Jacques CŒUR  travaille avec son père marchand fourreur, il est fournisseur de la cour ducale ; la famille déménage en 1409 pour s’installer près de la Chapelle ducale, quartier des commerçants aisés. Il gravit un nouvel échelon dans l’échelle sociale lors de son mariage vers 1418/1420  avec Macée de Léodepart la fille du Prévôt de Bourges.

(le prévôt est une sorte de préfet nommé par le roi qui exerce des attributions administratives et judiciaires pour les villes sans « échevins », c’est-à-dire sans conseillers municipaux élus).

De là va commencer son ascension, il voyage beaucoup il entreprend en 1432 son  premier voyage en Orient, il comprend vite tout l’intérêt et l’avantage du commerce international, des échanges de tous ordres, et du parti qu’on peut en tirer pour s’enrichir. La présence du Dauphin et de sa cour, sur place à Bourges est une aubaine supplémentaire, et la famille COEUR ne peut que se réjouir de cette opportunité.

 A un moment donné en qualité de « Maître des monnaies » à Bourges, il trafique sur la qualité du métal fourni et sans la grâce du Roi, son avenir aurait été très compromis. De ces voyages Jacques Cœur acquière de précieux renseignements, sur le commerce, les voies maritimes existantes, les denrées et produits les plus recherchés en France et à l’étranger

(A l’importation : les épices, la soie, les denrées exotiques, les dattes , les fourrures de martres et de genettes et l’or…  les armes, l’argenterie, les tissus les poissons etc… et à l’exportation : les draps de Bourges et d’ailleurs, les tapisseries,  les fourrures,  le vin,   …

1011266-La_France_1415-1436

Il a rapidement fait un état de la situation du pays :

  • Les ports français fonctionnent mal, notamment :
  • MONTPELLIER
  • AIGUES MORTES (lieu de départ des croisades depuis Louis IX), le port est ensablé
  • NARBONNE n’est pas un port

Les voies terrestres et maritimes sont peu sûres à l’époque avec la présence des pirates, les barbaresques, les marseillais, les génois….sans parler de la météo incertaine, rendant la navigation hasardeuse.

Aussi il va mettre en place des routes commerciales avec des entrepôts tenus par ses hommes de main, disséminés un peu partout, pour récupérer, acheminer les marchandises sous le contrôle de « ses facteurs »  environ 200 sur :

  • La Grande Route Nord /Sud de Bruges en passant par Paris – Orléans – Bourges – Le Puy – Montpellier
  • Dieppe – Rouen – La Rochelle – Bordeaux
  • Lyon – Bourges – Tours

Tours  deviendra le point central d’acheminement des marchandises.

carte commerce

https://www.hgsempai.fr/

Au départ il s’intéresse principalement à Montpellier, où il centralise ses opérations, grâce à lui la Ville renaît, le port fonctionne, avec la mise en place de canaux jusqu’à Aigues Mortes.

Montpellier prospère rapidement, bien située, avec des voies carrossables pour le transport des marchandises à l’intérieur des terres ; elle devient vite une ville incontournable pour le commerce. Il applique la même méthode avec l’aide de son neveu Jean de VILLAGE pour le port de MARSEILLE.

Il lie des liens étroits avec GENES  la SICILE, BARCELONE, FLORENCE, PISE, RHODES, ALEXANDRIE.

Du fait des croisades (9 en deux siècles )  Gênes et Venise sont les villes plus importantes pour le transport des Croisés en Terre Sainte, les pèlerinages partent surtout de Venise et d’Aigues Mortes (Louis IX) par contre il est difficile de rivaliser avec Venise qui comptait 300 à 400 navires pour 150 000 habitants en 1450.

extension chrétienté carte

 Le réseau de ses correspondants étant établi il décide de devenir armateur. Son premier bateau est acheté aux chantiers de GENES en 1443, et Jacques Cœur dit-on demanda aux charpentiers d’Aigues Mortes d’en faire une copie.

 En 1439, le Roi le nomme Grand Argentier du Royaume avec un salaire de 1200 florins par an achetant pour le Roi et la Cour toutes les denrées convoitées. Il devient ainsi acheteur et fournisseur du Royaume.

