Vente aux enchères de 2 bracelets en diamants

Les sulfureux bracelets en diamants de Marie-Antoinette aux enchères

Deux bracelets en diamants de l’épouse de Louis XVI sont mis aux enchères par Christie’s. Au-delà des millions d’euros que ces bijoux devraient atteindre, leur histoire est rocambolesque.

Par Le Dauphiné Libéré – 06 nov. 2021  |

Les deux bracelets en diamant de la reine Marie-Antoinette font 18,7 cm de long chacun. Photo CHRISTIES

Elle les désirait au point de s’endetter. Les deux bracelets en diamant de Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI, sont mis aux enchères par la maison Christie’s, à Genève, mardi prochain. Ces bijoux, comprenant 140 à 150 carats de diamants, ont une histoire qui est loin d’être simple.

Marie-Antoinette emprunte pour les acheter

Marie-Antoinette, née en 1755, est princesse autrichienne et épouse du roi Louis XVI. La reine de France, très décriée, est connue entre autres pour être dépensière. En 1776, elle achète ces bracelets à son joaillier, Charles Auguste Boehmer, pour 250 000 livres (équivalant à 4 million d’euros aujourd’hui). Un achat qui lui est même reproché par sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, dans une lettre datée du 2 septembre 1776 : « J’ai appris que vous aviez acheté des bracelets pour 250 000 livres et que cela a déstabilisé vos finances. »

Les diamants sont conservés dans un boîtier avec la mention « Bracelet de la Reine Marie-Antoinette ». Photo CHRISTIES

En effet, la reine voulait tellement ces bracelets qu’elle a dû vendre certaines de ses pierres précieuses dans l’urgence, donc à un prix plus bas que la moyenne. En outre, elle a emprunté 29 000 livres à son mari, Louis XVI, comme le révèlent les livres de comptes de 1777, aux Archives nationales. On retrouve ces bijoux, parmi ses favoris, sur un portrait officiel de la souveraine et de ses enfants. 

Les bijoux cachés de la reine

En 1789, la Révolution explose. La famille royale quitte de force le château de Versailles le 6 octobre 1789 pour le Palais des Tuileries à Paris. Une monarchie constitutionnelle est instaurée, mais c’est un échec. En janvier 1791, Marie-Antoinette cache ses bijoux les plus précieux dans un coffre en bois, qui sera envoyé au comte de Mercy-Argenteau, ex-ambassadeur d’Autriche, à Bruxelles (alors autrichienne). Florimond de Mercy-Argenteau a quitté Paris en 1789, mais a toujours entretenu une correspondance avec la reine. Il conserve le coffre intact.

A gauche, Marie-Antoinette et ses bracelets, à droite sa fille, Marie-Thérèse de France, avec les mêmes bracelets. Peintures : « Marie-Antoinette, reine de France, et deux de ses enfants dans le parc du Trianon », Adolf Ulrik Wertmüller / « Marie-Thérèse-Charlotte de France, duchesse d’Angoulême, dite Madame Royale (1778-1851) », Baron Antoine-Jean Gros

Marie-Antoinette est décapitée le 16 octobre 1793. Quatre mois plus tard, l’empereur des Romains François II, neveu de la reine défunte, ordonne l’ouverture du coffre et l’inventaire de son contenu : un médaillon « entouré de 19 gros diamants », douze gerbes en diamant, une montre sertie de nombreux diamants… Le 6e article répertorié est « une paire de bracelets dont les deux barrettes sont composées de 3 diamants dont un gros au milieu, les deux barrettes servant de fermeture sont composées de 4 diamants chaque et 96 chatons » (les chatons, en bijouterie, sont les bases qui accueillent une pierre précieuse. On y met des « griffes » pour sertir les pierres).

Un lourd passé en héritage

Les bijoux ont ensuite été conservés à Vienne, afin de les remettre un jour à la fille de Marie-Antoinette, Marie-Thérèse Charlotte de France, seule rescapée royale de la Révolution. Elle les récupère à son arrivée en Autriche, après un échange de prisonniers, fin 1795. 

