La défense nationale

La Défense Nationale

L’ARMÉE, VASTE SUJET !

« L’Armée est une composante de plus en plus réduite au sein d’un système de défense de plus en plus complexe. »

  • Que fait l’Armée, que devient-elle ?
  • Sa place dans l’Histoire de notre pays – la France – et dans son économie
  • Son Histoire à elle, ses mythes, ses légendes, ses ombres, son quotidien ?
  • Ses exigences, son caractère propre ;
  • Ses constantes à travers les générations, les autres pays.


J’ai 40 minutes pour vous en parler… et autant que vous voudrez pour répondre, ensuite, à vos questions. Mon souci : Faute de pouvoir tout aborder,
ne » retenir que ce qui vous permettra d’y voir clair pour votre avenir et de savoir comment vous positionner vis-à-vis de « l’ARMÉE ».

  • Que vous ayez vocation à vous dépenser sans compter dans une vie généreuse, désintéressée, risquée, faite d’aventures et d’imprévus, par idéal pur et pour votre Patrie (comme Bournazel), ou par tempérament (comme le Lieutenant de Vaisseau Guillaume).
  • Que vous vouliez mener une vie militaire telle que celle de vos contemporains, faite de disponibilité, d’entraînements physiques, d’ « opex », d’esprit d’équipe, tout ceci faisant de cette vie un métier…
  • Que vous vouliez pour un certain temps seulement prendre part à la Défense Nationale, toute ordonnée à la protection de nos valeurs, de nos avoirs, de la Patrie charnelle…
  • Ou que vous vouliez tout simplement connaître notre outil de défense…

… Puissent les quelques minutes de notre entretien vous faire avancer chacun sur son chemin et dans ses réflexions.

Rentrons maintenant dans le sujet en commençant par redonner brièvement le sens de chacun de ces cinq mots : Patrie, Nation, État ( ces trois mots constituant le titre d’un ouvrage bien connu de Jean Ousset), puis de menaces et guerre, chacun ayant, on le pressent, une relation avec « Armée ».

1 – LA PATRIE

Par votre présence ici ce soir, je vois qu’il y a chez vous de l’amour pour la Patrie. C’est en effet par amour pour elle et pour ce qu’elle représente à vos yeux que vous vous rassemblez régulièrement pour étudier et reconnaître tout ce que vous lui devez ; tout ce qu’elle représente aux yeux du monde ; tout ce que vous devez faire pour mériter votre héritage. Car, par elle, vous êtes faits héritiers de trésors incomparables : depuis la beauté incroyablement diversifiée de ses paysages, à tout ce que des générations de Français ont édifié. De la clarté de sa pensée et de sa langue, à l’abondance de ses écrivains de génie. De ses héros, à ses plus humbles « preux ». De ses grands saints à ses innombrables pèlerins de la vie en France. Mon Dieu, que d’exemples n’avons-nous pas devant nous , cadeaux du ciel aux fils de France, tous fils de la Fille aînée de l’Église. Cet héritage est si fabuleux et ces trésors si nombreux qu’on aimerait ne pas en parler à la sauvette, mais en abondance, avec fierté, science et compétence. Ce soir, nous devons nous retenir.. Je veux et je vais vous lire un texte qui ne résume que trop bellement ce qui peut se dire de mieux sur la France, notre Patrie.

Ici le texte de l’Alliance Française.
Gardons-nous de tous commentaires : nous ne pourrions qu’altérer la beauté de ce texte!…

2 – LA NATION

Quelle différence y a-t-il entre PATRIE et NATION ? Cette Patrie aimée pour ce qu’elle est, qu’est-elle à la Nation ? Qu’est-ce qu’une Nation ? Posons­nous tout d’abord quelques questions toutes simples.

Première série, sur le sens des mots :
– Pourquoi dit-on : armée française d’une part, et défense nationale ou marine nationale, de l’autre ?
– Que signifie « national », dans : éducation nationale, orgueil national,
– Que signifie de même « français » dans : école française d’équitation, de voile, de ski…
– Action Française, Ordre Français…
– et encore ceci : Histoire de France, Église de France, Terre de France, Stade de France ?


