Le duc et la duchesse d’Anjou aux Invalides

louis-xx-invalides-1Ce dimanche 18 septembre 2016, par un temps agréable de fin d’été, avait lieu la messe annuelle de la Fondation de l’Hôtel des Invalides. J’arrive vers 10h30 devant la grande façade de ce gigantesque palais des Invalides, voulu par Louis XIV en reconnaissance de la haute valeur du sang répandu par ses soldats pour le Royaume de France, et entre dans la file de visiteurs que passe au détecteur de métal un impressionnant service de sécurité. Je dois ajouter que cette année, cette célébration coïncidait avec les Journées du Patrimoine, qui déplacent toujours les foules. Je traverse le parterre avant, entre dans la cour d’honneur et longe le déambulatoire pour accéder à l’entrée de la Cathédrale Saint-Louis des Invalides.

Des chevaliers de l’Ordre de Malte, dont leur Président pour la France, Son Excellence le comte de Beaumont-Beynac, des chevaliers de l’Ordre du Saint-Sépulcre, le Président de l’Institut de la Maison de Bourbon, prince Charles-Emmanuel de Bauffremont, accompagné de son épouse, le Secrétaire général de l’Institut de la Maison de Bourbon, Monsieur Laurent de la Rosière, en habit de chevalier de l’Ordre de Malte et son épouse et des membres du Secrétariat du duc d’Anjou, dont la baronne Bernard Hüe, sont présents devant l’entrée.

J’entre et trouve la Cathédrale Saint-Louis comble, les portes drapeaux entourent l’allée centrale et, sur l’estrade du Choeur, dix sonneurs du Rallye Atlantique se tiennent en formation circonflexe, le dos à l’assemblée, prêts à sonner.

A 11h00 exactement, vérifiant l’adage à la lettre, Monseigneur le prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou et Chef de la Maison Royale de France, entre dans la Cathédrale et est conduit par un officiel dans les stalles de chêne sculpté situées à la droite de l’Autel. Sitôt après, les sonneurs précités sonnent « Chant d’Entrée » de la messe de Saint-Hubert, les portes drapeaux et l’assemblée se lèvent et la procession se présente qui voit se succéder des chevaliers des Ordres de Malte et du Saint-Sépulcre, le général d’armée Bertrand Ract-Madoux, Gouverneur des Invalides et le collège clérical précédé de la Croix, des cierges et de l’encens. Les Ordres hospitaliers et militaires se placent à la gauche de Monseigneur le duc d’Anjou, le Gouverneur des Invalides à sa droite et Monseigneur Luc Ravel, évêque aux Armées Françaises, prend place sur la cathèdre située dans le Chœur.

Le temps de Pénitence s’achève à peine que j’ai la joie de voir, avec toute l’assistance, Madame la duchesse d’Anjou, conduite par un officiel, rejoindre sa place au côté de son époux dans les stalles. J’eus le délicieux plaisir d’entendre quelques murmures d’âmes sœurs de la mienne : « C’est la Reine… », qui eurent la vertu de desserrer un instant l’étreinte de l’obéissance … Venue spécialement d’Espagne pour assister à la célébration de cette solennité annuelle, elle dut composer avec le retard d’une heure que prit son avion et qui causa ce très léger retard. Au temps de Pénitence, donc, succède le temps de la Parole et Monseigneur Ravel prononce une Homélie magnifique que je vais tenter de vous résumer :

« Les Invalides, combien d’armées ?

Combien de divisions de courage et d’abnégation hantent ces murs ?

Quelle énergie considérable de sacrifices accumulés pour unir ensemble une communauté nationale !

Nous sommes en guerre ! Les tragiques événements de Nice ou le martyre du Père Hamel nous l’ont assez rappelé cet été.

La doctrine sociale de l’Eglise en matière politique aborde cette question de l’identité face à la communauté nationale. L’identité s’incarne dans l’individu, la famille, les groupements de pensée,… qui sont autant d’éléments qui constituent la société civile. Mais cette identité n’est concevable que dans l’édification d’une communauté plus vaste dans laquelle tous les acteurs conjuguent leurs forces en vue d’un bien commun toujours plus développé.

Bien sûr, les hommes sont différents et parfois, les circonstances pourraient les  amener à se diviser. C’est pourquoi, afin qu’elle ne se disloque pas, apparaît la nécessité d’une autorité publique chargée de maintenir cette communauté politique, notre Patrie, notre Nation, qui partage, quoiqu’il arrive, le même destin !

Un mot est à souligner : la conjugaison des forces vers le bien commun. Cette conjugaison est la convergence des énergies scientifiques, militaires, politiques,… mais également spirituelles et religieuses en un faisceau indestructible au service perpétuel de l’homme individuel inscrit dans le cadre d’une communauté politique.

Cet effort de convergence est une grande tâche à réaliser, mais elle nous donnera la solidité de l’unité !

Pour conclure, retournons à cette première lettre de Saint Paul à Timothée. Lorsque Saint Paul écrit cette épître à Timothée, nous sommes sous le règne de Néron et les persécutions sont à leur commencement. Mais quel est son conseil ?

« Avant tout, je recommande de prier, implorer, supplier et remercier Dieu pour tous les hommes, pour les chefs d’Etat et pour ceux qui exercent des responsabilités afin que nous puissions mener une vie calme et tranquille dans l’union avec le Christ et la dignité » (1 Tim 2. 1-2) »

Naturellement, quand l’on songe que Saint Paul appelait à prier pour les chefs d’Etat, même sous Néron, notre tâche nous apparaît soudain presque dérisoire…

Mais revenons à cette belle célébration. Bientôt, après avoir ré-exprimé notre Foi et prié pour le Monde, l’Eglise et la France, les sonneurs du Rallye Atlantique nous gratifient de la sonnerie « Offrandes » au moment de la quête. Il s’agit d’une sonnerie « à réponse » où deux sonneurs sonnent d’abord du haut de la tribune d’orgues et reçoivent une réponse des dix autres qui se trouvent aux pieds de la tribune, devant la porte d’entrée de la Cathédrale.

