MISE EN LUMIÈRE DES MANUSCRITS ENLUMINES DES DUCS de BOURBON

Chantilly : les Manuscrits des Ducs de Bourbon (XIVe-XVIe siècles) exposés

Du 7 octobre 2023 au 7 janvier 2024, le musée Condé à Chantilly présentera une exposition dédiée aux manuscrits enluminés des Ducs de Bourbon datant des XIVe et XVIe siècles. Cette collection représente une partie cruciale de l’histoire bibliophile de la fin du Moyen Âge.

ActuaLitté

Sur les 600 volumes que possédaient autrefois les ducs et duchesses de Bourbon, le musée en détient 50. Bien que cette collection soit moins renommée que celle du duc de Berry et moins vaste que celle des ducs de Bourgogne, elle reste l’une des plus prestigieuses de cette époque charnière entre le Moyen Âge et la Renaissance.

Entre François Ier et le Grand Condé

Originaires de la bibliothèque ducale de Moulins, ces volumes ont été amassés par la lignée princière des Bourbons de 1327 à 1523. Ils témoignent de l’importance croissante du livre comme symbole de pouvoir et de richesse à la cour. Ces œuvres soulignent la sagesse et la prospérité des princes et sont emblématiques de l’identité ducale.

Henri d’Orléans, duc d’Aumale, hérita de ces 50 volumes en 1830 après le décès du dernier prince de Bourbon-Condé. Alors que la majorité des livres des Bourbons avaient été confisqués par François Ier, ceux qui demeuraient à Moulins furent repris par le Grand Condé en 1661. Le duc d’Aumale a valorisé et enrichi cet héritage avec des ajouts, notamment le Diptyque de Jeanne de France, œuvre de l’atelier de Rogier van der Weyden, et il a intégré les symboles des Bourbons dans les décors du château de Chantilly.

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Aujourd’hui, le musée Condé met en lumière cette collection, enrichie par des recherches récentes basées sur les inventaires antiques des Bourbons. Des prêts, notamment le Livre d’Heures de Jeanne de France et d’autres ouvrages précieux de la Bibliothèque nationale de France, complètent l’exposition, offrant un aperçu de la splendeur de la dernière grande bibliothèque princière du Moyen Âge et de la cour de Moulins.

À LIRE – Le rouleau d’interrogatoire des templiers exposé aux Archives Nationales

L’exposition est orchestrée par Mathieu Deldicque, directeur du musée Condé, et Marie-Pierre Dion, en charge des bibliothèques et des archives du musée, avec le soutien de Camille Olivier et Bernie Thabarant.

Retrouvez ci-dessous la présentation détaillée de l’exposition :

2023_LES-MANUSCRITS-DES-DUCS-DE-BOURBON_DP.pdf (chateaudechantilly.fr)

Crédits photo : Atelier de Roger van der Weyden (Tournai, vers 1400 – Bruxelles, 1464) Diptyque de Jeanne de France (volet gauche). Voir page 20 Flandre, milieu du XVe siècle (après 1452) Huile sur bois  Chantilly, musée Condé, PE 108 Provenance : John Fuller Russel, Greenhithe (†1884) ; acquis par le duc d’Aumale en 1885 © RMN Grand Palais – Domaine de Chantilly – Franck Raux / Saint Matthieu écrivant son évangile
Dans : Evangéliaire grec et latin du cardinal de Bourbon Paris, vers 1480 Manuscrit enluminé par François Le Barbier fils (actif à Paris entre 1480 et 1500) Voir page 21 © BnF 

source : Chantilly : les Manuscrits des Ducs de Bourbon (XIVe-XVIe siècles) exposés (actualitte.com)

SAINT DENIS

Les vitraux de la basilique Saint-Denis retrouvent la lumière

Grâce à des travaux de restauration, les vitraux de l’édifice, désormais remplacés par des fac-similés en polycarbonate, retrouvent des couleurs. Un chantier qui aura coûté près de 2 millions d’euros, mais nécessaire pour donner une nouvelle jeunesse à cette basilique, nécropole des rois de France.

Cliquer sur le lien ci-dessous pour voir la vidéo

https://lalettrepatriote.com/les-vitraux-de-la-basilique-saint-denis-retrouvent-la-lumiere/

La réparation de dix verrières, parmi les trente et une que compte la basilique Saint-Denis, vient de s’achever. Mais il faudra encore du temps pour terminer l’ensemble des travaux de restauration de la nécropole des rois de France, dont le coût est estimé à 2,2 millions d’euros.

