SAMEDI 29 MARS 2025
» De la Dynastie carolingienne à la Dynastie Capétienne 936 /1031″
Vous trouverez ci-dessous le résumé de la première partie de cette conférence portant sur : « Des Carolingiens aux Capétiens (936-1031) » que nous a transmis le Conférencier M. SAVORNIN.
I. Le règne de Louis IV d’Outremer (936-954)
A la mort du roi Raoul (3e et dernier roi « Robertien »), le 14/1/936, les Grands du royaume décident de faire revenir sur le trône un carolingien, en l’occurence, Louis IV, fils de Charles III. Louis IV avait dû fuir en Angleterre avec sa mère Ogive. C’est pour cela qu’on le surnomme Louis d’Outremer.
Louis IV est sacré à Laon le 19/6/936. Mais il ne possède que le comté de cette ville. Louis IV prend la ville de Langres durant l’été qui suit. Louis IV doit affronter les Hongrois, qui n’ont pas encore été christianisés. Ceux-ci ont en effet passé la frontière française en 937. Herbert de Vermandois en profite pour conquérir Laon. Appuyé par Arnoul de Flandre et grâce à l’usage d’une nouvelle machine de guerre, Louis IV, revenu en France, reconquiert Laon.
Louis IV et Hugues le Grand s’affrontent rapidement car Louis IV cherche à imposer son autorité. Ils s’affrontent en Lorraine. En 939, Louis IV épouse Gerberge, soeur d’Otton de Germanie. Il devient ainsi beau-frère de son concurrent car Hugues le Grand a, lui, épousé Edwige, soeur de Gerberge.
Louis IV subit une défaite à Château-Porcien (Picardie), en 941. Il se réfugie à Vienne (en France), alors capitale du royaume de Bourgogne. Il envoie certains de ses partisans plaider sa cause auprès du pape Etienne IX. En ce qui concerne le pouvoir féodal, seul le duc de Normandie, Guillaume Longue-Epée, le duc de Guyenne, Guillaume Tête d’Etoupe et le duc des Bretons, Alain, se soumettent à Louis IV.
Une trève est signée en Picardie en septembre 942. Guillaume Longue-Epée était pieux et à agit en faveur de la paix entre Louis IV et Hugues le Grand. Mais il est lâchement assassiné en 943.
Les Danois ayant attaqué la France, Louis IV riposte et il est victorieux. Il obtient à son retour en Normandie la garde et l’éducation de Richard, encore enfant, fils de Guillaume Longue-Epée et nouveau duc de Normandie.
Alors qu’il assiège Reims, Louis IV est obligé d’abandonner ce siège pour venir aider son représentant, Rodolphe le tort, attaqué par Haigrold, à la tête d’une armée danoise. Bernard le Danois, un Normand, propose à Louis IV de négocier avec Haigrold, à la demande de celui-ci. Des violences éclatent alors entre des Français et des Normands à propos du meurtre de Guillaume Longue-Epée au cours desquelles les Normands tuent les 18 comtes français qui accompagnaient Louis. Louis IV parvient à s’enfuir mais il est finalement livré par un Normand qui l’avait d’abord secouru. Après avoir été emprisonné à Rouen, il est échangé contre Richard, mais se retrouve alors prisonnier de Thibault le tricheur, comte de Blois, Chartres et Tours.
Après un an d’emprisonnement, Louis IV est finalement obligé, par Hugues le Grand, de céder son unique comté de Laon pour être libéré. Il s’installe alors à Compiègne (selon Richer et plusieurs historiens récents) ou dans le domaine de Chevregny, près de Laon.
Louis IV, allié d’Otton et de Conrad, roi de Bourgogne et époux de la soeur de Louis IV, Mathilde, reprennent Reims, ce qui permet à l’archevêque légitime de cette ville, Artaud; de s’y réinstaller. Trois conciles ont lieu, à Verdun, en 947, puis à Saint-Pierre-de-Mouzon (archevêché de Reims) et Ingelheim, en 948. Hugues le Grand est sommé de se soumettre au roi sous peine d’excommunication.