Deuxième série, sur le choix des mots fondateurs :
– Qui a dit « Allez enseigner toutes les Nations. Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ?
– A qui ces paroles ont-elles été dites ?
– S’agissait-il d’une simple parole ou d’une mission (mission permanente). – Qu’étaient alors ces Nations (connues) ?
( Là, je me dois quand même d’apporter des réponses : ces Nations étaient les Parthes, les Mèdes, les habitants de Cappadoce, de Judée, du Pont, d’Asie », de Phrygie, de Pamphylie, d’Égypte, de Lybie, des Romains, des Crétois, des Arabes.) c’est-à-dire des habitants de …
– Que sont maintenant les Nations ? Il y en a 182 ! … Et chacune d’entre elles ne représente-t-elle actuellement que des « habitants » ? – Pourquoi parle- t-on plutôt de « populations » ?

Vos réponses nous permettraient sans doute de donner une bonne définition du mot NATION… Appliquons cela à la description de la NATION Française par exemple. Pour cela, commençons par son Histoire…

Au moment où Saint Rémi choisit et baptise Clovis, il n’y a pas de France, ni de Nation française. Il y a la Gaule, la Neustrie et la Germanie. C’est avec le baptême de Clovis que commence à émerger une Nation formée par son histoire, laquelle est sans conteste bien particulière.

Les conséquences politiques et religieuses de cet acte (le baptême du chef et de ses gens d’armes) sont considérables. Notre Nation en est marquée pour toujours, marquée du sceau de l’alliance équilibrée du temporel et du spirituel. De l’ordre romain et de la spiritualité chrétienne.

Les succès politiques et militaires de Clovis, liés au rayonnement de Saint Rémi (et d’autres) uniront d’entrée de jeu et d’une manière privilégiée la Nation Française au Saint Siège : la Nation Française a été constituée en parfaite symbiose avec l’Eglise (témoins la construction d’églises, de monastères, de cathédrales, d’écoles, d’hôpitaux…) et dans un esprit de défense et protection des petits et des humbles. Avec l’accession de Clovis au pouvoir – par son baptême s’opère une révolution dans l’ordre de la pensée politique. Parce que « le pouvoir vient d’en-haut », alors qu’avant et partout ailleurs, personne n’imaginait (et n’imagine encore ! …) que le Pouvoir pouvait être mis au service des plus faibles.

Notre Nation est une pionnière d’un nouvel art de la politique. Et ne croyons surtout pas qu’il s’agisse là d’anecdotes du passé sans rapport ou incidence sur notre condition actuelle ; ce serait perdre entièrement conscience de notre identité nationale dans ce qu’elle a d’essentiel et de caractéristique.
Depuis Clovis d’ailleurs, d’autres « anecdotes » ont fait la trame de notre histoire nationale. La tradition s’est faite dans le temps et nous impose à nous maintenant de reconnaître à la France le rôle et la responsabilité de fille affine de l’Église (Lacordaire en 1841, Léon XIII en 1879, Saint Pie X, Pie XII, Jean-Paul II). La Nation française existe et elle a un rôle particulier. Entre la Nation et la Patrie, le rapport est celui qu’il y a entre l’éducation et la conception d’un enfant.

Pour résumer, avançons cette comparaison : ma Patrie, la France m’a fait français de sang, celui de mes pères. La Nation, elle, m’a vu naître et grandir, jouant même pour mon éducation et ma formation personnelle tout à la fois le rôle de la maison familiale et celui d’un précepteur, tous les deux aimés et respectés.

3 – L’ETAT

De mon identité, c’est l’ETAT qui m’établit la carte : que fait-il d’autre ? Parlons-en…

L’Etat est bien une entité administrative, mais il est bien plus. L’État est une unité politique et juridique. Cette unité peut revêtir plusieurs formes : monarchie, oligarchie, aristocratie, république…, tous ces systèmes étant ordonnés à la régie des affaires de la Nation. L’État est gérant des richesses nationales, héritées ou en développement.

Si la Patrie est une réalité familière depuis Homère, l’État est une institution incontestable depuis l’empire romain. Cet empire, constitué à son apogée d’une multitude de Nations, a permis à la plupart d’entre elles, par un gouvernement avisé, de se développer considérablement ; il est par ailleurs devenu un trait d’union, puissant entre elles. Enfin, pour toutes les populations concernées, il a réussi à devenir de plus un objet de fierté et à donner un sens et une importance rarement égalé au concept de citoyenneté, au titre de citoyen ; être citoyen romain, ce n’était pas rien!…

La caractère spécifique de l’État est la souveraineté ; c’est-à-dire qu’il n’y a pas, dans son ordre, d’autorité qui lui soit supérieure. Cette autorité est toutefois limitée par la nécessaire recherche du bien commun national dans l’ordre interne ; et du bien commun international, dans l’ordre externe.