Jacques CŒUR rend de nombreux services, au Roi et à la Cour, mais aussi au Royaume car il contribue à faire travailler beaucoup de personnes et à faire prospérer des métiers, dans de nombreuses villes.

Le Roi l’anoblit en 1441 ; Jacques CŒUR choisit comme armes «  3 Cœurs et 3 Coquilles Saint Jacques » et sa devise : A vaillans cuer riens impossible »

Jacques_Coeur_blason

Blason de Jacques Cœur

 

devise JC

Sa devise

Sa fortune va prospérer :

  • Du fait de ses fonctions de Grand Argentier bien sûr, mais aussi en qualité de Commissaire royal auprès des Etats du Languedoc, à Toulouse et en Auvergne. Les villes désireuses d’obtenir des franchises ou autres avantages de la part du Roi, prennent Jacques CŒUR comme intermédiaire de leurs suppliques.
  • Du transport des marchandises ;
  • Il est aussi percepteur des impôts.
  • Membre de la Commission Royale de la Draperie, en bon administrateur, il mettra en place une sorte de charte de qualité.
  • Il va acheter des mines de plombs, de cuivre, et de nombreuses propriétés dont il tirera des revenus.

Surtout il a très bien compris tout l’avantage qu’il pouvait tirer du système de change , les circuits d’argent n’ont plus de secrets pour lui, (virements –escomptes – emprunts) Il a des correspondants dans toutes les grandes villes européennes, qui assurent le change nécessaire pour son commerce.

Il a principalement retenu l’essentiel :

  • L’Occident possède beaucoup d’argent
  • L’Orient beaucoup d’Or.

Il exportait des monnaies françaises très recherchées, l’Or et l’argent étaient normalement interdits d’exportation !

Il devient l’homme providentiel, incontournable, indispensable d’où son crédit énorme auprès du Roi, qui s’en sert comme ambassadeur pour des missions difficiles.

Mais il prêtera aussi beaucoup d’argent au Roi de même qu’aux nobles de la Cour.

Jacques_Coeur_signature2 (1)

Signature de Jacques Coeur

CONSTRUCTION DE SON PALAIS

 

Bourges Palais

Il  fait construire son Palais à partir de 1443, une demeure à l’architecture gothique flamboyante, réalisée en moins de 10 ans.

Une maison fastueuse avec beaucoup de signes d’allégeance au Roi et d’humilité comme les 2 personnages  Jacques COEUR et sa femme, accoudés à 2 fenêtres qui entourent une niche où se trouvait la statue équestre de Charles VII.

fenetre

Une façade est fortifiée à l’ancienne d’un côté et une autre plus moderne, raffinée, ouvragée annonce le style Renaissance.

A l’intérieur de nombreuses innovations pour l’ époque, baies vitrées, salle de bains, étuves, sauna, latrines…

Bourges

Voute de la Chapelle du Palais comprenant des compartiments où sont peints des anges portant les inscriptions des versets du gloria et du Cantique des Cantiques

 

Bourges Plafond

En forme de carène de bateau inversée

LA FORTUNE ET LES BIENS DE JACQUES COEUR

Il fera quelques héritages et procédera à l’acquisition de nombreuses propriétés résumées ci-dessous :

https://www.jacques-coeur-bourges.com/biensimmobilier.htm

– La Grand’ maison, c’est à dire le palais Jacques Cœur actuel.

– L’hôtel ou il habitait à l’angle de la rue de Linière et de la rue du Vieux Poirier

par son père :
– la maison située à l’angle de la rue d’Auron et de la rue des Armuriers, en la paroisse Saint Hippolyte, vendue à Hans Havenal qui était cranequinier du roi. (Arbalétrier à cheval, armé du cranequin = arbalète).

– la maison contiguë

par sa belle famille
– La maison située à l’angle de la rue d’Auron et de la rue des Armuriers.

– La maison contiguë située du même côté, qui sera sans doute celle adjugée à Pierre Bruzay, un orfèvre.

Il faut ajouter plusieurs autres biens comme :

– Rue Gambon où il possède aussi une maison, c’est la cinquième maison à partir de la rue des Trois Pommes, en face de l’hôtel Dieu.

– Un morceau de muraille de huit toises des anciennes murailles de Bourges, près de la place Gordaine, et qui furent acquises par Guillaume Lallemant.