« Saint-Denis est désert. L’oiseau l’a pris pour passage, l’herbe croît sur ses autels brisés et on n’entend plus que les gouttes qui tombent par son toit découvert. » Elle n’est heureusement plus qu’un mauvais souvenir, en 2023, cette sombre vision de la basilique Saint-Denis qu’offre au lecteur Chateaubriand, dans son Génie du christianisme.

Splendeurs et misères des vitraux de la nécropole des rois de France, pourrait-on ajouter : après avoir survécu à la haine iconoclaste des premières années de la Révolution française, les verrières de l’édifice sacré ont été démontées en 1799, pour être remisées dans le Musée des monuments français d’Alexandre Lenoir.

C’est Viollet-le-Duc qui rendra les verrières à leur destination d’origine, au prix de manipulations hasardeuses au cours desquelles plusieurs de ces œuvres d’art furent abîmées, voire carrément détruites…

Des pertes inestimables, car, à travers ces vitraux du XIIe siècle, brille l’éclat du fameux « bleu Suger » – du nom de l’Abbé à l’origine de l’ornementation et de la restauration de la basilique entre 1140 et 1144 – un verre coloré qui aurait coûté plus cher que la construction en pierres de l’édifice lui-même, si l’on en croit la Drac Île-de-France.

Un patrimoine si précieux que les conservateurs ont décidé de mettre définitivement à l’abri les vitraux, au laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH). « En les restaurant, nous avons compris qu’ils ne pouvaient pas être remis en place une nouvelle fois », justifie la Drac.

Les dix premiers verrières, restaurées à l’identique et progressivement remontées depuis le début du mois de février 2023 sont en fait des fac-similés en polycarbonate ; et pas moins de huit spécialistes de France Vitrail ont été mobilisés, afin de permettre le rendu le plus exact possible, jusqu’à donner l’illusion du verre ancien : il faut le dire, le résultat est bien au rendez-vous.

Un vrai travail d’Hercule qui est loin d’être achevé : en tout, trente et un vitraux doivent être restaurés. Certains panneaux, encore en place depuis Viollet-le-Duc, seront simplement rafraîchis.

Mais dans deux chapelles latérales, l’Etat prévoit une commande de vitraux contemporains, dont on espère qu’ils ne gâteront pas l’harmonie du sanctuaire dans lequel reposent les gisants de pierre vides, des rois et des reines qui ont fait la France.

(Source : Le Figaro – FSSPX.Actualités)
Illustration : Vassil, Domaine public, via Wikimedia Commons

https://fsspx.news/fr/news-events/news/france-saint-denis-retrouve-enfin-ses-vitraux-80040

Le bureau de Louis XIV retrouve sa place au château de Versailles

Classé Trésor national, le bureau de Louis XIV a retrouvé sa place dans le salon de l’Abondance du château de Versailles (Yvelines) après sa restauration.

Il avait été acquis en 2015 par le château par préemption, grâce au mécénat d’Axa et de la Société des Amis de Versailles, dans le cadre de son partenariat avec la Fondation du patrimoine.

7 ans de recherches et de restauration

Le bureau a été l’objet d’un long travail de recherche et de restauration, mené au sein du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), sous l’égide d’un comité scientifique international.

Un frère jumeau

Ce bureau a une longue histoire. En 1685, Alexandre-Jean Oppernordt, ébéniste ordinaire du roi depuis 1684, livre pour le château, à la demande des Bâtiments du Roi, une paire de bureaux brisés en marqueterie d’écaille et de laiton.

Ces bureaux, dont le décor de l’un forme le négatif de l’autre, étaient destinés à la pièce de travail de Louis XIV dans ses petits appartements.

Mais ce type de bureau, dont le plateau articulé s’ouvrait par le milieu, fut jugé peu pratique et démodé. Les bureaux furent replacés dans le garde-meuble de la couronne avant d’être vendus aux enchères en 1751 sous le règne de Louis XV. Les bureaux vont alors être séparés.

Metropolitan Museum de New York

Sans avoir subi de transformation, le premier d’entre eux est présenté depuis 1986 au Metropolitan Museum de New York.