L’État est une institution. Cette institution est légitime dans la mesure où elle répond à sa finalité et correspond aux besoins de la communauté humaine. A commencer par le besoin d’une autorité qui la régisse.

Parmi les missions de l’État, la défense et la protection a toujours occupé la première place : si la Nation est menacée, corps et âmes, hommes et biens, c’est à l’État qu’il revient d’organiser la défense. L’État est une place forte, un château­fort avec son donjon et ses murailles pour protéger. Mais à quoi pourraient servir de tels dispositifs s’il n’y a pas d’hommes pour les mettre en oeuvre ?

Et cet État, peut-on l’aimer lui aussi comme la Patrie ? ou comme la Nation ? A vrai dire, la question surprend. La poser nous amène à réfléchir sur la nature des relations que nous devons avoir avec lui. Car si j’arme n’avoir pas pour l’État des sentiments particuliers d’affection et de reconnaissance, je dois reconnaître que j’ai des devoirs : devoir de participation, devoir de soumission
« Rendez à César ce qui est à César, donc devoir de servir. Comment en effet dire à ma Patrie ou à ma Nation (cela sonne bizarre de dire « ma Nation » ! ), mon amour respectueux et reconnaissant si j’abandonne l’un et l’autre à ceux qui les menacent tous deux au motif que je n’aurais pas goût à monter au créneau ?

4 – MENACES

Vous avez dit : « menaces » ? Oui, il y en a, elles sont même nombreuses, diverses et inquiétantes menaces sur notre économie, sur notre culture, sur notre identité, sur notre vie même. L’immigration invasion est, avec l’Islam, actuellement la plus visible. A tel point d’ailleurs que nous ne la décrirons même pas ici. La Révolution et le terrorisme en sont deux autres sur lesquelles , par contre , et je voudrais en dire un mot.

La Révolution n’est pas toujours la violence physique, l’émeute, la guerre civile, les jacqueries ; elle n’est pas forcément un événement politique précis, ou un crack économique ou financier ponctuel ; elle ne se réduit pas seulement au marxisme et à ses conséquences. Si nous l’observons à travers l’histoire des révolutions, elle apparaît toujours comme une tentative de subversion totale de la civilisation chrétienne, une négation pratique du décalogue appliquée à l’organisation de la Cité jusque dans ses moindres détails. C’est contre tous les fondements naturels de la civilisation chrétienne que vont s’insurger au cours des siècles les intellectuels « écoutés », révolutionnaires engagés et autres. Alors que jusqu’à une époque encore récente, « la majorité des Français pensaient comme Bossuet, tout d’un coup les Français se sont mis à penser comme Voltaire ».

La Révolution s’acharne à changer le sens des mots : la nature créée par Dieu devient naturalisme, la foi chrétienne la foi laïque, la Bible la raison, l’Église l’État… La Révolution est anti-chrétienne : son Dieu, c `est l’homme libéré, ; et athée : l’Éternité est remplacée par le sens de l’Histoire.. Négative, elle rejette systématiquement tout système de valeurs traditionnel, opposant système à système, culture de mort à culture de vie.. Il lui faut, pour vivre, supprimer tout critère, abolir tout jugement objectif, toute valeur stable et constante. Culte du changement contre enracinement par la culture ; culte du subjectif contre culte de l’Absolu ; culte du nouveau ou du paraître contre culte de l’être et du vrai. Proud’hon a eu cet aveu « lumineux » : « Notre principe à nous, c’est la négation de tout dogme ; notre donnée, le néant. Nier, toujours nier, c’est là notre méthode ; elle nous conduit à poser comme principe : en religion, l’athéisme ; en politique, l’anarchie ; en économie, la non-propriété ». Et il aurait pu ajouter « En culture, le faux et le laid ». Aveu, depuis, répété à sa façon par Garaudy « La culture est ce qu’il y a en nous de spécifiquement humain… Nous ne connaissons pas d’autre culte que la culture, pas d’autre sacrement que cette création continue de l’homme par l’homme, par le combat militant, par la création artistique. Pour un révolutionnaire, la culture symbolise l’homme-créateur, l’homme-Dieu. C’est une religion dont les maisons de la culture seraient les cathédrales ».

