Cérémonie du 23 janvier 2010


Le 23 Janvier 2010 Compte rendu de la visite de son Altesse Royale le Prince Remy de BOURBON PARME

Nous avons eu l’honneur de recevoir le Prince Rémy de Bourbon Parme, qui comme chaque année, avec beaucoup de constance et dévouement, représente son Altesse Royale le Prince Louis, Duc d’Anjou, Chef de la Maison de France et la Princesse Marie Marguerite, Duchesse d’Anjou lors des cérémonies de la messe anniversaire de la mort de Louis XVI.

Nous avions rendez vous à l’Eglise Saint Pothin place Edgar Quinet Lyon 6ème.

Nous avons eu une très belle messe célébrée en latin avec la participation en solo de la Cantatrice Madame Jacqueline Nicolas, ancien Professeur au Conservatoire National de Musique de Lyon qui nous a régalé avec sa voix somptueuse. Elle était accompagnée par l’Organiste Madame Claire Crepin-Chapuis. Plus de 300 personnes avaient fait le déplacement pour témoigner de leur fidélité au Roi martyr.

Nous nous sommes ensuite rendus à l’Hôtel Mercure ou nous étions plus de 50 personnes autour de SAR le Prince Rémy de Bourbon Parme. Le Président Monsieur Henri BURGAT nous a gratifiés d’un discours musclé pour revigorer les troupes, voir ci-dessous.

Nous remercions toutes les personnes qui ont contribué au succès de cette journée!

Homélie du Curé de Saint Pothin

En commémoration de la mort du Roi Louis XVI et pour la France


Il a perdu la tête ! Littéralement Il perd le sens !

Pour comprendre ce court passage de l’Evangile, il nous faut le restituer dans son contexte, tel que l’Evangéliste l’a rédigé :

Après le récit d’une série de miracles, le choix et l’institution des douze apôtres par Jésus, Saint Marc nous introduit dans la grande controverse avec les scribes de Jérusalem qui vont taxer Jésus, de possédé de Béelzéboul, le prince des démons. Cette controverse est encadrée par deux scènes sur les rapports de Jésus avec sa famille et sa parenté.

Dans les deux cas, Jésus est l’objet d’accusations malveillantes jusqu’à vouloir s’emparer de lui nous dit Saint Marc. Pour nous éclairer sur la portée de cette expression, il faut nous reporter au récit de la Passion du Seigneur, où elle revient jusqu’à 4 fois, pour désigner l’arrestation de Jésus1

.
Ainsi, Celui qui est la Sagesse éternelle du Père, celui qui vient d’accomplir une série de miracles et vers lequel les foules s’empressent pour l’écouter, provoque l’incompréhension des siens autant que des autorités religieuses de Jérusalem et de ceux qui ne croient pas en lui2.

Il a perdu la tête ! Il est possédé par Béelzéboul ! Jésus est taxé de folie, tant il est vrai, comme il le dira plus tard, qu’un prophète n’est méprisé que dans sa patrie, parmi ses parents et dans sa propre maison3. Oui, Le Verbe, qui est la vraie Lumière, est venu dans le monde et les siens ne l’ont pas accueilli 4- car la Sagesse de Dieu est folie aux yeux des hommes.

° ° °

Nous commémorons aujourd’hui dans cette eucharistie la mort du Roi Louis XVI et nous prions pour lui et pour la France.
Nous pouvons aisément faire le lien entre ce passage de l’Evangile qui nous est offert par la Liturgie du jour et ce qu’a éprouvé le monarque dans les derniers mois de sa vie. Son testament, écrit le jour de Noël 1792, se termine par ces mots : Je finis en déclarant devant Dieu, et prêt à paraitre devant lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi.


La vie terrestre de Louis XVI s’est achevée dans une identification de plus en plus forte au mystère du Christ des outrages et de la Passion. Jean Christian Petit-fils, l’un des meilleurs biographes du monarque note : Cette montée au calvaire, pleinement vécue, ce martyre accepté, donné en sainte oblation comme une imitation de Jésus Christ, sont profondément émouvants – et restent dans le secret et le mystère de cette conscience droite et honnête, son plus beau titre de gloire. Aux yeux de l’histoire, ici est sans doute sa vraie grandeur : l’homme, ô combien a racheté le roi.