Le second a été transformé en bureau en pente à gradins à une date indéterminée et se retrouve en Angleterre au XIXe siècle, dans les collections du baron Ferdinand de Rothschild (1839-1898).

C’est ce second bureau qui est entré dans les collections du château de Versailles en 2015, ayant conservé son décor, dont le plateau à l’iconographie célébrant la gloire du Roi Soleil.

À partir de 2015, un comité scientifique international a été créé pour étudier le meuble et s’interroger sur sa restauration. Il a finalement été décidé de redonner à l’œuvre sa forme originelle de bureau brisé du XVIIe siècle.

https://actu.fr/ile-de-france/versailles_78646/le-bureau-de-louis-xiv-retrouve-sa-place-au-chateau-de-versailles_55436865.html

HISTOIRE DETAILLEE DE CE BUREAU ET DE SA RESTAURATION

Ils sont deux. Deux bureaux issus du même atelier, celui de l’ébéniste Alexandre-Jean Oppenordt (1639-1715), qui avait reçu commande, avant juin 1685, des « compartimens » pour les « deux bureaux du petit cabinet de Sa Majesté ». Autrement dit, des panneaux qui recouvriraient les meubles plaqués d’ébène et de bois de rose du Brésil, et dont le dessin avait été composé par le dessinateur de la Chambre du roi, Jean Ier Berain (voir Gazette n° 14 du 9 avril 2021, page 166). La somme de 240 livres était réglée le 25 juillet à l’ébéniste pour ce travail. Fils d’un boucher de Gueldre, en Hollande, Alexandre-Jean Oppenordt (voir Gazette n° 7 du 18 février, page 154), arrivé à Paris dans les années 1655-1660, avait appris le métier dans l’atelier de l’ébéniste César Campe et travaillait depuis quelques mois pour le service des Bâtiments du roi. L’un des bureaux fut habillé en première partie de marqueterie : le chiffre de Louis XIV et le décor, en laiton, se détachaient sur le fond d’écaille teinté d’écarlate. Il est aujourd’hui conservé au Metropolitan Museum of Art à New York. L’autre, vêtu de la marqueterie en contrepartie, possédait donc les mêmes motifs, mais inversés, l’écaille rouge formant le dessin dans les vides laissés par les plaques de laiton. Celui-ci vient de retourner dans sa demeure d’origine, le château de Versailles. « Bien que très prisée alors par les milieux d’ébénistes parisiens, écrit l’historien d’art Calin Demetrescu dans Les Ébénistes de la Couronne sous le règne de Louis XIV (La Bibliothèque des arts), l’écaille rouge fut jugée visiblement peu appropriée pour un meuble royal, et Oppenordt fut loin de remporter le succès escompté : malgré la qualité extraordinaire de son travail, ce fut la dernière commande de mobilier qu’il recevait pour la couronne. » Ces deux bureaux à huit pieds ornés de bronzes dorés, où le chiffre du roi était présent jusque sur les entrées de serrure des tiroirs latéraux, de ceux des caissons du milieu et des trois tiroirs feints de la ceinture, étaient dit « brisés » parce que leur plateau, articulé, s’ouvrait en deux parties, laissant place à un intérieur formant une écritoire et quatre tiroirs. Ils étaient destinés au Petit cabinet octogonal, aménagé deux ans plus tôt en « Cabinet où le roi écrit », derrière la galerie des Glaces. Ils sont décrits ainsi dans l’Inventaire général de 1729, « de marqueterie d’écaille de tortue et de cuivre, représentant au milieu les chiffres du Roy couronnés et surmontés d’un soleil, et à chaque coin une grande fleur de lys, ayant par devant neuf tiroirs fermans à clef, portés sur huit piliers en gaine de même marqueterie à bases et chapiteaux de cuivre doré ». Passés de mode, ils furent vendus aux sieurs Joubert et Centenier le 12 juillet 1751, lorsque Louis XV ordonna de disperser les anciens meubles de la couronne.