– Place Gordaine, il possédait aussi pour moitié une maison attribuée en 1457 pour une somme très faible à Jacuète, veuve de Guillaume Bruzay.

– Place Gordaine, il a possédé une maison avec une rente  » correspondant à un change assis en la ville de Bourges « . Elle sera attribuée à Martin Anjorrant.

– Place Gordaine il avait une masure et une place vide, qui fut acquise par Pierre Pissoire, un bourgeois de Paris en 1456.

– Rue des Arênes, dans la paroisse de St Pierre-le-Guillard il avait une maison qui fut acquise en 1457 par Jean Hager, pelletier de Bourges.

– rue de Montchevry il avait un emplacement et un verger, qui est la rue Gambon actuelle.

– Un terrain près de la porte Courtine qui sera adjugé à Guillaume Lallemant en 1456.

–  » Trois festz de maison  » à Bourges acquises par Jean Guionnet.

– A Asnières, des dépendance dans le village d’Asnières, qui était semble-t-il une grange qui fut attribuée en 1456 à Jean Colichon et Robin Hontaire, archers de la garde du roi. ainsi que dans l’îlot Saint Hippolyte.

Les biens immeubles de Jacques Coeur en dehors de Bourges

Ce sont des biens que possédait Jacques Coeur où dans lesquels il avait et percevait des rentes. Ces biens ont été listés par le procureur Dauvet après la condamnation de l’Argentier du roi, et ils apparaissent dans  » le journal du procureur Dauvet  » publié par Michel Mollat et une synthèse a été publiée plus récemment par le professeur Robert Guillot.

Ce n’est sans doute pas une liste exhaustive, mais c’est un travail d’historien qui ne doit pas laisser passer beaucoup de terres et autres châteaux.

On trouve ainsi dans ce que possédait Jacques COEUR :

– Les Biens de Puisaye :

– la seigneurie de Saint Fargeau avec le célèbre château encore visible aujourd’hui dans l’Yonne.

280px-Chateau_de_Saint_Fargeau

– La terre de Toucy dans l’Yonne

– La terre de Malicorne, Champignelles et Villeneuve, toujours dans l’Yonne.

– les terres de Melleroy, de Saint Maurice dans le Loiret

– Les Biens du Roannais :

– La coseigneurie de Roanne et de Saint Haon-le-Châtel dans la Loire.

– La seigneurie de la Motte et de Saint Romain (Saint Romain la Motte) dans le canton de Saint Haon à quelques kilomètres de Roanne, dans la plaine du Forez.

– Le château de Boisy dans la canton de Roanne sur la route de Renaison.

chateau de Pouilly

– Les Biens du Berry (ailleurs qu’à Bourges)

– Les Biens de Menetou-Salon dans le canton de Saint Martin d’Auxigny.

– La seigneurie d’Ainay-le-Vieil vendue à Charles de Culan en 1455.

– Les Biens de Marmagne dont le château dans le canton de Mehun-sur-Yèvre.

– Les Biens de Maubranches avec le château, situé à la sortie nord de la ville de Bourges, dans le canton de Baugy.

CHATEAU DE MAUBRANCHE

Château de Maubranches (18)

– Seigneurie de Barlieu dans le Cher à proximité de Vailly-sur-Cher. ces biens seront attribués à Jean de Bueil.

– Une terre dans la paroisse de Chabris dans l’Indre dans le canton de Saint Christophe en Bazelle.

– Des pièces de terre, une maison et une maisonnette dans la paroisse de Liry (ou Lizy ?)

– Des pièces de vignes près du chemin allant de Bourges à Marmagne, qui fut adjugée à Jean Bellestat en 1457.

– Les Biens du midi et du Languedoc

– les terres de Bessan dans l’Hérault à proximité de Béziers.

– Les terres de Vias dans la même région.

– La  » Grand’Maison  » de la rue Embouque d’Or à Montpellier, retenue par le roi, puis attribuée à Jean Forestier

– Des maisons et des biens divers à Béziers attribués pour une somme assez faible au seigneur de Montpeyroux.

– Le mas d’Encivade à proximité de Montpellier dans l’Hérault.

– Une maison à Marseille près du port, un immeuble du notaire Rodeti attribué par la municipalité de Marseille.

– Une maison à Montpellier adjugée à Philippe de Crapona.