Marie-Thérèse n’a jamais eu d’enfants. Elle a légué ses bijoux à son neveu et à ses deux nièces : le comte de Chambord, la comtesse de Chambord et la duchesse de Parme. Cette dernière a hérité des bracelets, qu’elle a transmis à son fils, Robert, duc de Parme. Ils sont restés la propriété de cette famille depuis.

« C’est un miracle que ces bracelets soient restés intacts, explique Jean-Marc Lunel, expert en bijoux chez Christie’s. Ils auraient pu connaître le même sort que beaucoup d’autres bijoux royaux, décomposés pour être revendus ou transformés. » Les bracelets sont estimés entre 1,9 et 3,8 millions d’euros. Mais le jeu des enchères et l’intérêt des collectionneurs pour ce qui appartenait à Marie-Antoinette pourraient faire envoler le prix.

Les deux bracelets en diamants ayant appartenu à la reine de France, Marie-Antoinette, ont été vendus au bout de 5 minutes aux enchères en Suisse pour plus de 8 millions de dollars, soit 7 millions d’euros,

Un serviteur de la monarchie qui disparaît

17 juin 2020

Il y a des êtres que l’on aimerait voir immortels. Tel est le cas de Jean Raspail qui vient de rejoindre la maison du Père samedi 13 juin 2020. Il incarnait le modèle de la tradition française autant par son œuvre littéraire couronnée du Grand Prix du roman de l’Académie française que par la manière dont il avait mené sa vie avec panache. Pensons à ses explorations et notamment sa belle et courageuse expédition dans l’ancienne Louisiane française quand la France était fière d’apporter la civilisation au-delà des mers, relatée dans En canot sur les chemins du Roi. S’il défendait la tradition française par ses écrits (romans, récits et articles),  il était aussi de tous les bons combats quand Dieu ou la France étaient attaqués. Avec Jean Raspail, il n’y avait pas de transaction si l’honneur du pays était engagé. Autant dire que ces dernières années, avec la trahison de ceux – si  nombreux pour le malheur du Pays-  qui préfèrent le reniement à la grandeur, la soumission au combat, il n’était pas vraiment heureux de ce qu’il voyait autour de lui. La France qui se défaisait n’était pas celle qu’il aimait.  Elle le menait parfois au pessimisme.

Au contraire Jean Raspail se sentait bien avec les héros de toujours, les chevaliers du Moyen-âge, les grands chefs comme Turenne, Condé ou Charette. Et avec les Rois de France à qui il a rendu un vibrant hommage dans son roman Sire et en s’engageant pour les célébrations du bicentenaire de l’assassinat de Louis XVI (1993) qui ont dû beaucoup à sa notoriété et à son énergie. Toujours chantre de la tradition française faite d’honneur, de gloire et d’abnégation.

Mais peut-être fut-il aussi plus encore pour notre famille de pensée, celle du royalisme. En effet  à la fin des années 1980 il a bien connu le Prince Alphonse rencontré lors de plusieurs manifestations. Il a pu en faire notamment un beau portrait : « « Dès que j’ai eu l’honneur et le bonheur de faire la connaissance de Mgr le duc d’Anjou, puis de l’approcher et de m’entretenir longuement avec lui en différentes circonstances, j’ai immédiatement su et compris qu’il existait quelque chose de sacré dans sa personne, toute de lumineuse simplicité.

(…) C’est vrai que le duc d’Anjou [Alphonse] n’avait pas le pouvoir. Mais j’ai la conviction qu’il était dépositaire d’une parcelle de divin. Ce n’est que cela et rien de plus, la légitimité »[1]  

Ses rencontres avec le Prince Alphonse avaient permis à Jean Raspail de comprendre que le royalisme n’était pas mort en France et, après 1989, il aurait aimé tenir pour le jeune Prince Louis, le rôle qui fut, au siècle précédent, celui de Chateaubriand vis-à-vis du Comte de Chambord. La célèbre formule du poète à la Duchesse de Berry « votre fils est mon roi » était de celles qui parlaient à Jean Raspail. Les époques ne se ressemblent pas, et  cet hommage se traduisit notamment dans le roman Sire. Il fut écrit en pensant au Prince Louis qui servit de modèle au Prince Philippe du roman. Le héros jeune et pur reconquérant son royaume à cheval. C’est du moins ce que pensèrent ceux qui, à l’époque, croisèrent l’écrivain et le Prince.