© Château de Versailles, Dist. RMN © Christophe Fouin
© Château de Versailles, Dist. RMN © Christophe Fouin


Au chevet d’un chef-d’œuvre
L’un des deux a donc fini par intégrer le Metropolitan Museum. On trouve trace du second dans la collection de Ferdinand de Rothschild à Londres, au XIXe siècle, puis dans celle de lady Ripon et enfin de sa fille Juliet Duff. Vendu chez Sotheby’s en 1969, il entra dans la collection de la famille Servier, et fut à nouveau mis aux enchères à Paris le 18 novembre 2015. Classé Trésor national, interdit de sortie du territoire, il a été préempté 1 487 200 € (voir Gazette 2015 n°41, page 187) par le Musée national du château de Versailles grâce au mécénat d’Axa et à la Société des amis de Versailles, en partenariat avec la Fondation du patrimoine. Modifié en bureau à pente sans doute avant même qu’il ne soit acquis par Ferdinand de Rothschild, il a été restitué depuis dans sa forme d’origine, une décision très rare qu’explique Laurent Salomé, le directeur du musée : « L’acquisition s’est faite déjà du temps de mon prédécesseur, Béatrix Saule, avec l’idée de le rétablir dans sa forme parce que ce bureau, ainsi transformé, était difficile à intégrer dans le parcours. L’étude du comité scientifique à partir de 2017 n’a fait que confirmer ce choix. Nous nous sommes rendu compte que le dernier état du meuble était peu intéressant, mal documenté. La réalisation n’était pas de bonne qualité. Pourtant, malgré ce traumatisme, le décor a été plutôt moins restauré que celui du bureau conservé au Metropolitan Museum. Lorsque nous avons compris que nous pourrions récupérer énormément de décors avec très peu de perte, notre décision de le restituer dans sa forme d’origine a été confirmée. » L’étude préalable pour affiner les partis pris de restauration a duré deux ans, pendant lesquels les conservateurs du comité scientifique – dont Danielle Kisluk-Grosheide, conservatrice en chef au Metropolitan Museum de New York – sont venus à plusieurs reprises examiner le bureau au département des Arts décoratifs du laboratoire des musées de France, le C2RMF. Quarante pièces ont été examinées, des radios ont permis de découvrir que les chênes ayant servi à sa fabrication avaient été abattus après 1680, ce qui tend à prouver que les ébénistes travaillaient avec du bois vert, contrairement à ce que l’on pensait. « Sur le plateau, nous avons retrouvé les traces de vis qui formaient les anciens pivots, explique Frédéric Leblanc, chef des travaux d’art. Dans toutes les restaurations, il y a une surprise. Dans celle-ci, ce fut de découvrir que toutes les marqueteries de laiton avaient été refixées au XXe siècle avec une colle époxy à base d’Araldite. » Il a fallu retirer cette colle avec un scalpel à ultrason, un travail long et minutieux, avant de tout recoller avec une colle animale réversible. Ce contretemps a cependant permis aux restaurateurs d’étudier les traces d’outils au revers des éléments de marqueterie, et de différencier les pièces d’origine des autres.

 

© Château de Versailles, Dist. RMN © Christophe Fouin
© Château de Versailles, Dist. RMN © Christophe Fouin


Une restauration scrupuleuse
Les parties hautes ajoutées pour réaliser l’abattant en pente du bureau ont donc été supprimées et leur marqueterie replacée sur les faux tiroirs de la ceinture. Pour restituer les lacunes (10 à 15 % du décor), des dessins ont été tracés en copiant les motifs du bureau conservé au Metropolitan Museum. Ils ont ensuite été vectorisés, selon une technique mise au point par Frédéric Leblanc pour agrandir les motifs sans les déformer, puis découpés avec un équipement laser spécifique. De minuscules traits ont été gravés sur certaines pièces de marqueterie et le revers des parties neuves en laiton a été traité différemment des anciennes, afin que les restaurateurs futurs puissent comprendre les travaux effectués sur le meuble. Les vernis, très épaissis, ont été remplacés pour raviver les teintes de l’écaille de tortue. À l’intérieur de l’abattant, enfin, sous le cuir rouge qui avait été ajouté, un placage a été réalisé selon la technique du frisage en fougère, qui joue avec les dessins des essences de bois. Après plus de cinq ans passés au C2RMF, le bureau de Louis XIV, remis à plat, vient de retourner au château, installé depuis le 20 novembre dans le salon de l’Abondance, non loin de l’emplacement de l’ancien Cabinet où il avait été livré, à l’été 1685. Au soulagement de Laurent Salomé, très heureux de l’accueillir : « Ce bureau est resté très longtemps en restauration, nous sommes contents qu’il ait enfin rejoint sa destination définitive ! » 

Source : https://www.gazette-drouot.com/article/un-bureau-de-louis-C2-A0xiv-de-retour-a-versailles/40473

Il a fallu attendre 271 ans pour que ce bureau réintégre le château de Versailles où il était entré en 1685 – puis vendu en 1751, pour être classé monument historique en 2015

Meuble de Marie-Antoinette vendu aux enchères

Ce meuble de Marie-Antoinette, en vente chez Christie’s, est estimé à 1 200 000 euros

Christie’s va présenter l’une des ventes les plus exceptionnelles de son histoire.