-Une maison à Beaucaire adjugée à Jean de jambe.

– Une étable à Montpellier, acquise en 1454 par un marchand de cette ville.

– Deux emplacements à Montpellier devant l’église Notre Dame des tables, qui fut adjugée à un bourgeois de Montpellier, Jamet CARCASONNE.

– Les Biens du Bourbonnais

– La seigneurie de la Bruyère-L’aubespin dans l’Allier, c’est à proximité de Cérilly en forêt de Tronçais.

– Biens de St Gérand de Vaulx dans l’Allier attribués à Catherine de Maignelais, la mère d’Agnès Sorel.

– Biens de Saint-Loup dans le canton de Neuilly-le-Réal.

– Une maison et des biens à Saint Pourçain sur Sioule attribué au premier médecin du roi.

– Des Biens fonciers et des rentes près de Saint Pourçain dans l’Allier, attribués aussi au premier médecin du roi en 1456.

– Une rente sur plusieurs maisons à Moulins dans l’Allier.

– Une rente sur un hôtel de Saint Pourçain, qui fut acquise par Michel Héron, un bourgeois de Saint Pourçain.

– Banvin (droit féodal) et des rentes à Saint Pourçain.

– Une rente sur un hôtel de Saint Pourçain adjugée à jean de La Loère en 1456.

– Les Biens de Touraine

– L’Hôtel de l’Argenterie près de St Saturnin à Tours attribués à un canonnier du roi.

– Une maison à Tours adjugée à un chaussetier de Tours en 1453

– Les Biens du Rhône et de Lyon

– La  » maison ronde  » devant l’église Saint Nizier à Lyon.

– La  » Grand’Maison  » de la rue Mercière à Lyon.

– La Maison de la Rose de la rue Mercière de Lyon où Jacques Cœur installa ses comptoirs.

– Une maison et un moulin à papier à Rochetaillée pas très loin de Lyon, dans le canton de Neuville-sur-Saône. ces biens furent attribués à l’archidiacre de Lyon en 1455.

– Une maison à Lyon dans une rue qui allait de Saint Nizier au pont sur la Saône et qui fut attribuée à un maître potier d’étain de Lyon.

– Une rente sur une autre maison située rue Mercière à Lyon.

– Un jardin à Lyon rue raisin, acquis par un notaire royal.

C’est à partir de 1444  année où le Roi Charles VII octroya à Lyon le privilège d’une troisième foire annuelle que Jacques Cœur fit son apparition dans la ville pour y installer son comptoir et qu’il acheta des propriétés.

  • Une maison à l’Arbresle, il possédait beaucoup de mines dans le secteur notamment à St Pierre La Palud, Chessyles Mines, Joux..et certainement logeait-il à l’Arbresle, où subsiste une maison classée aux Monuments Historiques.

20160531_102433-1_resized      20160531_102530_resized

 

20160531_102453-1_resized

 

 

Les MINES de Jacques Cœur

A partir de 1444,  Jacques Cœur va s’intéresser aux mines, le Roi Charles VII  lui accorde par lettres patentes du 24.07.1444, le droit d’exploiter quelques mines de plomb , d’argent, de cuivre,  dans les monts du Lyonnais, pour 12 ans à raison de 200 livres tournois par an, contre le droit du dixième sur les métaux extraits.

Il possédait les mines suivantes :

Mines d’argent et de plomb : entre Sainte Foy l’Argentière et Brussieu (d’où le nom Argentière) – St Laurent de Chamousset –  les mines de Pampailly à Brussieu considérées comme les plus grandes mines d’argent du Royaume, occupant plus de 100 personnes

Mines d’argent et de cuivre :  notamment à Joux sur Tarare, dans le Beaujolais, propriété de Jacques COEUR et des frères BARONNAT

Mines de cuivre :  à Saint Pierre La Palud  dans le Rhône dans le canton de l’Arbresle et à  Chessy les Mines propriété de Jacques Cœur et des frères BARONNAT.

Apparemment la fortune de Jacques Cœur ne venait pas des mines, leurs gisements étaient pauvres et le rendement ne payait pas les frais d’exploitation. Elles furent rendues aux enfants de Jacques Cœur en Octobre 1456.

