Place Louis le Grand (Bellecour)

La place Louis-le-Grand ou place Bellecour est la plus grande place de Lyon (300 mètres de long par 190 à 220 mètres de large, soit 62 000 m2). C’est également la plus grande place piétonne d’Europe. Il s’agit à sa création d’une place royale comme il en existe dans d’autres villes du royaume. L’architecture de la place royale doit servir de cadre à la statue équestre du monarque érigée en son centre.

En son centre trône la statue équestre de Louis XIV.

La place Bellecour constitue le point kilométrique zéro de Lyon : toutes les distances sont comptées à partir de ce point. La place se situe au centre du second arrondissement entre Rhône et Saône. Elle marque l’hypercentre de Lyon et de la métropole. Depuis la place, le point de vue sur la colline de Fourvière et sa Basilique constitue la carte postale classique de Lyon.

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La place Bellecour avec à droite le Rhône et à gauche la Saône.

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La statue équestre de Louis XIV avec la Basilique de Fourvière située sur la colline éponyme.

Histoire

Dans l’antiquité les Romains installent sur le lieu des entrepôts destinés au transit des marchandises ; Le site est alors une grande île au milieu du Rhône et de la Saône, nommée Canabae. De belles demeures seront construites comme en attestent des mosaïques retrouvées à Ainay et aux Célestins.

A la fin du XIIème siècle l’archevêque de Lyon possède sur le site une vigne désignée sous le nom de « Bella curtis » (beau jardin).

Au XIIème siècle le site est devenu marécageux.

Au XVIème siècle une grande place vide est bordée d’arbres côté Rhône. Cet espace est unique dans une ville en pleine expansion et fortement contrainte par les fleuves et les collines.

En 1562, le terrible chef des huguenots, le baron des Adrets, y établit son camp d’artillerie pour pilier la ville peu désireuse de céder aux protestants. La rue Saint-Dominique (aujourd’hui rue Emile Zola) est ouverte sur le terrain des religieux Jacobins pour établir la communication entre le camp et les troupes regroupées au nord.

Le « pré Bellecour » est alors propriété de la famille « Le Viste« .

En 1600, Henri IV fait faucher les mauvaises herbes par les Gardes Suisses. La ville de Lyon achète en 1604 le pré. En 1609 une centaine de tilleuls sont plantés dans la partie sud.

Le 28 décembre 1658, le Roi Louis XIV en visite à Lyon, signe une ordonnance de défense à la ville de Lyon d' »en aliéner, échanger ou vendre aucune partie et d’y laisser bâtir aucune maison ou édifier« .

Au XVIIIème siècle la ville de Lyon effectue de grands travaux pour niveler le lieu et créer ainsi une place royale. Robert de Cotte, beau-frère de Jules-Hardouin Mansart venu à Lyon pour restaurer l’hôtel de ville suite à un incendie, est chargé d’édifier une façade au levant et une façade du couchant du soleil sur la place.

La place est alors dotée d’une statue équestre de Louis XIV (voir infra). La place porte le nom de « Place Louis le Grand » ; elle est un espace de promenade pour les Lyonnais. De beaux immeubles bordent les façades côtés Rhône et Saône.

La folie destructrice de la révolution mettra fin à cette harmonie. La statue équestre de Louis XIV sera abattue le 29 août 1792 et fondue (voir infra) et les façades détruites pierre par pierre à partir d’octobre 1793 par plus de 600 ouvriers. Les bords de la place ne sont alors plus qu’un tas de pierres !

La place changera plusieurs fois de nom au cours du XIXème siècle (voir infra).

Bonaparte premier consul, décide, en juin 1800 lors d’un passage à Lyon, de reconstruire les immeubles détruits. De nouvelles façades en symétrie sont construites côtés Rhône et Saône. Le résultat n’est cependant pas du goût de Bonaparte qui en voyant les immeubles s’écria « Mais quelles casernes m’a-t-on foutu là ? ». Vous pouvez en juger par vous même ; les façades sont celles visibles aujourd’hui.

La Restauration verra le retour d’une nouvelle statue équestre de Louis XIV à l’emplacement de la première statue détruite.

En 1834 une révolte populaire abat les tilleuls pour en faire des barricades. Les arbres sont remplacés en 1848 par des marronniers.

Napoléon III passe en revue ses troupes sur une place qui retrouve alors son nom d’origine jusqu’à la fin du Second Empire.

Au cours du XIXème siècle quatre rues sont percées à partir de la place :

  • rue des Bourbons (1810 à 1858),
  • rue Gasparin (1860à 1867),
  • rue de l’Impératrice (1855 à 1858),
  • rue Impérial (1855 à 1858),

et des pavillons sont installés sur le place (actuel Office du Tourisme de Lyon).

L’hôtel de Laurent Planello de la Valette en saillie sur la place est également détruit en 1855. Tout le quartier se transforme ; les immeubles bourgeois remplacent peu à peu les logis limités à un étage, fruits de trois siècles d’urbanisme disparate.

A partir de la fin du XIXème siècle, le journal Le Progrès, organise sur la place un grand tournoi de boules lyonnaises à la Pentecôte.

En 1934, l’hôpital de la Charité bordant la place (construit en 1622) est détruit. Seul le clocher (construit en 1667) a été conservé. Il s’agissait à l’époque du deuxième plus grand hôpital de Lyon après l’Hôtel Dieu – d’où l’origine de l’expression « c’est l’hôpital qui se moque de la charité ». L’emprise libérée donnera ainsi la place Antonin Poncet qui relie la Place Bellecour jusqu’au Rhône accessible par un escalier monumental.

