NICOLAS DE LA REYNIE
( 1625 – 14.06.1709)
1er Lieutenant Général de Police de Paris
Sous le règne de Louis XIV
(1638 / 1715 – Roi de France en 1643)
Né à Limoges en 1625
Mort Paris le 14.06.1709 à l’âge de 84 ans
Issu d’une famille de robe, son père Jean Nicolas de Treslage avait reçu de la famille de sa grand-mère la Terre de La Reynie dont son fils va prendre le nom, petit fief de peu d’intérêt de 200 livres de revenu annuel.
Nicolas poursuit des études de droit à Bordeaux et devient Avocat.
En 1645 il fait un riche mariage et prend le nom de LA REYNIE
Président du Tribunal de Justice appelé à l’époque le Présidial, il statut sur les affaires civiles, criminelles, à Bordeaux, puis il devient intendant du Duc d’Epernon qui l’introduit à la Cour.
Il gère la fortune du Duc et ses propres biens puisque en 1661, il achète la charge de Maître des requêtes au Conseil du Roi pour 320 000 livres.
Colbert le remarque, le présente au Roi qui crée cette nouvelle charge de lieutenant Général de police pour laquelle il prête serment en mars 1667.
Le Roi était conscient de la nécessité d’une réforme, car Paris la Ville plus importante d’Europe, était aussi la Ville la plus insalubre, et la plus dangereuse, La seule journée du 6 juin 1644, on compte 14 assassinats pour 373 pour l’année 1643. Les morts sont souvent plus des noyés, des alcooliques ou des miséreux, que dus à des crimes, mais des compagnies criminelles ont pignon sur rue, et dominent des quartiers entiers de la Capitale.
En 1665, 2 voleurs assassinent le lieutenant criminel Jacques Tardieu, et sa femme dans leur hôtel particulier d’un coup de pistolet, l’affaire fait grand bruit, et le Roi et Colbert créent donc la charge de Lieutenant de Police du Prévôt de PARIS, faisant une distinction entre le pouvoir de juger et le pouvoir d’administrer réservé au Lieutenant Général.
Devenu veuf très jeune, il se remarie en 1668 avec Gabrielle de Garibal qui possède une maison à Vaugirard qu’il fera embellir et dont les jardins furent dessinés par Le Nôtre.
Il conservera ce poste pendant plus de 30 ans, en 1680 il devient Conseiller d’état, juge et procureur.
En 1698 il hérite du Château de Treslage et achète la baronnie de Vicq (Vicq sur Breuilh)
Homme compétent, fidèle à la Royauté, d’une grande probité, ses fonctions sont multiples et touchent à la sécurité publique, la religion, la santé, l’approvisionnement et les vivres, la voirie, les réglementations concernant les serviteurs et domestiques, les manufactures, le contrôle des imprimeries, des commerces, des manufactures, des lieux mal famés, la lutte contre la délinquance, les inondations, les incendies, et il assure la tranquillité du peuple parisien.
Il va organiser les fondements de la Police du Royaume, et pour cela il va réformer en profondeur la police existante, pour ne rétablir qu’une seule autorité royale sous son commandement .
Il réintègre sous sa direction :
- Les Commissaires du Châtelet
- Les archets et exempts du Guet
- La Compagnie du lieutenant criminel
- La prévôté de l’Ile (Archers veillant à la sûreté de la Ville la nuit), où les rivalités sont permanentes, les missions concurrentes et l’efficacité n’est pas à la hauteur d’une capitale de Royaume où la population s’intensifie.
Il nomme 48 commissaires de police (nom créé par de La Reynie), pour gérer les 17 quartiers de Paris, qui prennent le statut de fonctionnaire, assistés par des sergents à cheval et des sergents « à verge » qui assurent les fonctions d’Huissier et de Commissaire-priseurs (portant une verge ou un bâton semé de fleurs de lys pour marquer l’autorité de justice)
- Il met en place des indicateurs rémunérés « les mouches ».