LES NAVIRES DE JACQUES COEUR

OLYMPUS DIGITAL CAMERA
GALEE de JACQUES COEUR

Français : Vitrail représentant une « galée », c’est à dire un bateau utilisé par Jacques Cœur pour le commerce international. Ce navire porte les armes de Jacques Cœur à la poupe. Salle des galées, Palais Jacques-Cœur, Bourges

Comme déjà évoqué, la première galée commandée par Jacques Cœur en 1443 et financée par le Roi aux chantiers de Gênes, a été copiée par les Charpentiers d’Aigues Mortes, elle aurait portée le nom de « Notre Dame de Saint-Denis » Deux autres bateaux furent construits  Notre Dame Saint-Jacques et Notre Dame Saint-Michel. En tout Jacques Cœur ne possédait que 4 galées vers 1447, du moins suivant l’inventaire effectué lors de son arrestation, car dit-on il en aurait eu une douzaine.

Une en cours de construction « La Rose » et une certainement appelée «  Notre Dame Sainte-Madeleine » appelée également « la grosse galée de Mgr l’Argentier » beaucoup plus imposante que les autres  qui portait le nom de Galéasse

Une Galée : 40 à 50 m de long sur 5 à 6 mètres de large avec 2 ou 3 mâts, à voiles et rames

Une Galéasse :  Grosse galée dont la longueur équivaut à 3 fois la largeur et celle-ci à 2 fois la hauteur.

La « Rose » en honneur d’une fille du Roi Charles VII, quand aux autres bateaux, tous portaient un nom en dévotion à la Vierge.

JACQUES COEUR ET L’ALCHIMIE

Encore un mystère entourant ce personnage, qui d’après la légende aurait fait fortune grâce à l’alchimie, ayant découvert le secret de la pierre philosophale.

Etait-il vraiment alchimiste ou cherchait-il à la faire croire ? Certains avançant le fait  d’une part

  • que Bourges est connu comme ayant été le Centre sacré des gaulois Bituriges (Le mot gaulois latinisé en « Bituriges » (au singulier « Biturix ») est composé de bitu, « monde » et rix, « roi » et signifie « les rois du monde », peuple puissant et riche, et surtout maître de la fabrication des armes et donc de l’art du feu.
  • que l’oncle de Charles VII, le Duc de Berry avait comme secrétaire Jean Flamel, frère cadet du célèbre alchimiste Nicolas FLAMEL et que Jacques COEUR faisait commerce avec l’Orient, d’où vient l’alchimie.
  • que la cathédrale de Bourges possède aussi de nombreux symboles philosophiques.
  • Que  l’Hôtel Lallemant, situé à Bourges, est pour les spécialistes le haut lieu de l’alchimie.
  • On dénombre à Bourges au moins 4 endroits alchimiques :  l’hôtel Lallemant – le palais Jacques Coeur , des rues derrière la rue Bourbonnoux et la rue de l’Alchimie, et la cathédrale Saint Etienne

Sujet tabou c »est FULCANELLI qui au XXème siècle va remettre en avant les signes alchimistes présents dans la demeure de Jacques COEUR,  où ils abondent comme par exemple celui-ci : cuisine JC

indiquant l’axiome de la vie brève, si chère aux Alchimistes :

« Une seule matière, un seul vaisseau et un seul fourneau. »

L’homme avec le pilon broie la matière, le vaisseau est représenté par la femme qui nettoie l’écuelle, et le fourneau par l’homme qui s’occupe de la cheminée.

De nombreux écrits sur l’Alchimie parlent de Bourges, notamment ceux de Jacques Van Lennep :

Les sentiers hermétiques de la finance nous mènent à Bourges un des plus hauts lieux de l’alchimie française puisqu’il s’y trouve à la fois le palais de Jacques Cœur et l’hôtel Lallemant. Comme Prague, cette ville possède sa rue de l’Alchimie où autrefois, la maison dite de l’Escole avait pour enseigne l’Arquemye ».

Le mystère reste entier…

 

FIN DE JACQUES CŒUR

Il ne verra pas la fin des travaux de son Palais, car sur ordre du Roi il est arrêté le 31.07.1451 au Château de Taillebourg.