Déçu par le présent mais plein d’espérance pour le futur, Jean Raspail, attendait un renouveau de la France. Renouveau passant par Reims et Saint-Denis les deux pôles de la royauté, fille aînée de l’Eglise… là où tout s’est toujours joué. Le Sacre et la permanence. Mais ces deux villes attendent encore la nouvelle Jeanne d’Arc qui ramènera le roi puisque le roi ne meurt jamais en France et qu’il suffit de le remettre dans la lumière. Dans cette attente, Jean Raspail, s’était mis en embuscade pour pouvoir la rejoindre dès que son étendard paraitrait. Il avait pour cela le royaume de Patagonie dont il avait relevé le drapeau pour la plus grande joie de tous ses amis. Ceux-ci sont nombreux et, de même que pour eux, Antoine de Tounens était devenu un symbole immortel, Jean Raspail, sera l’immortel de notre génération qui a tant besoin de modèles pour les maintenir dans les voies de l’espérance et de l’honneur d’être Français.

Source : www.legitimite.fr

Décès de Jean Raspail

Mort de Jean Raspail, écrivain et explorateur, auteur du «Camp des Saints»

DISPARITION – L’écrivain, journaliste et explorateur est mort samedi 13 juin à l’âge de 94 ans à l’hôpital Henry-Dunant à Paris, a appris Le Figaro. Adoré par certains, maudit par d’autres, l’auteur de Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie et du Camp des Saints a marqué la littérature française de son univers.

Par Michaël Naulin

Source : Le Figaro 13/06/2020

Le consul général de Patagonie n’est plus. Écrivain, explorateur, aventurier, poète… Jean Raspail a marqué la littérature française du XXe siècle. Avant d’être aventurier des mots, l’homme a parcouru les terres isolées. Épaisse moustache, sourcils broussailleux, visage taillé au couteau, Jean Raspail était un être obstiné, fier de ses positions, assumant de ses profonds yeux bleus sa foi catholique et son attachement à la monarchie. Un écologiste royaliste, utopiste et aventurier. Jean Raspail était un romantique.

À considérer les cheminements intérieurs de la vie, c’est là que je suis né, à l’âge de vingt-trois ans et neuf mois, par un matin glacial de printemps de l’année 1949Jean Raspail, «L’île Bleue»

Né le 5 juillet 1925 à Chemillé-sur-Dême en Indre-et-Loire, Jean Raspail est un enfant de la bourgeoisie. Descendant de François Vincent Raspail (qui donna son nom au Boulevard) qui rétablit le suffrage universel en 1848. Son père est président des Grands Moulins de Corbeil et directeur général des mines de la Sarre. Pourtant, malgré les écoles privées et une éducation stricte, le jeune Raspail a des envies d’ailleurs. Trop jeune pour s’engager dans la Résistance, il devra attendre 1949 pour prendre le large. «À considérer les cheminements intérieurs de la vie, c’est là que je suis né, à l’âge de vingt-trois ans et neuf mois, par un matin glacial de printemps de l’année 1949», écrira-t-il dans L’île Bleue (Robert Laffont, 1990).