Cette religion de la culture ne conduit qu’au désespoir et au chaos. Voir Voltaire, Rimbaud, Camus, Sartre…

Dans sa négation de l’ordre, la Révolution entraîne le monde à tomber tôt ou tard sous la domination d’un autre « ordre », l’ordre totalitaire. Les années « goulag » en sont l’impressionnante illustration.

Voilà cette menace que fait peser sur nous, sur l’ordre naturel, sur notre Patrie corps et âme, la Révolution… Et encore n’avons-nous encore rien dit des moyens de cette menace : nous devons en dire davantage de la menace nucléaire, longtemps le fait des seules puissances militaires.

Le caractère propre de la menace nucléaire est sa puissance de destruction à la fois instantanée et durable. Hiroshima et Nagasaki ne sont plus rien par rapport aux « progrès » réalisés depuis. Cette menace si sensible du temps de la guerre froide est-elle maintenant révolue, dépassée ? Que non ; les stocks d’armes sont toujours là. Et quid de :
– la gestion de l’héritage soviétique qui sera très lourde et pendant longtemps que faire des 40 000 têtes nucléaires ? Toutes les détruire ? Comment ? En garder ? Combien ? Pourquoi ?
– la prolifération des « puissances nucléaires » et de leur stock : y a-t-il un inventaire ? Des contrôles ? Qui maîtrise ?
– la proliférations d’armes chimiques et biologiques ?
– des progrès des vecteurs et de toutes les technologies concourant à la destruction des systèmes d’armes de plus en plus difficiles à parer … par d’autres armes. ?

Quant à l’autre, la menace terroriste, plus insaisissable, elle est tout-à-fait d’actualité. Planétaire, elle est devenue l’objet des préoccupations actuelles de tous les pays du monde. L’action terroriste est la digne fille des principes de la RÉVOLUTION. Elle n’est d’ailleurs pas née d’hier, et Napoléon en avait déjà fait les frais en Espagne il y a 200 ans. Depuis, nous n’avons cessé de la voir pratiquée, nous Français, en particulier en 40 chez nous, puis en Indochine, puis en Algérie. Elle s’étale aujourd’hui quotidiennement sous nos yeux, au Moyen Orient surtout ; ou, partant de là, vers le reste du inonde. Le propre de ces actions terroristes est de s’attaquer aux désarmés, pour désarmer les surarmés… au moindre coût :
– leurs victimes sont des civils innocents pris en otage ;
– leurs méthodes consistent à faire chanter les « nantis » : devenus mous et gras, ceux-ci se sont, en outre, laissés affaiblir par leurs « bons
sentiments »justement subvertis et pervertis par … la Révolution ! Il s’agit bien d’une méthode révolutionnaire.
– leurs objectifs (politiques) : déstabiliser l’État agressé en mettant en difficulté son système de sécurité et de défense, en utilisant la force de leurs médias si prompts à vibrer, tout en se nourrissant de ces attentats.
– les enjeux : toujours les mêmes : s’approprier des avoirs, s’affirmer et détruire l’ordre vrai au mépris de toute vie, et souvent au nom de Dieu.
– les développements industriels et technologiques offrent des champs et des moyens d’action nouveaux toujours plus nombreux et d’autant plus préoccupants…

Sont plus visiblement menacés nos systèmes de communication, de production et de traitement de l’énergie. Et, n’oublions pas au passage que le terrorisme n’est pas une menace réduite à l’effet de la bombe dans le métro. La menace terroriste tend à se conjuguer avec la menace nucléaire, biologique et chimique du fait et de la prolifération -répétons-le- et de l’apparition de nouvelles autorités « super­étatiques » fanatiques et non déclarées, voire mafieuses.

La simple évocation de toutes ces menaces, leur nature, leur nombre, leur puissance, leur diversité… il n’en faudrait pas tant pour donner le vertige, décourager de faire face, créer la panique, que sais-je ? Alors que notre conscience nous ordonne malgré tout de faire face, et que notre intelligence pose la question : comment ?

Comment en effet notre défense doit-elle s’organiser ? C’est à l’État ( dont nous avons rappelé plus haut le rôle ) qu’il appartient d’organiser la défense. En fait, cette défense est devenue, tant elle se complique au fil des siècles, et maintenant même des décennies, un « système de défense » . Ce concept inclut :
– la définition de la menace, des objectifs, des doctrines, de la stratégie
– la communication avec les diverses composantes nationales (opinion, orgueil, banques, éducation… l’ensemble en un mot de tout ce que la Nation compte de matériels, techniques et humains)
– l’organisation de ces moyens, au nombre desquels, entre autres, l’Armée enfin l’Armée !) , pour répondre par les armes à ce qui ne peut être traité que par les armes, la contrainte et le courage physique ;
– la coordination internationale de toutes les opérations de défense économiques, idéologiques, culturelles, diplomatiques et militaires.