La personnalité de Louis XVI, souvent présentée comme faible et changeante, apparaît dans sa vérité face au mystère de la mort : il ne tremble pas; il manifeste un courage puisé dans sa foi chrétienne, il s’enfonce dans la prière, se soucie de sa famille à qui il redit tout son amour, et de son pays, il prononce des paroles de pardon et de paix, ne voulant surtout pas que sa mort attise les divisions et la haine.
Louis XVI a cru jusqu’au bout en ce Dieu qui l’a créé, et les événements de ses dernières années ont été une occasion d’approfondir sa foi, ainsi qu’en témoigne son remarquable testament.


Sa mort, offerte, peut nous apparaître comme une puissante leçon. Il a voulu mourir en aimant, comme le Seigneur Jésus en qui il avait mis sa confiance. Et c’est peut être en cela qu’il n’a jamais été autant Roi – pas au sens où les hommes l’entendent – mais au sens où le Christ le dit et l’a vécu. En mourant, il pardonne, et c’est un cri qui rachète le sang versé, parce qu’il rejoint le cri divin:

Père pardonne-leur; ils ne savent pas ce qu’ils font !

° ° °

En faisant mémoire de la mort de ce roi – nous voulons devant Dieu l’honorer. Pour le faire dignement, il ne faut pas que cela se traduise seulement par des mots. Mais à son exemple, nous devons traduire dans toutes les circonstances de notre vie, les Conseils Evangéliques du Seigneur.

En priant pour lui et pour notre pays, demandons-lui la grace de son intercession, afin que nous soyons les vrais adorateurs du Père en esprit et en vérité, ceux que cherche le Père5.
Amen !


1) 14.46 2)Jn 7.5 3)Mc 6.4 4) Jn 1.9.11 5) Jn 4.23

Discours du Président Henri BURGAT
le 23 Janvier 2010

Monseigneur,
Chers amis,

 

Je vous remercie d’être venus ce jour témoigner une fois encore de votre fidélité et de votre attachement à la monarchie. Je vous souhaite en mon nom et au nom du Conseil d’Administration une excellente année 2010 malgré la conjoncture guère favorable.

Nous aurons une pensée amicale pour notre Président Fondateur Monsieur Yves BRUYAS empêché d’être parmi nous, à cause d’une mauvaise chute sur un trottoir enneigé. Nous lui souhaitons un bon rétablissement
Cette année est pour nous, une année d’espoir, puisque la Famille Royale attend des jumeaux pour le printemps, cela nous semble un encouragement du ciel, prions DIEU de nous accorder un Dauphin.

En ces temps, ou des princes cadets ont l’outrecuidance de prétendre descendre des 40 Rois qui ont fait la France. Nous devons nous dresser pour témoigner à la place qui est la notre, dans notre vie familiale et professionnelle.

Non ! Les Orléans ne sont pas la Famille de France !! Ils ne descendent que de l’usurpateur Louis Philippe qui n’a régné que 18 ans.

Il nous faut écrire pour protester auprès des journaux et revues qui désinforment le public, c’est notre combat, c’est notre devoir. Si nous baissons les bras, si nous ne faisons rien, nous perdons d’abord l’opportunité de défendre nos convictions mais nous perdons en plus la possibilité de nous faire reconnaître. Certes, c’est un petit combat peu valorisant pour l’instant mais si nous ne le menons pas, personne ne le fera à notre place ayons ce courage de nous démarquer , il faut un début à tout.

Nous rejetons l’héritage de la révolution française, nous n’avons pas inventé ces principes, ces pseudo droits de l’homme, cette pseudo démocratie, cette pseudo tolérance. On nous les a imposés à la naissance, à aucun moment nous n’avons eu le choix ! On nous a imposé ce que nous devions dire, ce que nous devions penser sur les bancs des écoles et nous devrions nous soumettre plus de deux siècles après à cette mascarade, cette pensée unique, ces principes utopiques et universels, devenus mondialistes et intolérants ?

Non ! Nous devons nous lever et nous rassembler, cherchons dans notre entourage, nos relations, nos amis, nos enfants, nos petits enfants, des personnes qui puissent nous rejoindre. Je lance un appel à la mobilisation, nous devons être plus nombreux, plus dynamiques, plus concernés. Nous devons prendre la parole, et nous devons transmettre ce que nous avons reçu, nous devons communiquer notre héritage aux nouvelles générations, nous qui connaissons l’antidote à la société actuelle. Soyons vigilants car il faudra certainement un jour combattre pour préserver nos idées, notre foi, notre nation, et nous devrons être plus nombreux, notre combat est vital pour la France qui doit rester chrétienne.