Chaussée-Saint-James-Château-de-Taillebourg-Charente-Maritim_117912887L

A l’apogée de sa gloire, il possède un empire commercial principalement par voie maritime, négociant avec les pays du Levant et rivalisant avec les autres puissances, Vénitiens, Pisans, Génois..  En 1449, il est l’homme le plus puissant du 15ème siècle, avec la plus grande fortune privée.

Sa richesse, son pouvoir à tous les niveaux et auprès du Roi, poussent ses débiteurs et ils sont nombreux à œuvrer pour le voir disparaître, afin de ne pas rembourser leurs dettes. Tout mouvement de fonds requérait l’intermédiaire de l’Argentier du Roi, son pouvoir était immense, jalousie, haine… vont déferler. Lors de son arrestation on dénombrait 200 débiteurs pour la modique somme de 100 000 livres tournois.

On l’accuse de la mort de la maîtresse de Charles VII : Agnès SOREL, décédée le 9.02.1450, après un accouchement difficile, et dont Jacques Cœur ami de la Belle, était à sa demande son exécuteur testamentaire.

Ses principaux accusateurs :

  • Antoine de CHABANNES Comte de Domartin
  • Otto CASTELLANI trésorier des finances à Toulouse, convoitant les fonctions de Jacques COEUR.
  • Le Sire de MORTAGNE

Cette accusation n’étant pas plausible, elle est abandonnée mais d’autres tombent :

  • Escroquerie – corruption, fraude sur le sel, l’or et l’argent,  surtout la vente d’armes aux infidèles, d’avoir renvoyé un esclave converti à la chrétienté, trouvé sur un de ses navires.

Il se défendit mais ses juges étaient tous ses débiteurs, et futurs propriétaires de ses biens confisqués.

Il est condamné malgré les services considérables rendus  à la Couronne , lèse-majesté, condamné à mort, gracié toutefois par le Roi, il sera  banni à vie.

Il devra faire « amende honorable » et se repentir ce qu’il fit  le 5 juin 1453 en chemise et à genoux devant le procureur du Roi à Poitiers.

Tous ses biens sont confisqués et il est condamné à payer 300 000 écus d’amende plus 100 000 écus au Trésor.  Ces débiteurs ne lui doivent plus rien et récupèrent leurs biens, le Roi en premier.

Après un long procès, un emprisonnement dans plusieurs châteaux : Château de Taillebourg, puis au Chateau de Lusignan (près de Poitiers),  en passant par celui de Maillé, puis le château de Tours et celui de Poitiers, plus de vingt deux mois de captivité, en 1454, il arrive à s’évader du château de Lusignan près de Poitiers

chateau de Lusignan

Repris il est emprisonné à Beaucaire où son neveu à qui il a pu faire passer un message  Jean de VILLAGE viendra le délivrer, il fuira jusqu’à Marseille en toute hâte de peur de se faire reprendre, et embarquera immédiatement pour Rome auprès du Pape Nicolas V (Pape 1447 à 1455) puis de Calixte III qui avait pris sa défense et le proclamait innocent.

chateau de poitiers

Château de Poitiers

Il n’avait pas tout perdu de sa fortune, « ses  facteurs  et capitaines » mirent en sécurité ses marchandises car lors de son arrestation certains bateaux étaient en mer, ou furent dépouillés comme « La Madeleine » par son neveu Jean de Village afin de récupérer tout ce qu’il pouvait avant la saisie ( cordage – ancre, voiles…) car certains de ses agents étaient restés fidèles.

Le pape va organiser une croisade, avec une flotte  d’une trentaine de navires qui part le 11 juin 1456 pour protéger les îles chrétiennes de la mer Egée des Ottomans, il confie le commandement à Jacques CŒUR qui va décéder en Novembre 1456, sur l’île de CHIOS en Grèce (île Génoise à l’époque) en la défendant contre les Turcs, et certainement suite à des blessures dans le combat naval.  Il a 61 ans. Sa mort  reste un mystère, car pour certain il ne serait pas mort à Chios mais aurait refait sa vie dans l’île de Chypre et refait fortune.

Toutefois le 5.08.1457, les enfants de Jacques Cœur purent récupérer une partie des biens de leur père.

Les délateurs : notamment Otto CASTELLANI et G. GOUFFIER furent arrêtés et condamnés.