Le tout organisé maintenant en un système de défense de plus en plus compliqué, sur la composition et le fonctionnement duquel nous n’allons pas donner ce soir plus de détails. Après la menace, après la défense, venons-en à la guerre.

5 – GUERRE

La guerre est la menace qui a éclaté, et c’est la défense qui s’active, spécialement sa composante militaire, l’Armée.
Avant de voir comment l’Armée fait la guerre, arrêtons-nous davantage sur ce mot. Qu’est-ce que la guerre ?. L’histoire des guerres est à l’image fidèle de l’histoire des hommes, des populations, des Nations, et pour finir des groupes de Nations.
– deux hommes isolés se disputant pour un cuisseau de mammouth, dès lors qu’ils mettaient au bout de leur poing, c’était déjà la guerre ;
– deux villages gaulois qui se battaient en clans constitués ou en hordes pour la maîtrise ou l’acquisition d’un troupeau, d’une zone forestière (chasse gardée), c’était aussi une guerre ;
– Jules César s’avançant en Gaule pour mettre de l’ordre (l’ordre romain) et les mettre au travail ; encore la guerre … Guerre de conquête ou guerre préventive ? Guerre de pacification et de construction ? Mais guerre, avec toute une organisation. Un modèle d’organisation même, et d’efficacité.
– Louis XIV à la poursuite de l’oeuvre d’édification de la France, de l’établissement de nos frontières… ne partait pas en guerre tout seul : diplomatie, économie, culture… participaient déjà au jeu des alliances. Alliances entre État, entre Nations.. La quantité et la puissance des armes en service n’avaient pas d’effets comparables à ceux des seuls javelots et épées romains : plus de morts, plus de blessés, plus de conséquences… et ainsi de suite.
– Passons sur les guerres napoléoniennes ; à cette époque on a su mettre en oeuvre, avec l’arme blanche, l’arme à) feu et la guerre sur mer, la méthode révolutionnaire.
– Vinrent ensuite les guerres dites « classiques » livrées sur notre territoire et en Europe en 70, 14, 40, avec de nouvelles composantes, les sous-marins, l’armée de l’air, l’aune nucléaire (et potentiellement maintenant la guerre des étoiles).
– On ne sait pas comment appeler les conflits en cours aujourd’hui tant elles combinent les facteurs de tous ordres : matériels, idéologiques, religieux…. Il est loin le temps où l’on se battait pour une frontière. Il n’y a même plus de

frontières ! … Il ne reste que des intérêts et des besoins. La notion de guerre juste a disparu et il ne reste plus que la loi du plus fort.

Alors, que penser de la guerre, de la légitimité du recours à la guerre ? A cette question, capitale, l’Église nous répond : La guerre ne peut être menée n’importe comment ; certaines guerres sont justes, légitimes, d’autres injustes.. Il ne s’agit pas de condamner la violence pour elle-même ; supposons admise la guerre comme dernier recours, au nom de la légitime défense et pour l’amour de la patrie ; les moyens à mettre en oeuvre n’en doivent pas moins être choisis selon les critères d’une juste conduite de la guerre. Ce qui veut dire que ces moyens doivent être
-Proportionnés avec les enjeux, les risques d’escalade, les moyens adverses…
– respectueux des innocents et des populations civiles comme l’a si clairement rappelé Pie XII : « Tout acte de guerre qui tend indistinctement à la destruction de villes entières ou de vastes régions avec leurs habitants est un acte contre Dieu et contre l’homme lui-même, qui doit être condamné fermement et sans hésitation » (Gaudium et Spes)

Ce critère de discrimination laissant tout de même entrevoir comme légitime la doctrine (française) de « dissuasion basée sur l’équilibre, non certes comme une fin en soi, mais comme une étape sur la voie d’un désarmement progressif, » comme le dit Jean-Paul dans son message au Nations Unies, le 7 juin 1982. Ainsi nos armes nucléaires stratégiques (S.N.L.E.) « n’ont pas pour vocation de détruire qui nous attaquerait… mais d’empêcher qu’on nous attaque » (Amiral Berger, in A.F.S.). Forçant ainsi l’adversaire à utiliser lui-même le critère de proportionnalité en lui indiquant que les torts insupportables que lui causerait sa manoeuvre ne valent pas d’entreprendre cette dernière.

