Les Goddons ont-ils usurpé notre chant national ?




Dans l’ouvrage apocryphe



Souvenirs de la Marquise de Créquy

(tome I, chapitre IV), l’auteur évoque une origine française de l’hymne.
L’ancêtre du « God save the King » est le chant « Grand Dieu sauve le Roi », composé en 1686 par Mme de Brinon, supérieure de la Maison royale de Saint-Louis
(futur lycée militaire de Saint-Cyr) pour l’inauguration de son établissement en septembre par le roi, alors malade. Pour les paroles, elle s’inspira du motet
traditionnel, tiré du dernier verset du psaume XIX de David, « Domine, salvum fac Regem et exaudi nos in die qua invocaverimus te », inclus dans les Te Deum de longue date sur
différentes musiques, comme dans celui de Marc-Antoine Charpentier. L’hymne de
Saint Cyr ayant été exécuté en novembre de la même année, Jean-Baptiste Lully le reprend dans son Te deum, composé en 1687, pour célébrer la réussite de cette opération
chirurgicale d’une fistule anale, ce qui donna lieu à des festivités considérables dans tout le royaume, popularisant ainsi l’hymne. La mort prématurée au cours des répétitions,
en disgrâce qui plus est, de Lully a conduit à une certaine confusion sur la paternité de l’œuvre.
L’hymne fut adopté naturellement par les stuardistes, partisan du roi Jacques II d’Angleterre, cousin germain de Louis XIV. Ces partisans réfugiés un temps à la cour de Louis XIV,
à Saint Germain en Laye, avaient eu amplement l’occasion, grâce à Madame de Maintenon, de
l’apprendre et de l’entendre comme une revendication de la légitimité catholique, une affirmation du
modèle de la monarchie absolue face à la République. Lors du débarquement, en août 1745,
au nom de Jacques III Stuart, les partisans de celui-ci l’entonnent à nouveau et dès le mois suivant
il est repris par leurs adversaires hanovriens comme une revendication de la couronne.
Selon Alexandre Dumas dans la San-Felice, Louis XIV, lors de l’exil de Jacques II en
France aurait demandé à Lully de lui composer cet hymne.

Ce chant a été orchestré par Haendel, ancien maître de chapelle de l’Électeur de Hanovre devenu roi d’Angleterre, peut-être à la suite d’une visite à Versailles.
Il l’aurait par la suite vendu à la couronne britannique pour en faire un hymne royal, ce qui lui vaut aujourd’hui la paternité de l’œuvre. Par ailleurs, traduit en latin
« Domine, salvum fac Regem », il devint l’hymne royal français jusqu’en 1792, date de la dissolution de la monarchie.

Domine Salvum Fac Regem

Grand Dieu sauve le Roi

Paroles 1686 :

Grand Dieu, sauve le Roy
Grand Dieu, venge le Roy
Vive le Roy
Que toujours glorieux
Louis victorieux
Voye ses ennemis
Toujours soumis

Paroles 1795 :

De notre jeune Roi
Prends pitié !
Dieu puissant,
Dieu bienfaisant !
Contre les oppresseurs,
Que ton bras foudroyant
Signale son pouvoir.
C’est l’effroi du méchant.
C’est le fils de Louis,
C’est le sang de Henri,
Ce sang chéri !
Que ces titres sacrés
T’intéressent pour lui,
Dieu juste, des bons Rois,
Tu dois être l’appui.
Il est infortuné
Ce jeune et faible Roi,
Tu sais pourquoi.
Il est fils de ces Rois,
Protecteurs de ta Loi,
Protège un tel enfant,
Venge-le, venge-toi.
Grand Dieu, du haut des cieux,
Écoute tes sujets,
Les vrais Français.
Dans leurs justes douleurs,
Exauce leurs souhaits.
Sauve le Roi, la France,
Et leur donne la paix.