Bien sur notre trop longue mémoire dérange le politiquement correct, puisque la volonté actuelle est d’effacer l’histoire. Avant on cherchait plutôt à la déformer, maintenant on a franchit un nouveau cap, il s’agit de l’annihiler du cerveau de la jeunesse française. Nous sommes le dernier rempart contre l’oubli ! La révolution qui continue ses méfaits de nos jours doit toujours trouver devant elle un noyau dur de légitimistes fervents, réfractaires qui refusent de renier notre Histoire, Inexpugnables, cramponnés à la loi naturelle, voulue par DIEU pour le bien des hommes.

Nous avons de plus en plus de mal à faire célébrer la messe anniversaire du Roi Louis XVI, il ne faut pas en parler pour ne pas heurter quelques pseudo catholiques. C’est pourquoi nous remercions le Curé de Saint Pothin d’avoir bien voulu nous accueillir dans le contexte actuel.

Que de chemins parcourus depuis le Pape Pie VI qui n’avait pas peur d’affirmer :
« La religion devrait compter cet infortuné monarque au nombre de ses martyrs » Comme l’Abbé BEAUVAIS nous osons dire que « Louis XVI a été guillotiné parce qu’il était Roi et Roi très chrétien, les deux ne font qu’un, car la révolution est un mouvement de haine de DIEU et de haine de l’ordre naturel établi par DIEU. »

Nous sommes là justement pour perpétuer son souvenir et l’action bénéfique de la Monarchie durant 15 siècles. C’est cette monarchie qui a permis à la France d’occuper la place incomparable qui fut la sienne, de construire Versailles, vitrine inégalée de la grandeur de la France et du savoir faire de ses artisans.

Aujourd’hui, on nous oblige à vivre dans le mensonge, le faux semblant, le virtuel.

Nous, nous voulons retrouver le concret, le beau, le vrai, le sens de la vie, le bien, le mal, et non plus cette bouillie infâme servie par notre société ou rien n’est blanc, rien n’est noir tout est gris, terne, sans couleur, sans panache, sans vie, ou les mots même sont tronqués, altérés perdent leur sens.

Notre avenir, et celui des générations futures, sera le résultat de notre engagement, si nous laissons faire, si nous ne faisons rien, nous continuerons à descendre la pente de la décadence, ce sera l’enfer !

C’est pourquoi je dis :

« Vive le Roi ! Le Vrai ! Le Bon ! Le BOURBON ! VIVE LOUIS XX !! »

Programme-Messe-23-janvier-2010

« PEINE DE MORT »
selon l’enseignement
de Saint Thomas d’Aquin

Notes prises à l’occasion de la Conférence du 23 octobre 2003.

Bibliographie

  • Catéchisme de l’Eglise Catholique ;
  • Saint Thomas d’Aquin in Somme Théologique (Edition de la Revue des Jeunes avec ses commentaires) et Somme contre les Gentils ;
  • Rémi Fontaine in Action Familiale & Scolaire (Tiré à part) : La peine de mort ;
  • Dossier de La Nef, n°81, Mars 1998, p.21-30.

Il ne s’agit pas ici de traiter de l’opportunité de l’application effective ou non de la peine capitale. Ceci est une question de prudence politique distincte de la doctrine chrétienne des principes.

La doctrine sur cette question – nous allons le voir – demeure inchangée, même si la politique peut changer.

L’application dépend en effet de l’époque, de la culture, des conditions psychologiques, sociales ou politiques et enfin de la religion intégrant la vie éternelle comme fin et sans laquelle il n’y a que la vie naturelle qui compte : l’expiation possible par l’application de cette peine est alors exclue.
Comme le sujet est vaste, il faut en rester aux principes.

Introduction

Saint Thomas défend le “jus gladii” de l’autorité afin de préserver le bien commun auquel la vie est ordonnée, sacrifiant l’imparfait pour le parfait. (Cf. Ro.XIII,4 : « car elle est un instrument de Dieu pour te conduire au bien. Mais crains, si tu fais le mal; car ce n’est pas pour rien qu’elle porte le glaive: elle est un instrument de Dieu pour faire justice et châtier qui fait le mal. »). Pie XII déclarait au juristes catholiques le 13 février 1955 : « Ce verset a une valeur durable et générale. Il se réfère au fondement essentiel du pouvoir pénal et de sa finalité immanente ».
La vie est en effet ordonnée au bien commun.
Un principe : la vie n’est pas le bien suprême de l’homme, mais c’est la perfection morale, qui en constitue la finalité. Ce principe est remis en cause par nos sociétés “athées”.