En dehors de l’Église, d’autres autorités se sont exprimé sur la façon » de distinguer entre telle et telle forme de guerre. Sans sombrer dans un pacifisme stupide et suicidaire, d’ailleurs condamné par l’Église : « Le désarmement doit être progressif, contrôlé pour garantir le respect des engagements… Et un désarmement unilatéral serait une erreur impardonnable, conséquence d’un impossible optimisme et d’une naïveté aveugle, délit de manque à la défense », écrivait Paul VI

Sans tomber dans ce travers criminel, c’est un général d’année aérienne contemporain, le Général Copel, qui propose mieux : « Vaincre la guerre ». Sa réflexion toute ordonnée à la menace d’une guerre nucléaire pourrait sembler obsolète en 2003. Mais nous l’avons vu plus haut, cette menace est toujours là, aggravée même par la difficulté croissante de maîtriser les causes pouvant déclencher de tels conflits (prolifération et des armes et des pays en disposant)..
Sous-chef d’Etat-Major de l’Armée de l’Air jusqu’en 1984, le général Copel est particulièrement compétent pour parler des conséquences d’une guerre nucléaire, de l’impossibilité d’en maîtriser la conduite, et donc de la quasi­impossibilité de parler du critère de proportionnalité. Il n’y a pas de place ici pour

exposer la doctrine du général Copel ;: citons seulement son maître-mot : « Toute la noblesse du métier des armes a pour origine la haine farouche qu’un militaire responsable doit porter à la violence guerrière. » Qui d’ailleurs n’a entendu et répété : « Si vis pacem, para bellum ». Oui, mais comment ?

« Vaincre la guerre », on l’a bien compris, c’est éviter la guerre ; c’est bien mieux encore que de la gagner. D’autant qu’une guerre moderne ne ferait pas un perdant et un gagnant, mais essentiellement des perdants … ou des gagnants à la Pyrrhus… Le problème, est d’écarter le danger sans que la Nation y perde son âme, sans favoriser une action révolutionnaire. Il est dépassé le temps où on pouvait se contenter de condamner la guerre injuste et ne se préparer qu’à mener justement la guerre.

L’aspect militaire en effet n’est plus seul déterminant ; la défense comme la menace est globale. Elle commence par l’acquisition de l’esprit de défense qui consiste à cultiver en nous le sens et l’amour de nos valeurs, de la Nation, de notre Patrie, à l’opposé de l’esprit soixante-huitard avec son slogan « Plutôt rouge que mort ! ». Cela ne peut se faire efficacement que par la formation constante, sans cesse renouvelée, étendue, approfondie de toutes les élites de la Cité. « Faire » l’Armée n’est pas obligatoire, mais cultiver l’esprit de défense n’est pas facultatif.
« L’esprit de défense est la nécessaire défense de l’esprit ».

6 – L’ARMÉE

Faut-il « faire l’Armée » ? Pourquoi pour qui, comment avec quoi, avec qui ? « Faire l’Armée », si l’on n’est pas animé par l’esprit de défense (au sens rappelé) c’est risquer de limiter sa vie à l’exercice d’un métier. Pourquoi pas d’ailleurs ? Mieux vaut en effet mille fois pour notre défense un bon professionnel, qu’un pur esprit, fût-il de défense … Et, professionnel pour professionnel, l’Armée offre et continuera d’offrir de beaux métiers d’une étonnante diversité. Quant à la connotation militaire, elle apportera aussi toujours quantité de satisfaction, voire d’avantages, à ceux qui ont la fibre militaire.

Mais cela s’apprend normalement au contact de ceux qui en sont, dans les écoles de formation, puis dans l’exercice du métier lui-même. Tout cela, je n’ai pas cherché à vous le présenter ce soir, estimant plus intéressant pour vous de vous amener à réfléchir, relativiser, analyser et faire votre propre synthèse, avant de prendre le cas échéant des décisions.. Ou, plus simplement vous aider à vous poser les bonnes questions. En résumé, à vous ouvrir sur des enseignements, des réflexions, que ne vous présenteront pas l’État, son système, ses formateurs, en un mot la pensée publique correcte. Telle sera notre conclusion.

Conférence du 6 février 2003.

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