Par Manon Garrigues 18 novembre 2022 Sony Pictures/Courtesy Everett Collection

Le 22 novembre 2022, Christie’s propose une vente aux enchères de haut vol. Sûrement l’une de ses plus prestigieuses. The Exceptional Sale (nom évocateur) réunira des pièces rares du mobilier de Marie-Antoinette, mises en dialogue avec des chefs-d’oeuvre haute couture signés Chanel et Yves Saint Laurent. Des trésors du patrimoine français que l’on peut admirer de très près jusqu’au 22 novembre.

Le mobilier de Marie-Antoinette

Parmi les 34 lots présentés, deux pièces frôlent l’indécence. Et pour cause, elles ont appartenu à Marie-Antoinette. Estimée entre 800 000 et 1 200 000 euros, Christie’s met aux enchères une commode au décor rouge et or d’inspiration chinoise, livrée en 1770 à la dauphine au château de Compiègne, et façonnée par le célèbre ébéniste Pierre Macret ainsi qu’un fauteuil de Georges Jacob (estimé entre 100 000 et 200 000 euros), au décor dit à l’étrusque, présent dans la chambre à coucher de la reine à Versailles.

Commode royale d'époque transition estampille de Pierre Macret  vers 1770 © Christies Images Limited 2022
Commode royale d’époque transition, estampille de Pierre Macret – vers 1770 © Christie’s Images Limited 2022
Fauteuil royal à l'étrusque d'époque Louis XVI Estampille de Georges Jacob © Christies Images Limited 2022
Fauteuil royal à l’étrusque d’époque Louis XVI, Estampille de Georges Jacob © Christie’s Images Limited 2022

The Exceptional Sale, vente en salle le 22 novembre à 16h00, exposition jusqu’au 22 novembre, tous les jours de 10h à 18h sauf le mardi 22 novembre de 10h à 14h 9, Avenue Matignon, 75008 Paris www.christies.com

https://www.vogue.fr/culture/article/vente-christies-mobilier-marie-antoinette

Cette vente intervient presque exactement un an après la vente par Christie’s de deux bracelets en diamants ayant appartenu à la reine. Ces bracelets ont finalement été vendus à plusieurs reprises avant la vente, pour un montant d’environ 8 millions d’euros. Une boîte en velours bleu portant l’étiquette « bracelets de la reine Marie-Antoinette » contenait les bijoux, chacun composé de trois rangées de diamants et de grands fermoirs, pour un total de 112 diamants.

ADJUDICATIONS

« Reconstruire Notre-Dame à l’identique s’inscrit dans un processus de résilience nationale »

Laurent Ottavi – published on 13/11/21

Véritable historien des cathédrales, Mathieu Lours revient dans « Notre-Dame des siècles, une passion française » (Cerf), sur le lien unique entre Notre-Dame de Paris et l’histoire de la France. Il répond aux questions de Aleteia.

Dans le magnifique album Notre-Dame des siècles, une passion française(Cerf), Mathieu Lours, historien de l’architecture religieuse et professeur à l’université de Cergy-Pontoise, montre combien Notre-Dame de Paris se situe au cœur de l’idée nationale. La cathédrale est pour lui bien plus qu’un simple lieu de mémoire puisque son histoire continue aujourd’hui à s’écrire, toujours confondue avec celle de la France. 

Aleteia : vous écrivez au début de votre livre que Notre-Dame de Paris est « à la fois un traité de théologie catholique, un roman fantastique et un livre d’histoire », le dernier point étant l’objet du livre. Qu’entendez-vous par « livre d’histoire » dans ce contexte ?
Mathieu Lours : Notre-Dame est un édifice achevé au début du XIVe siècle. Elle a alors été léguée en héritage au clergé qui l’habite et au roi qui l’utilise politiquement. Elle existe ensuite pendant huit siècles sous sa forme actuelle. L’architecture et le décor sont en quelque sorte l’écume de tout un océan lié aux évolutions politiques, sociales, économiques du royaume de France. Si l’on considère uniquement la cathédrale du point de vue stylistique, nous perdons de vue tout le terreau sur lequel a germé cette architecture gothique. Nous comprenons mal, surtout, la passion déclenchée par l’incendie, en 2019. 