Grâce à ces méthodes, Paris va se transformer :
- Il démantèle la Cour des Miracles, fait fermer les tripots (+ de 300)
- Il fait installer 6000 lanternes dans les rues
- Il fait paver les rues
- Met en place un système de collecte des déchets et d’assainissement des rues décrétant une taxe des boues et lanternes. Les parisiens avaient l’habitude de jeter leurs détritus par les fenêtres. Des amendes sont prononcées contre les propriétaires qui laissent s’amonceler le fumier de leurs écuries, devant leur maison. Il augmente les fontaines. Toutes ces mesures de salubrité vont permettre l’éradication de la peste.
- Il réorganise les compagnies du guet qui furent doublées et à qui on donne un uniforme. Il désarme les pages et les laquais.
- Réprime durement les impressions et le colportage des écrits séditieux.
- Il renforce la sécurité, en chassant les mendiants, faux estropiés et paralysés qu’il envoie aux galères.
- Il contrôle les hôtelleries, auberges, maisons closes, les forains et tous les étrangers de passage.
- Les chirurgiens doivent lui déclarer tous les noms des blessés…
- Il instaure des règles de circulation et de stationnement dans Paris.
- Il crée des Écoles et des salles d’asile.
- Il gère les foires, les marchés, les halles, les boucheries;
- Il contrôle les corporations, les brevets d’apprentissage.
Il préside une audience par semaine au Châtelet où il traite les litiges des corps de métier, les conflits entre les corporations, tous les délits mineurs, les fragrants délits, il a le pouvoir de délivrer des lettres de cachet.
Le Grand Châtelet et la place de l’Apport-Paris,
par Thomas Naudet.
(Musée Carnavalet, Paris).
PARIS gagne en sécurité et en salubrité et devient la Ville la plus propre d’Europe
En 10 ans, la capitale changea plus qu’elle ne l’avait jamais fait en 3 siècles. Les assassinats disparurent les vols furent moins nombreux. Il sera de toutes les missions ,
En 1679 il va devoir traiter la lourde et délicate affaire des Poisons, voir vidéo ci-dessous :
Il quitte son poste en 1697 avec l’accord du Roi pour s’occuper plus particulièrement des affaires du Conseil.
En 1699 il devient Lieutenant Général et l’ensemble des dispositions prises sur Paris sont étendues à tout le Royaume. Il eut de nombreuses affaires à traiter et à démanteler grâce à sa fermeté, sa vigilance, son intégrité et son sens de la justice, il fut toujours honoré de l’amitié du Roi, et fut très regretté.
Le Roi un jour lui dit « Vous vous faites bien des ennemis »
« Il est vrai, Sire, répondit le Lieutenant Général, mais je ne les dois, grâce au ciel, qu’à mon dévouement aux intérêts de la cité et à la conscience de remplir les intentions de mon Roi »
Saint Simon parlait de lui comme d’« un homme d’une grande vertu et d’une grande capacité qui dans une place qu’il avait pour ainsi dire créée, devait s’attirer la haine publique, s’acquit pourtant l’estime universelle »
Il mourut à Paris le 14.06. 1709, il avait eu 2 enfants de son deuxième mariage :
- Un fils : Gabriel- Jean-Nicolas, Seigneur de La Reynie, retiré à Rome, qui s’occupa de l’étude des Lettres, décédé le 26.01.1734, célibataire.
- Une fille, Gabrielle de La Reynie, morte le 22.10.1713 sans postérité.
2 rues portent son nom : une à Paris et une à Limoges
Nicolas de La Reynie aurait habité au 22 rue Quincampoix à Paris
Ou dans une des vieilles maisons similaires de cette rue.
Il sera remplacé par le Marquis d’ARGENSON
Que faisait-on des morts anonymes à cette époque, souvent récupérés par le service du Guet ?
Les corps étaient transportés à la morgue (basse-geôle) du Grand Châtelet, pour examens médicaux.
Et si le corps n’était pas reconnu ni réclamé, il était amené aux religieuses de l’Hôpital de Sainte Catherine pour inhumation au cimetière des Innocents (quartier des Halles de Paris,actuellement Place Joachim du Bellay où se trouve au milieu la fontaine des Innocents).