L’instant culminant de la Sainte Messe se produit, où la consécration transfigure les oblats en Corps et Sang de notre Sauveur ! A chaque élévation, la sonnerie « la Prière » emplit la Cathédrale de l’éclatante voix de ses cuivres ! Quelle merveille !

La Communion s’achève, Monseigneur Ravel prononce la bénédiction d’envoi et l’assemblée se tourne vers le pilier de la travée se trouvant à la gauche de l’Autel pour entamer un Salve Regina en adressant son regard à la statue de la très digne Mère de Dieu nous présentant son enfant, notre Sauveur.

louis-xx-invalides-2Le Rallye Atlantique sonne le « Chant final » et la procession de sortie s’effectue ainsi : sortent successivement les porte-drapeaux, les Invalides, le collège clérical, les Ordres hospitaliers et militaires, Monseigneur le duc d’Anjou et Madame, duchesse d’Anjou, les personnalités civiles parmi lesquelles j’ai aperçu Madame Hélène Carrère-d’Encausse, Secrétaire perpétuel de l’Académie Française et Monsieur Patrick de Carolis, les ordres constitués et enfin le reste de l’assemblée.

Je me dirige alors vers les sonneurs du Rallye Atlantique pour les féliciter chaleureusement des sonneries de très haute qualité qu’ils nous avaient offertes lors de cette célébration et leur en demander l’intitulé. Monsieur Nicolas Dromer, qui les dirige, me remercie de mes compliments et m’indique qu’il s’agissait des sonneries de la Messe de Saint-Hubert écrite par Hubert Heinrich et que leur formation venait de remporter, pour la cinquième fois, le championnat international de sociétés de trompes de chasse qui avait lieu à La Motte-Beuvron les 3 et 4 septembre dernier. Je ne l’en félicitais que davantage, enchanté que leur excellence répondît si parfaitement à la qualité des princes présents…

Nous nous dirigeons alors vers une salle perdue dans le dédale du plan craticulaire de cet immense palais, où le général d’armée Bertrand Ract-Madoux, Gouverneur des Invalides, entame son discours par ces mots : « Monsieur l’amiral…, représentant de Monsieur le Président de la république, Monseigneur, Madame,… » et défile ensuite une longue litanie remerciant de leur présence Monsieur le sénateur…, représentant de Monsieur le Président du Sénat, Monsieur le député…, représentant de Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale…

louis-xx-invalides-3Je ne saurais vous traduire quelle satisfaction ce m’est toujours de constater que la première place, exceptée celle institutionnelle réservée à la têtedu régime, aussi inconsistante soit-elle, est conservée par de hautes autorités de l’Etat au duc et à la duchesse d’Anjou, incarnation actuelle du Sang sacré de nos Rois et du Principe royal attaché à l’Aîné des Capétiens, auxquels un respect séculaire reconnaît encore la préséance sur les représentants du Parlement et de tous les autres corps de l’Etat…

Monsieur le Gouverneur nous rappelle que, depuis 346 ans, tous les successeurs de Louis XIV, Capétiens ou non…, eurent à cœur de soutenir l’institution des Invalides et que 2016 sera l’année de la rénovation des Invalides. Il nous indique que, dans quelques mois, les Invalides verront s’accroître leur niveau de coordination avec les hôpitaux militaires d’Ile de France. Puis conclut en nous informant que, toujours très réactif à l’actualité, les Invalides partageant leur grande expérience des blessures de guerre, accueillent désormais les victimes des attentats qui ensanglantent notre pays. Le discours s’achève par une demande plus gaie : celle d’applaudir les trois athlètes membres de l’équipe des athlètes handisport de l’institution des Invalides qui sont revenus de Rio décorés de trois médailles d’or ! Cette demande fut agréée avec un enthousiasme communicatif !

Le Gouverneur des Invalides présente ensuite au duc et à la duchesse d’Anjou plusieurs invalides en fauteuil que le couple princier salue, l’un après l’autre, d’une poignée de main éclairée d’un chaleureux sourire.

Commence alors la longue procession des hommages que nous, royalistes fidèles, infligeons à chaque fois à ceux que nous reconnaissons pour notre Roi et notre Reine… Je n’y ai pas dérogé… Ce qui me permit de remercier Monseigneur le duc d’Anjou de son manifeste proprement royal du 25 août « Louis XX s’adresse aux Français » ! Merci Monseigneur !

Je vous relaterai encore un dernier détail et abandonnerai la plume pour cette fois-ci. Alors que nous étions dans l’une des cours intérieures des Invalides, adjacente à la salle du discours, les sonneurs de trompes du Rallye Atlantique sonnèrent spécialement pour le duc et la duchesse d’Anjou venus les féliciter. La sonnerie terminée, chacun se découvrit de la bombe de chasse dont il était coiffé et la retint sur son bras, en signe de respect à l’insigne dignité de celui et celle pour lesquels ils venaient de jouer et qui les applaudissaient !

Le duc et la duchesse d’Anjou se retirent alors sous les applaudissements et des voix proclament, devant des officiers quelque peu interdits, « Vive le Roi ! », « Vive la Reine ! ».

Franz de Burgos

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Source : La lettre hebdomadaire de Vexilla Galliae.