Pourquoi avoir choisi un parcours chronologique ?J’ai longtemps hésité entre chronologie et parcours thématique. La seconde option aurait demandé une parfaite maîtrise de la chronologie de la part du lecteur. J’ai donc choisi la première option mais sans m’y restreindre. Je vois l’Histoire comme la rencontre d’une horizontalité (comprendre une époque dans tout ce qu’elle a de cohérent) et d’une verticalité (comment se fait le passage d’une période à une autre : transitions, ruptures, continuités). J’ai, par conséquent, préféré suivre le déroulement de la chronologie verticale et m’arrêter à certains moments clés où je rétablissais l’horizontalité. Ce choix permettait d’articuler au mieux l’analyse et le récit, car l’histoire est aussi un récit. Le lecteur aime d’ailleurs être emmené dans un récit qui a un début, une suite et, heureusement pour Notre-Dame, pas de fin pour le moment. 

En quoi Notre-Dame fut-elle au cœur de la naissance de l’idée nationale ?
Cela s’explique par le fait qu’elle est fondée pour assurer la continuité spirituelle entre l’Empire romain et le Moyen Âge. Elle est construite pour être le siège de l’évêque, soit le fonctionnaire de la religion romaine devenue officielle en 383. Notre-Dame devient par la suite un des lieux de légitimation des rois mérovingiens : Childebert va notamment réaliser de profonds travaux de transformation dans la basilique de l’antiquité tardive ; il se comporte ainsi comme un empereur en montrant que, dans son royaume des Francs, il est toujours le protecteur de la foi et celui qui assure l’évergétisme, les donations aux grands édifices publics par exemple.

NOTRE DAME DE PARIS
Enluminure de Jean Fouquet représentant Notre-Dame de Paris au fond, XVe siècle

Artokoloro / Quint Lox / ARTOKOLORO QUINT LOX / Aurimages via AFP

Quels liens entre le trône et la nation incarne Notre-Dame ?
Le lieu légitimant pour le pouvoir royal est l’abbatiale de Saint-Denis : s’y trouvent les tombes des rois et les insignes de la royauté conservés en dehors du moment du sacre. L’autre lieu majeur pour la royauté est Reims, lieu du sacre. Notre-Dame, elle, incarne l’exercice du pouvoir. À partir du moment où le roi siège dans l’île de la cité de manière fixe, soit à partir de Philippe Auguste même si l’on pourrait remonter encore à l’an 1000 avec les Robertiens, les rois se rendent à Notre-Dame pour les grandes fêtes de l’année et les mariages princiers y ont lieu. Lorsqu’on part en croisade, l’oriflamme est prise à Saint-Denis mais le départ se fait de Paris. Surtout, après le sacre, c’est à Notre-Dame que le roi de France vient prêter serment de défendre les libertés des Églises gallicanes face aux prétentions du Pape. En échange, l’Église gallicane défend l’indépendance du roi face au Pape et à l’empereur. Ce pacte politique a lieu à Notre-Dame. 

Comment la cathédrale traverse-t-elle ensuite la Révolution ?
De façon paradoxale. Elle est à la fois profanée et heureusement sauvegardée. Pourquoi le culte de la Liberté, de la Raison ou de l’Être suprême, les trois formes qu’a pris le culte révolutionnaire, a eu besoin de Notre-Dame ? Parce qu’elle est devenue en 1790 la propriété de la nation comme tous les autres biens du clergé. Si la nation change de religion, c’est dans son temple qu’elle doit continuer à s’écrire. Les révolutionnaires, et notamment la Commune insurrectionnelle de Paris, cherchent d’ailleurs à récupérer Notre-Dame en tant que symbole de l’identité nationale. Le culte y est rétabli finalement en 1795 grâce à des pétitions de citoyens catholiques. 

Le Sacre de Napoléon et Joséphine à Notre-Dame de Paris par le peintre David.