Ses fils Ravant et Geoffroy CŒUR obtiennent la restitution du Palais de BOURGES ; Le procureur Jean DAUVET chargé lors du procès de l’inventaire des biens et de leurs ventes, avait mis en vente la maison de BOURGES , mais personne n’avait cherché à  l’acquérir, peut-être une reconnaissance de la Ville pour leur bienfaiteur.

Geoffroy CŒUR, son fils habitera le Palais et son fils Jacques CŒUR II en héritera.

En 1501, il sera vendu à la famille TURPIN, puis appartiendra à la famille LAUBEPINE qui le conservera pendant 100 ans.

De 1629 à 1636  Le Prince de Condé y demeure

1679     Achat par Colbert

1682    La municipalité l’achète pour le transformer  en Hôtel de Ville de BOURGES, puis en institution de justice, siège du bailliage et du présidial

Début XXème siècle, il est racheté par l’état et ouvert à la visite.

Jacques CŒUR a permis au Roi CHARLES VII de reconquérir la Normandie entres autres, occupée par les anglais . Homme  ayant le sens des affaires, financier hors pair, fin stratège, il a permis la consolidation  du royaume, en développant le commerce intérieur et international,  en ouvrant des perspectives nouvelles et des débouchés aux artisans, aux produits français, en apportant une réglementation et une organisation exceptionnelle, et en contribuant à assainir les finances de l’état…Il a fait circuler les produits et les richesses du pays, et permis ainsi l’élévation du niveau de vie des habitants.

Jacques Cœur a servi aussi la gloire du Roi sur tout le bassin méditerranéen.

D’ailleurs le fils de Charles VII,  Louis XI continua l’œuvre de Jacques Cœur et le commerce avec le Levant avec 4 bateaux dont un gouverné par Jean de Village que le roi avait gracié.

Si le Roi Charles VII put régner  il le doit à 2 personnages incontournables, exceptionnels, qui permirent l’expulsion des anglais : La  guerrière, JEANNE D’ARC et le financier : JACQUES CŒUR.

On ne peut que regretter l’ingratitude du Roi Charles VII, n’ayant  soutenu ni l’un ni l’autre.

 

DIVERS 

50 Francs Jacques Coeur 1a

Le 50 francs Jacques Cœur est un billet de banque français créé le  13 juin 1940, mis en circulation à partir  du 21 janvier 1941 par la Banque de France.

Il fut imprimé de juin 1940 à mai 1942.

Au recto : à gauche, le buste de Jacques COEUR représenté en pourpoint bleu, écrivant à la plume d’oie. Sur son bureau, un coffret en ivoire ornementé, un encrier, avec en fond, la façade du Palais situé à Bourges. De chaque coté, une colonne soutenant un chapiteau. Sur la frise du bas, l’inscription en vieux français et dans une typographie manuscrite : « À cœurs vaillans riens impossible ».

LA ROUTE « JACQUES COEUR »

La route « Jacques Coeur » englobe plus de 16 sites, et permet de découvrir les richesses du Berry comme le Château de la Chapelle d’Angillon, le Château d’Ainay le Vieil, Abbaye de Noirlac, le Château de la Verrerie entre autres.

A vous de découvrir tous ces trésors

 

 Sources :

Pour ceux  désireux d’en savoir plus sur Geoffrette Cœur  :  https://www.jacques-coeur-bourges.com/enfants.htm#ancre212654 
Pour ceux  désireux d’en savoir plus sur les Mines : https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1928_num_89_1_448816
https://www.jacques-coeur-bourges.com/biensimmobilier.htm
Pour visiter le Palais Jacques COEUR   Très belles photos détaillées : https://roch-jaja.nursit.com/spip.php?rubrique440
Pour avoir des renseignements sur les différents types de bateaux : https://www.jacques-coeur-bourges.com/naviredejacquescoeur.htm  
laplumeetlerouleau.over-blog.com/article-31931804.html 
 Wikipedia

 

Une nouvelle tour de l’enceinte de Philippe Auguste

Tour-Philippe-Auguste1La découverte d’une nouvelle tour de l’enceinte de Philippe Auguste (fin du XIIe siècle) est un événement suffisamment rare pour être célébré. Habituellement, quand l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) effectue ce genre de fouille, elle convie la presse pour fêter l’événement. Mais, dans le cas présent, silence total. C’est en passant par hasard rue Mazarine, où un panneau plaqué contre un bâtiment de l’Institut de France indique l’existence de la fouille, que nous avons découvert le pot aux roses.