Au-delà de ce principe, on comprendra que les questions annexes demeurent circonstancielles :

  • La peine de mort est-elle une protection efficace, une légitime défense ?
  • La peine de mort n’implique-t-elle pas une vengeance plus qu’une justice, une loi du talion plus qu’une loi de civilisation ?
  • La peine de mort n’est-elle pas une atteinte à la dignité de l’homme, une cruauté barbare ?
  • La peine de mort n’est-elle pas contraire à l’esprit évangélique et au caractère sacré de la vie reconnue par l’Eglise : “Tu ne tueras pas” ?
  • La peine de mort peut-elle s’appliquer au risque d’une erreur judiciaire ?
  • La vie n’est-elle pas sacrée ?
  • La vie n’est-elle pas un droit ?

D’une façon générale, retenir que la peine de mort a pour rôle de protéger la société du criminel, dissuader les criminels éventuels, corriger, racheter et amender le criminel et enfin expier.

La présentation actuelle de la doctrine

Cf. CEC § 2266-2266.

Version initiale :1992

2266 Préserver le bien commun de la société peut exiger la mise hors d’état de nuire de l’agresseur. A ce titre on a reconnu aux détenteurs de l’autorité publique le droit et l’obligation de sévir par des peines proportionnées, y compris la peine de mort. Pour des raisons analogues, le droit de repousser par des armes les agresseurs de la cité a été confié aux autorités légitimes.

2267 L’enseignement traditionnel de l’Eglise s’est exprimé et s’exprime toujours en tenant compte des conditions réelles du bien commun et des moyens effectifs de préserver l’ordre public et la sécurité des personnes. Dans la mesure où d’autres moyens que la peine de mort et les opérations militaires suffisent à défendre les vies humaines contre l’agresseur et à protéger la paix publique, ces procédés non sanglants sont à préférer, parce que mieux proportionnés et plus conformes à la fin voulue et à la dignité humaine.

Version définitive : 1998

2266 L’effort fait par l’Etat pour empêcher la diffusion de comportements qui violent les droits de l’homme et les règles fondamentales du vivre ensemble civil correspond à une exigence de la protection du bien commun. L’autorité publique légitime a le droit et le devoir d’infliger des peines proportionnelles à la gravité du délit. La peine a pour premier but de réparer le désordre introduit par la faute. Quand cette peine est volontairement acceptée par le coupable, elle a valeur d’expiation. La peine, en plus de protéger l’ordre public et la sécurité des personnes, a un but médicinal : elle doit, dans la mesure du possible, contribuer à l’amendement du coupable.

2267 L’enseignement traditionnel de l’Eglise n’exclut pas, quand l’identité et la responsabilité du coupable sont pleinement vérifiées, le recours à la peine de mort, si celle-ci est l’unique moyen praticable pour protéger efficacement de l’injuste agresseur la vie d’êtres humains.
Mais si des moyens non sanglants suffisent à défendre et à protéger la sécurité des personnes contre l’agresseur, l’autorité s’en tiendra à ces moyens, parce que ceux-ci correspodent mieux aux conditions concrêtes du bien commun et sont plus conformes à la dignité de la personne humaine.
Aujourd’hui, en effet, étant donné les possibilités dont l’Etat dispose pour réprimer efficacement le crime en rendant incapable de nuire celui qui l’a commis, sans lui enlever définitivement la possibilité de se repentir, les cas d’absolue nécessité de supprimer le coupable sont désormais assez rares, sinon même pratiquement inexistants.

Remarques :

Il y a une différence de nuance et non de nature entre les deux versions du CEC (1992-1998). L’Eglise n’a pas varié mais affirme qu’il n’y a pas d’opportunité actuelle même si elle ne condamne pas la peine de mort (Les Jésuites ont cherché cette condamnation dans la dernière version du Catéchisme). On peut regretter cependant le sentiment subjectif du Catéchisme (“Aujourd’hui” : qu’est-ce que cela veut dire ?) ainsi que le motif invoqué : non pas la justice (que l’autorité a le devoir de préserver) mais l’utilité (de la peine pour récupérer le coupable).

La doctrine de saint Thomas d’Aquin

Dans la Somme contre les Gentils : III CG qu.146.