Le Premier Empire est-il le prolongement de la Révolution de ce point de vue ?
L’Empire est la suite de cette logique révolutionnaire : Notre-Dame devient le principal temple de la nation.Napoléon souhaite se faire enterrer à Saint-Denis mais il ne veut pas de Reims qui fait partie de l’Ancien Régime et fait, surtout, partie d’une mystique (les rois thaumaturges, la sainte Ampoule) que Napoléon ne veut surtout pas prolonger. Il veut apparaître comme un souverain des Lumières, fondé sur la raison et le respect de la loi républicaine. Son couronnement est d’ailleurs un double sacre : après avoir couronné Joséphine et s’être couronné soi-même, il s’est rendu dans la nef sur une gigantesque tribune pour prêter le serment civique. Le Pape, entre temps, est parti car trop de choses dans le code civil sont contraires au catholicisme, comme le divorce. 

Depuis dix-sept siècles, à part trois années pendant la Révolution, l’édifice de Notre-Dame, même s’il a changé de forme, n’a pas changé de fonction et est toujours affecté au culte catholique.

Comment se réarticule, après la Révolution et l’Empire, le lien de Notre-Dame avec la nation ?Il se pérennise car Notre-Dame demeure une propriété nationale jusqu’à aujourd’hui, ce qui a été confirmé en 1905. Pour une autre raison également : il y a l’idée que pour habiter la légitimité nationale, il faut rencontrer l’histoire de France où l’héritage chrétien est très présent. Depuis dix-sept siècles, à part trois années pendant la Révolution, l’édifice de Notre-Dame, même s’il a changé de forme, n’a pas changé de fonction et est toujours affecté au culte catholique. Notre-Dame permet aux dirigeants de s’inscrire dans une civilisation et donne un sens à l’Histoire.

En quoi Notre-Dame a-t-elle aussi été, pendant tous ces siècles, le théâtre d’une certaine séparation du politique et du religieux ?
Elle est un lieu où le politique essaie d’utiliser le religieux. C’est vrai depuis Philippe le Bel qui organise les premiers états généraux à Notre-Dame en 1302. Elle est aussi un lieu de divorces, sous la Révolution mais aussi à partir du moment où la République est dominée par l’anticléricalisme (1881) jusqu’au rétablissement des relations diplomatiques avec le Saint-Siège en 1921. Pendant ces quarante années, les chefs d’État et de gouvernements ne se rendent pas aux grandes cérémonies à Notre-Dame, même après le ralliement des catholiques à la République. Clémenceau n’a, par exemple, jamais mis les pieds dans les cérémonies organisées à Notre-Dame pour la célébration de la victoire de 1918 ! L’apaisement des relations entre le Saint-Siège et la France et, surtout, la Première Guerre mondiale avec la mise en avant de figures nationales qui font consensus comme Jeanne d’Arc, ont permis d’entrer par la suite dans une période moins tendue entre catholicisme et politique. 

notre dame de paris
Les portails de Notre-Dame de Paris protégés pendant la Première Guerre mondiale.

Musée Carnavalet – Public Domain Dedication (CC0 1.0)

Pourquoi écrivez-vous que Notre-Dame est plus qu’un lieu de mémoire ? La mémoire est associée au passé. Or, le présent et le futur s’écrivent encore à Notre-Dame qui est aujourd’hui un lieu à la fois culturel et cultuel. Elle est en ce sens comme toutes les églises à leurs échelles, non pas un lieu fossile mais actif. 

Cela explique-t-il la portée symbolique de l’incendie de 2019 ?
Oui. Chacun a vu, alors, brûler ce qu’il a voulu voir : un monument, une cathédrale, la réminiscence d’un dessin animé, d’une lecture, de son enfance. Cet incendie renvoyait aussi à tous les drames nationaux. La reconstruction de Notre-Dame s’inscrit, d’autre part, dans un processus bien particulier : il s’agissait, au début, de reconstruire en plus moderne la cathédrale ; c’est devenu un chantier qui accompagne la sortie d’une pandémie avec une crise civique (privation de certaines libertés) et une crise économique. Reconstruire Notre-Dame à l’identique s’inscrit donc aujourd’hui dans un processus de résilience nationale.

NOTRE DAME DES SIECLES

Notre-Dame des siècles, une passion française, par Mathieu Lours, Cerf, novembre 2021.

https:// fr.aleteia.org/2021/11/13/reconstruire-notre-dame-a-lidentique-sinscrit-dans-un-processus-de-resilience-nationale/