Le pêcheur de lune de 23 ans quitte alors son monde de confort pour l’aventure. Une équipée de jeunesse annonciatrice de 30 ans de voyages autour du globe, auprès des peuples menacés et aux confins des terres hostiles. Il a posé son sac en Terre de Feu, aux Antilles, en Alaska, au bord du lac Titicaca ou encore à Macao et en a rapporté des guides et des récits. Aventurier des mots et des terres isolées, ses premiers livres sont des reportages. Son premier vrai roman, Le Vent des pins, sort chez Juillard en 1958. Récit rédigé à la suite d’un voyage au Japon. De ces aventures, Raspail tira une quasi-biographie, un monument. Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie, (Albin Michel, grand prix du roman de l’Académie en 1981). Histoire d’un jeune homme de Tourtoirac partit, vers 1860, conquérir la lointaine Patagonie. Raspail s’en amuse et s’autoproclame consul général de Patagonie. Des lecteurs lui écrivent pour lui demander d’être naturalisés patagons, ils veulent partager cet état d’esprit. Le mythe est né.

Le sulfureux Camp des Saints

Raspail écrit pour s’évader. Défenseur des causes perdues, il publie en 1986, Qui se souvient des hommes, suite à ses séjours chez les Alacalufs, peuple en Terre de feu annihilé et menacé d’extinction par le progrès. Son œuvre séduit par sa force, son obstination, et gagne de nouveaux lecteurs à chaque génération. Elle divise aussi. En 1973, l’écrivain publie ce qui deviendra un brûlot: Le Camp des Saints (Robert Laffont). Roman apocalyptique dans la France de 2050, confrontée à l’arrivée massive de migrants sur ses côtes. Prophète? Il s’en défendait. Les polémiques, elles, proliférèrent.À lire aussi : «Aujourd’hui, «Le Camp des Saints» pourrait être poursuivi en justice pour 87 motifs»

En 2011, le livre est réédité. L’auteur y ajoute une préface coup de poing, intitulée «Big Other». Dans cette même réédition, il ajoute en annexe toutes les pages tombant sous le coup de la loi. Le PDG de Robert Laffont, Leonello Brandolini, précise alors dans un avant-propos que son opinion n’est pas celle de l’auteur qu’il publie. L’auteur est associé à l’extrême droite, ses propos sont dénoncés. Daniel Schneidermann signera une tribune au vitriol contre l’auteur avec en titre: «Appeler racistes les racistes». Les lecteurs tranchèrent: 132.000 exemplaires vendus à ce jour.

Après Le Camp des saints, l’homme publiera une vingtaine d’ouvrages, beaucoup moins polémiques. L’âme utopiste du voyageur avait repris ses droits. Il revenait sur ses voyages à la rencontre des peuples oubliés. Un imaginaire romanesque fertile salué en 2003 par le Grand prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. Ironique pour celui qui avait le sentiment de ne jamais avoir eu «la carte» auprès du milieu littéraire. Même le 9e art a dessiné ses traits émaciés et sa moustache éternelle. Le dessinateur Jacques Terpant adapte ses romans d’aventures. L’auteur de Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie fait même une apparition dans le 19e Tome des aventures du célèbre milliardaire Largo Winch. Le dessinateur, impressionné par son physique so british, lui a emprunté ses traits pour un personnage.

La monarchie au cœur

La fleur de lys. Raspail l’arborait fièrement sur ses cravates. Son œuvre en était tout aussi couverte. Le fameux Sire (1991) (qui narre le sacre de Philippe Pharamond de Bourbon en 1999), Le Jeu du roi (1976), Le Roi au-delà de la mer (2000), ont nourri cet amour pour la monarchie. Profondément chrétien, l’homme tenait à ses convictions. Dans son appartement, les ouvrages des guerres de Vendée rappelaient son attachement royaliste. Le 21 janvier 1993, il organisa contre vents et marées une commémoration des 200 ans de la mort de Louis XVI, place de la Concorde, en présence de l’ambassadeur des États-Unis Walter Curley. En 1971, Raspail avait publié le Jeu du roi, roman où il évoquait un homme rêvant de son royaume évanoui en regardant la mer. Bravant les tempêtes, l’écrivain a tenu le cap, a continué à dire et écrire ce en quoi il croyait, sans fléchir. Le consul de Patagonie est mort, vive le consul!

3 livres de Jean Raspail à avoir lu:

Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie, Albin Michel, 1981

Le Camp des saints, Robert Laffont, 1973

Qui se souvient des hommes…, Robert Laffont, 1986