Ce texte comporte : un principe – une doctrine – une objection – une réponse.
Saint Thomas légitime la peine de mort au regard du droit positif divin.

Extraits :
(…) La divine Providence a-t-elle disposé que sur terre des hommes imposeraient aux autres le respect de la justice par des peines sensibles et présentes (…).

PRINCIPE : Le bien commun l’emporte sur le bien particulier, aussi convient-il de sacrifier celui-ci à celui-là. Puisque la paix entre les hommes est compromise par quelques hommes dangereux, il faut les retirer de la société des hommes.

DOCTRINE : (…) le médecin ampute sagement et utilement un membre gangrené si, à cause de ce membre, tout le corps court le risque de la gangrène. Le chef de la cité met donc à mort justement et sans péché les hommes dangereux afin que la paix de la cité ne soit pas troublée (…).

OBJECTION : Ainsi, on écarte de ceux qui prétendent de ceux qui prétendent que les punitions temporelles sont illicites. Ils trouvent un fondement à leur erreur dans ce mot : “Tu ne tueras pas” (…). “Laissez-les croître l’un (l’ivraie) et l’autre (le bon grain) jusqu’à la moisson” (…). Les méchants ne doivent donc pas être arrachés par la mort du milieu des bons. Ils disent encore que tant qu’il est en ce monde, l’homme est susceptible d’amendement.

REPONSE : Ces raisons sont sans consistance. La loi qui dit “Tu ne tueras pas” ajoute un peu plus bas “Ne souffre pas que le malfaiteur vive”, ce qui laisse comprendre que l’on défend la mort injuste des hommes. (…) cette mort est injuste dont la cause serait la colère et non le zèle de la justice. La mort des méchants serait alors interdite, si les bons étaient de ce fait en péril : ce qui arrive souvent si des péchés manifestes ne distinguent les méchants d’avec les bons, ou s’il est à craindre que les mauvais n’entraînent après eux beaucoup de bons.
Le fait enfin que tant qu’ils vivent, les méchants peuvent s’amender, n’empêche pas qu’ils puissent être mis justement à mort, car le risque que fait courir leur vie est plus grand et plus certain que le bien attendu de cet amendement.

Dans la Somme Théologique : surtout : IIaIIae, qu.64, a.2.

Résumé : Est-il permis de tuer les pécheurs ?

Objections :

  1. Notre-Seigneur interdit d’arracher l’ivraie (Mtt.XIII,29-30) ;
  2. Dieu ménage les pécheurs pour leur pénitence ;
  3. Tuer est mauvais en soi.

Or : le moins parfait est ordonné au plus parfait. Cette subordination existe entre la partie et le tout. Toute partie – de par sa nature – est subordonnée au bien du tout : sacrifier l’imparfait pour le parfait. Ainsi, si l’individu constitue un péril, il faut le mettre à mort au nom du bien commun.

Réponses aux objections :

  1. Ceci est vrai si on ne peut discerner les bons des méchants (Abraham demandant à Dieu d’épargner Sodome : Gen.XVIII,23-32).
  2. Ceci est vrai s’il n’y a aucun danger pour autrui ; or les grands malfaiteurs ont toujours menacé l’ordre public.
  3. Si tuer un homme fidèle est mauvais, ne pas oublier qu’un homme pécheur perd sa dignité humaine [en ce sens, il y renonce].

Remarque : la peine de mort n’est pas l’application de la loi du talion (où la peine est calquée sur la faute : œil pour œil, dent pour dent) mais demeure une question de bien public qui va au-delà de la légitime défense ; c’est une question de justice sociale : l’Etat a pour devoir de guérir le mal et protéger la société (caractère médicinal, exemplaire et réparateur).

Il est vrai que l’homme ne doit point détruire ce que Dieu a fait à son image et a racheté par son sang, ne devant point abréger le temps imparti à chaque créature pour faire son salut. Mais il est également vrai que la question de la peine de mort demeure un problème complexe où sont engagées des appréciations sur la liberté humaine, la responsabilité morale et la vie en société.