Laon est reconquise par Conrad le Roux, nouveau duc de Lorraine, pour le compte de Louis IV.
Hugues le Grand n’ayant pas cédé (bien au contraire puisqu’il a ravagé les terres de Guy, évêque de Soissons, qui venait de prendre parti pour Louis IV après avoir défendu Hugues le Grand), il est excommunié par le concile de Trèves.
Louis IV reprend Montaigu dans les environs de Laon.
Lors d’un concile à Rome en 950, le pape Agapet II confirme l’excommunication de Hugues le Grand. Cette décision du pape lui-même convainc Hugues de se soumettre. Il lui rend l’hommage féodal.
Cette soumission permet au royaume de France de retrouver la paix pendant les quatre dernières années du règne de Louis IV (950-954).
Louis IV et Hugues le Grand visitent ensemble les provinces du royaume où Louis IV reçoit notamment les hommages de l’évêque Etienne d’Auvergne, de Charles-Constantin, comte de Vienne et de Guillaume Tête d’Etoupe, duc de Guyenne et comte de Poitiers. Louis IV reprend Brienne, un repaire de brigands, près de Bar/Aube.
La mère de Louis IV, Ogive (ou Eadgive) s’étant remarié avec Herbert, comte de Meaux, fils de Herbert II de Vermandois qui avait combattu Charles III, le père de Louis IV, celui-ci décide de sanctionner sa mère en la privant de son douaire. Louis IV redonne celui-ci à sa femme, Gerberge.
Louis IV meurt d’un accident de chasse. Poursuivant un loup, son cheval trébuche et retombe sur lui. Louis meurt après une longue agonie de plusieurs semaines, le 9/9/954.
Louis IV eut à subir l’opposition de la plupart des Grands. Le conflit a freiné l’architecture. Des édifices carolingiens ont disparu: Saint-Denis, Saint-Riquier, Corbie.
Louis IV a eu 5 enfants, Lothaire en 941 (il lui succède), Mathilde en 943, un garçon mort peu après sa naissance mais dont on ignore le prénom, Henri en 953, mort peu après son baptême et son frère jumeau Charles.
Bruno Savornin
1ERE PARTIE DU COMPTE-RENDU DE CETTE CONFERENCE
Raoul meurt le 14/1/936 et est inhumé dans l’abbatiale Sainte-Colombe de Sens.
Les Grands du royaume demandent à Louis IV, fils de Charles III, de revenir d’outre-mer, c’est-à-dire d’Angleterre, pour régner. Pour cela, ils s’engagent auprès de son oncle, le roi anglais Aethelstan, oncle de Louis IV (la soeur d’Aethelstan, Ogive, avait épousé Charles III), à l’honorer, mais à condition toutefois qu’il suive leurs conseils.
Les Grands souhaitent donc un roi aux pouvoirs limités puisqu’il devrait suivre leurs conseils.
Louis IV est sacré le 19/6/936 à Laon.
Il conquiert Langres durant l’été.
Les Hongrois, après avoir ravagé la Germanie et la Lorraine, passent la frontière française en 937. De plus, Louis IV veut imposer son autorité, ce qui entraîne un autre conflit, avec Hugues le Grand, qui commence en Lorraine.
Louis IV épouse en 939 Gerberge, soeur d’Otton.
Il est battu en 941 à Château-Porcien, en Picardie. Il se réfugie à Vienne, en France, alors capitale du royaume de Bourgogne. Il envoie une délégation soutenir sa cause auprès du pape Etienne IX. Celui-ci décide de l’appuyer. Guillaume Longue-Epée (932-943), fils de Rollon et nouveau duc de Normandie, se soumet au roi et l’accueille à Rouen. Le duc de Guyenne, Guillaume tête d’Etoupe, et le duc des Bretons, Alain, le suivent dans son allégeance au roi.