En 1941 les façades de la place Bellecour sont inscrites à l’inventaire des Monuments Historique.

Le 27 juillet 1944, cinq prisonniers de Montluc sont abattus par les nazis en représailles à une explosion d’une bombe devant le café du Moulin à Vent situé en bordure de la place. Une stèle retraçant l’événement est installée 1948 : le « Veilleur de Pierre » conçu par Louis Thomas et sculpté par Georges Salendre.

En 1966 plusieurs centaines d’amphores romaines sont découvertes lors du creusement d’un parking souterrain situé à l’ouest de la place.

En 1976 plusieurs mosaïques romaines sont également trouvées lors du percement de la ligne de métro A sous la place. Vous pouvez les voir présentées derrière une vitre dans la station sur le quai au départ de « La Soie ».

Depuis 2000 la place bénéficie d’une requalification avec notamment le retour de l’implantation de tilleuls.

Une place au nom changeant

La plus grande place de Lyon a changé plusieurs de fois de nom au cours de l’histoire tourmentée de France :

1714 : Place Louis le Grand (1 an avant le décès de Louis XIV)
1790 : Place de la Fédération (Révolution)
1792 : Place de L’Egalité (Terreur)
1801 : Place Bonaparte (Empire)
1814 : Place Louis le Grand (Restauration)
1848 : Place Bellecour (Deuxième République)
1852 : Place Louis le Grand (Second Empire)
1871 : Place Bellecour (Troisième République)

Statue équestre du Roi Louis XIV

Bellecour

L’ombre du Roi veille sur la ville.

La première statue a été réalisé en 1713 par Martin Desjardins (1637-1694). La statue fondue à Paris fera un long trajet jusqu’à Lyon via la Seine, La Manche, l’océan Atlantique, le détroit de Gibraltar, la Méditerranée et le Rhône. La bateau la transportant fera d’ailleurs naufrage à Oullins lors de son débarquement. Elle restera stockée dans des hangars jusqu’à l’amélioration des finances de la ville de Lyon. Son installation sera réalisée à la fin du règne du Monarque.

La base du piédestal était réalisée en marbre avec des bronzes ciselés par le sculpteur lyonnais Marc Chabry.

Cette statue sera détruite à la Révolution en 1793 par des intégristes d’avant l’heure pour en faire des canons.

Un modèle réduit exécuté par un élève de Desjardins est conservé au musée du Louvre. Sur le socle de la première statue, des bas-reliefs représentaient le Rhône et la Saône ; ces bas-reliefs, créés en 1720, ont été sauvés de la destruction de la Révolution. L’allégorie du  Rhône à dextre a été réalisée par Guillaume Coustou (né à Lyon, le 29 novembre 1677, et mort à Paris, le 22 février 1746), et l’allégorie de la Saône à senestre a été réalisée par son frère Nicolas Coustou (né à Lyon, le 9 janvier 1658 et mort à Paris, 1er mai 1733). A noter que Guillaume Coustou a également réalisé les Chevaux de Marly commandés par le Roi Louis XV.

Inauguration_de_la_statue_de_Louis_XIV_par_Charles_Grandon

Peinture de Charles Grandon (1691-1762) représentant l’inauguration de la première statue équestre de Louis XIV.

La seconde statue en bronze a été réalisée en 1825 par François-Frédéric Lemot (né à Lyon le 4 novembre 1772 et mort à Paris le 6 mai 1827) . Le roi Louis XIV monte son cheval à la manière des Empereurs Romains, sans selle et sans étriers. Les allégories du  Rhône et de la Saône (voir supra), rescapées de la Révolution, ont été ajoutées.

La statue sera réalisée grâce à une souscription à laquelle participa le Roi Louis XVIII.

« Le cheval de Bronze » : Poème écrit pour l’inauguration de la seconde statue :

Bons Lyonnais, je le gage
Vos cœurs seront réjouis
Vous allez recevoir l’image
Du plus grand de nos Louis,
Chacun aime en notre ville
Le Prince que l’on rétablit
Et que, d’une main habille,
Lemot, de Lyon, « fecit ».

Aujourd’hui

Le sous-sol de la place est traversé par deux lignes de métro (Ligne A axée Nord-Sud, ligne D axée Est-Ouest et passant sous la ligne A). La station « Bellecour » est le centre du réseau de transport en commun de la Métropole. Elle draine quotidiennement 150 000 personnes. La place est également le terminus de nombreuses lignes de bus provenant d’autres quartier de la ville.

Un parking souterrain de 478 places  complète l’ensemble à l’ouest.

La place constitue le centre de l’activité de la métropole. Nombreux sont les lyonnais à se donner rendez-vous, selon l’expression lyonnaise consacrée :  « sous la queue du cheval ». La place constitue le point de départ des principales artères commerçantes de la presqu’île : la rue Victor Hugo, la rue de la République, la rue Gasparin, la rue Emile Zola.

Des rassemblements réguliers ponctuent l’année :

  • Tournoi de boules lyonnaise à la Pentecôte
  • L’installation de la grande roue de 60 mètres pour les festivités mariales du 8 décembre
  • L’installation d’une patinoire temporaire en hiver
  • Concerts exceptionnels
  • Salon du livre…