Tour-Philippe-Auguste2Enceinte de Philippe Auguste, Institut de France © Patrick Tourneboeuf OPPIC
Vestiges de l’enceinte de Philippe Auguste, Institut de France © Patrick Tourneboeuf OPPIC

Quelques coups de fil plus tard, nous en savons plus sur cette mystérieuse découverte qui a l’air de gêner toutes les parties prenantes. La découverte de la base d’une tour (elle aurait été arasée au XVIIIe siècle) et d’une portion de l’enceinte a été faite à l’occasion de la construction d’un nouvel auditorium dans l’Institut de France. Mais la trouvaille tombe très mal, car les travaux ont déjà pris beaucoup de retard. Maintenant que l’Inrap a achevé sa fouille préventive, que faire des vestiges ? Les recouvrir tout simplement de béton pour construire enfin l’auditorium ? Demander à l’architecte de revoir sa copie pour que les vieilles pierres soient mises en valeur et accessibles au public ? Le débat fait rage. On hésite. Les archéologues soulignent qu’ensevelir ses propres ruines quand le monde entier s’élève contre la destruction de Palmyre par Daech serait pour l’Institut de France un acte incompréhensible.

Même si la découverte n’est pas miraculeuse – il existe de nombreuses autres portions de l’enceinte –, elle possède un certain intérêt dans la mesure où le fondement de la tour montre parfaitement la méthode de la construction, ce qui n’est pas visible ailleurs. En revanche, les vestiges de l’enceinte ne sont pas de très bonne qualité, plaide l’institut. Beaucoup de pierres ne sont pas d’origine. Le maître d’ouvrage délégué – l’Oppic – a donc demandé à l’architecte (l’atelier Barani) de modifier son projet pour que seule la tour soit mise en valeur. On lui a demandé de remettre sa copie à la fin du mois de mai. En revanche, le doute plane sur l’avenir du reste de l’enceinte en mauvais état. Sera-t-elle conservée ou pas ? La décision n’est pas prise.

Tour-Philippe-Auguste3Enceinte de Philippe Auguste, Institut de France © Patrick Tourneboeuf OPPIC
Vestiges de l’enceinte de Philippe Auguste, Institut de France © Patrick Tourneboeuf OPPIC

Quand un accord sera enfin trouvé entre l’Institut de France et les archéologues, cela mettra fin à une polémique bien plus ancienne que la découverte de la tour elle-même. Cela faisait exactement 220 ans que l’Institut et la Monnaie de Paris se disputaient ce terrain. L’anecdote mérite d’être contée. En l’an IV de la République (1796), le jardin du directeur de l’institut est mis à la disposition de l’hôtel de la Monnaie voisin pour y installer les ateliers où la monnaie était frappée. Ce terrain de 1 500 mètres carrés est situé exactement au-dessus de l’ancien fossé creusé à la demande de Charles V à l’extérieur de l’enceinte de Philippe Auguste. En 1850, l’institut réclame la restitution de son bien. La Monnaie fait la sourde oreille. Il faudra attendre 2004 pour que l’État ordonne enfin la restitution de la parcelle dite de l’« an IV ». Celle-ci a lieu officiellement en 2012. L’institut peut alors lancer les travaux pour bâtir un auditorium de 350 places dont il a fort besoin. Le permis de construire est délivré le 25 juillet 2013.

Tour-Philippe-Auguste4Enceinte de Philippe Auguste, Institut de France © Patrick Tourneboeuf OPPIC
Vestiges de l’enceinte de Philippe Auguste, Institut de France © Patrick Tourneboeuf OPPIC

Comme la loi le prévoit sur tout chantier, l’Inrap mène des sondages et découvre ce à quoi il s’attendait : une portion d’enceinte et les fondations d’une tour. D’où un retard supplémentaire à prévoir pour approfondir les fouilles et la tentation de certains de recouvrir les vestiges pour lancer les travaux au plus vite. Aujourd’hui, l’Institut de France nous jure qu’il n’a jamais été question de cela. Les vestiges de la tour seront bien mis en valeur et accessibles au grand public. On n’en attendait pas moins…

Source : Le Point