Une trève est signée en Picardie en septembre 942, pour deux mois seulement. Louis parvient à s’allier avec Otton de Germanie, son beau-frère. Il convoque ses vassaux à un plaid à Attigny, sur l’Aisne.
Louis IV et Otton de Germanie se rencontrent à Attigny. Otton reproche ensuite à Hugues le Grand de faire la guerre au roi. Il lui demande de l’accompagner pour voir le roi. Hugues accepte enfin de se réconcilier avec Louis IV.
Guillaume Longue-Epée était pieux. Il a même voulu, comme Saint Louis trois siècles plus tard, devenir moine. Mais l’abbé de Jumièges lui dit qu’il est plus important pour lui de remplir sa mission de prince chrétien. Guillaume était aussi intervenu pour obliger Otton de Germanie à respecter la préséance de Louis IV lors de la conférence d’Attigny.
Guillaume est lâchement assassiné en 943, à la fin d’une journée de négociations qui avait apparemment réussi. Alors qu’il venait de partir, des Flamands lui demandent de revenir car le comte de Flandre aurait oublié de lui dire quelque chose. En fait, 4 familiers de ce comte le tuent. Guillaume est remplacé par Richard, son fils, comme duc de Normandie.
Herbert de Vermandois meurt à la fin de 943.
En décembre 943, une flotte danoise attaque le royaume de France. Le roi les attaque aussitôt avec 800 cavaliers. Il est vainqueur. Les Danois ont 9 000 morts, les Francs quelques uns. Le retour de Louis IV à Rouen est un triomphe. Il obtient d’emmener Richard, duc de Normandie, pour l’éduquer… et le garder sous son contrôle.
Simulant une maladie sur le conseil d’Osmond, un seigneur normand, et profitant d’un relachement de la surveillance, Richard parvient à s’enfuir.
A l’occasion de négociations avec Haigrold, un Danois, Louis parvient à s’enfuir, aidé par un seigneur normand. Mais celui-ci le livre finalement et il est emprisonné à Rouen. Gerberge, femme de Louis IV, ne parvient pas à le libérer bien qu’elle ait fait appel au roi de Germanie et à Hugues le Grand. Louis IV est finalement échangé contre Richard mais se retrouve prisonnier de Thibaut le Tricheur, comte de Blois, Chartres et Tours.
Otton réclame à Hugues, en tant que chef des Grands, la libération de Louis. Quant à Edouard Ier l’Ancien, roi d’Angleterre (939-946), frère d’Aethelstan, il menace d’envahir la France si Louis n’est pas libéré. Sans succès. Au contraire, Hugues le Grand répond à Edouard que les Français sauront se défendre.
Par ailleurs, aucun vassal de Louis n’intervient pour le tirer d’affaire. Il est vrai qu’il n’avait pas bien traité Richard, dont il avait la tutelle.
Un an après son incarcération, Hugues demande à Louis de lui céder Laon, la seule place dont il dispose, en échange de sa libération. Louis accepte.
Louis obtient l’appui d’Otton et de Conrad, roi de Bourgogne et époux de sa sœur Mathilde mais ils n’osent pas attaquer Laon, dont les fortifications ont été renforcées par Hugues. Mais ils parviennent à reprendre Reims et à réinstaller Artaud comme archevêque de cette ville.
Trois conciles ont lieu : à Verdun en 947, à Saint-Pierre de Mouzon (archevêché de Reims) et Ingelheim en 948. Hugues est sommé de se soumettre au roi sous peine d’excommunication et Artaud est confirmé comme archevêque de Reims.
Laon est reconquise par Conrad le Roux, nouveau duc de Lorraine, pour le compte du roi. Gui, évêque de Soissons, ancien allié de Hugues, décide d’appuyer Louis IV.
Hugues se venge en saccageant les terres de l’évêque de Soissons et celles de Reims puisque Hugues, l’ancien archevêque de Reims, a été remplacé par Artaud.