Saint Thomas admet par ailleurs que :

  • Par charité un juge peut condamner à mort un ami (cf. IIaIIae, qu.25,art.6, ad.2).
  • Le Chef de la Cité peut infliger la mort par pouvoir coercitif (IIaIIae,qu.65,a.2,ad.2).
  • La peine de mort est légitime quand il y a des dommages irréparables ou une perversité infamante (IIaIIae,qu.66,a.6,ad.2).
  • Il n’est pas injuste de tuer le malfaiteur ou l’ennemi de l’Etat (IIaIIae,qu100,a.8,ad.3); tuer peut donc constituer une “dispense” au Décalogue, tout comme on peut dépouiller quelqu’un de ses biens à bon droit.
  • Si la mise a mort des malfaiteurs et des ennemis de l’Etat n’est pas une injustice, l’autorité publique demeure libre de l’appliquer et de changer cette législation positive (IaIIae,qu.100, a.8,ad3).
  • La peine doit être proportionnée au dommage social et à la nature du délit (IaIIae,qu.87,a.3,ad1).
  • Le but de la peine est l’expiation et la conservation de l’ordre social (Ia,qu.48,a.6; IaIIae,qu.102,a.3,ad5; IIaIIae,qu.108,a.4).
  • La prison perpétuelle ou l’exil sont envisageable comme châtiment de l’homicide (IaIIae,qu.87,a.3,ad1).

Cf. Ancien Testament :
Gen.XX,13 : « Tu ne tueras pas »; Gen.XXI,12-15 : « Quiconque frappe quelqu’un et cause sa mort sera mis à mort. S’il ne l’a pas traqué mais que Dieu l’a mis à portée de sa main, je te fixerai un lieu où il pourra se réfugier. Mais si un homme va jusqu’à en tuer un autre par ruse, tu l’arracheras même de mon autel pour qu’il soit mis à mort. Qui frappe son père ou sa mère sera mis à mort. Qui enlève un homme _ qu’il l’ait vendu ou qu’on le trouve en sa possession _ sera mis à mort. Qui maudit son père ou sa mère sera mis à mort ».

Cf. Nouveau Testament :
Plutôt la noyade que le scandale : Mtt.XVIII,6 : «6 Mais si quelqu’un doit scandaliser l’un de ces petits qui croient en moi, il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d’être englouti en pleine mer. »
Plutôt la mort que la fraude et le mensonge : Act.V,1-11 : «1 Un certain Ananie, d’accord avec Saphire sa femme, vendit une propriété; 2 il détourna une partie du prix, de connivence avec sa femme, et apportant le reste, il le déposa aux pieds des apôtres. 3 «Ananie, lui dit alors Pierre, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, que tu mentes à l’Esprit Saint et détournes une partie du prix du champ? 4 Quand tu avais ton bien, n’étais-tu pas libre de le garder, et quand tu l’as vendu, ne pouvais-tu disposer du prix à ton gré? Comment donc cette décision a-t-elle pu naître dans ton cœur? Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu». 5 En entendant ces paroles, Ananie tomba et expira. Une grande crainte s’empara alors de tous ceux qui l’apprirent. 6 Les jeunes gens vinrent envelopper le corps et l’emportèrent pour l’enterrer. 7 Au bout d’un intervalle d’environ 3 heures, sa femme, qui ne savait pas ce qui était arrivé, entra. 8 Pierre l’interpella: «Dis-moi, le champ que vous avez vendu, c’était tant»? Elle dit: «Oui, tant». 9 Alors Pierre: «Comment donc avez-vous pu vous concerter pour mettre l’Esprit du Seigneur à l’épreuve? Eh bien! voici à la porte les pas de ceux qui ont enterré ton mari: ils vont aussi t’emporter». 10 A l’instant même elle tomba à ses pieds et expira. Les jeunes gens qui entraient la trouvèrent morte; ils l’emportèrent et l’enterrèrent auprès de son mari. 11 Une grande crainte s’empara alors de l’Église entière et de tous ceux qui apprirent ces choses. »

Remarque : à la question de savoir quelle est la position de Jean-Paul II sur son application, il faut répondre deux choses : si le pape a promulgué le Catéchisme, il a plusieurs fois demandé à des chefs d’Etats leur grâce pour des condamnés à mort (on se souviendra d’Ali Agça). En outre, dans son enseignement qui s’oppose à la culture de mort de nos sociétés, il ne peut que dénoncer ce qui va contre la dignité humaine (la peine de mort constitue une abomination pour une société qui ne reconnaît pas à la mort de valeur expiatoire et pour laquelle la vie éternelle n’existe pas).

Conférence du 23 octobre 2003.

2001-2004 © Cadets du Lyonnais
Association régie par la loi du 1er juillet 1901