Un nouveau concile, à Trèves, avec cette fois-ci, trois évêques français au lieu d’un seul à Ingelheim, excommunie Hugues le Grand. Ce concile décide aussi de destituer Thibaud, sacré illégitimement archevêque de Reims par Hugues, et de le remplacer par un protégé de Louis IV. Louis IV reprend Montaigu, près de Laon.
Les évêques Gui d’Auxerre et Anségise de Troyes obtiennent une trève.
Le pape Agapet II convoque un concile à Rome, les précédents ayant réuni trop peu de membres du clergé. Hugues ne s’y présentant pas, le pape l’excommunie lui-même.
Hugues se soumet enfin.
Après la cérémonie d’hommage féodal, Louis IV et Hugues le Grand visitent ensemble les provinces du royaume. A Macon, Charles-Constantin, comte de Vienne, rend hommage à Louis IV. Dans cette région, Louis IV reçoit aussi l’hommage de l’évêque Etienne d’Auvergne et de Guillaume Tête d’Etoupe, duc de Guyenne et comte de Poitiers.
Louis IV reprend Brienne, un repaire de brigands, près de Bar-sur-Aube.
Edwige, mère de Louis IV et veuve de Charles III le Simple, se remarie avec Herbert, comte de Meaux, fils de Herbert II de Vermandois. Ils auront un fils, Etienne, futur comte de Meaux et de Troyes.
Comme Herbert II avait combattu son père, Louis IV sanctionne sa mère en la privant de son douaire qu’il donne à sa femme Gerberge.
Louis IV a eu 5 enfants : Lothaire en 941, Mathilde en 943, Henri en 953, mort peu après son baptême, Charles, son frère jumeau et un autre garçon dont on ne connaît pas le prénom, mort lui aussi peu après sa naissance.
Le mariage d’Eadgive avec Herbert, comte de Meaux, puis de Troyes et la paix obtenu avec le duc des Francs assure 4 ans de paix au royaume de France, de 950 à 954. A noter qu’Ermangarde, sœur de Hugues le Noir, lui succède comme duc de Bourgogne. Elle et son mari Gilbert d’Autun ont une fille unique, Liégarde, qui se marie avec Otton, fils de Hugues le Grand, ce qui lia la Bourgogne aux Capétiens.
Louis IV meurt d’un accident: poursuivant un loup, son cheval trébuche et tombe sur lui. Il meurt quelques semaines plus tard, le 9/9/954. Il est enterré dans l’abbatiale Saint Rémi. Gerberge désigne Lothaire, 13 ans, pour lui succéder. Le royaume n’est pas partagé, ce qui est une sage décision. Hugues le Grandne s’y oppose pas.
L’archevêque Artaud de Reims sacre Lothaire dans la basilique Saint-Rémi de cette ville.
Le duc de Guyenne, Guillaume Tête d’Etoupe, se rebelle mais il est vaincu par Hugues le Grand. Celui-ci meurt de maladie le 16/6/956, à 59 ans.
Louis IV a subit les inconvénients de la féodalité. Contrairement à Charlemagne, il ne possédait plus d’empire mais unique Laon qu’il a perdu, puis repris grâce à l’appui de l’Église.
Hugues le Grand était le représentant des vassaux de Louis IV. La plupart de ceux-ci étaient rebelles. Le conflit entre Louis IV et ses vassaux a freiné l’architecture. Des édifices carolingiens ont disparu : Saint-Denis, Saint-Riquier, Corbie.
Il y a toutefois eu des fondations religieuses: Adèle, duchesse de Guyenne, a fondé Saint-Cyprien à Poitiers, où elle a pris l’habit et Saint-Pierre-le-Puellier. Guillaume Longue-Epée a fondé la Trinité de Fécamp. Saint Gérard de Brogne a fondé Saint-Bertin. Arnould de Flandre a fondé Saint-Bavon de Gand et Saint-Riquier. Raoul, seigneur d’Issoudun, a fondé Sainte-Marie d’Issoudun. Le vicomte de Béziers a fondé Saint-Pierre de Lezat. Autre fondation de ce temps: Saint-Pierre de Gand.