La tête d’Henri IV authentifiée par l’ADN

Portrait d'Henri IV, roi de France et de Navarre.

Portrait d’Henri IV, roi de France et de Navarre.

 

Une collaboration franco-espagnole a établi par analyse génétique un lien de parenté incontestable entre la tête momifiée d’Henri IV et du sang séché provenant de son descendant, Louis XVI, confirmant l’authenticité de ces restes royaux.

Quand une tête momifiée a été identifiée en 2010 comme étant celle du roi Henri IV, certains chercheurs ont émis des doutes sur son authenticité, faisant notamment remarquer qu’elle ne présentait pas certains signes associés aux méthodes d’embaumement des rois français. Tous les doutes sont désormais levés, avec deux analyses génétiques qui établissent un lien de parenté entre Henri IV et un échantillon de sang de son lointain successeur, Louis XVI.

 

L'analyse ADN d'Henri IV a été réalisée à partir d'un échantillon prélevé au fond de la gorge de sa tête momifiée. Crédit: Forensic Science International.
L’analyse ADN d’Henri IV a été réalisée à partir d’un échantillon prélevé au fond de la gorge de sa tête momifiée. Crédit: Forensic Science International.

Cette étude étonnante, publiée dans la revue Forensic Science International est le fruit d’une collaboration entre une équipe française, menée par le Dr Philippe Charlier, médecin légiste à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches et grand spécialiste des énigmes historiques, et des chercheurs de l’Institut de biologie de l’Evolution à Barcelone. En 2011, Carles Lalueza-Fox et ses collègues espagnols avaient déjà réussi à extraire des fragments d’ADN de Louis XVI à partir d’un mouchoir qui avait été trempé dans le sang au pied de la guillotine lors de son exécution il y a 219 ans, le 21 janvier 1793. Cette relique desséchée avait été conservée dans une sorte de gourde, restée dans la possession d’une famille aristocratique italienne.

«L’échantillon de sang séché de Louis XVI est très bien conservé, et le matériel génétique n’a pas été trop altéré ce qui facilite les analyses, explique au Figaro Carles Lalueza-Fox. En revanche, il a été beaucoup plus difficile de travailler avec les tissus du crâne momifié d’Henri IV, à tel point qu’une précente étude, pourtant réalisée par de bons scientifiques, n’avait pas réussi à extraire de l’ADN.» L’équipe espagnole est habituée à travailler sur des échantillons très anciens, et s’est notamment penchée sur le génome de Néandertal.

Des marqueurs génétiques très rares

Comme Louis XVI, la tête d’Henri IV a aussi souffert du régime de la Terreur après la révolution française. Elle avait été séparée du reste de son corps en 1793 lors de la profanation de la basilique de Saint-Denis où sont enterrés les rois de France. Cette tête est réapparue au XIXe siècle dans la collection d’un comte allemand, puis a été vendue aux enchères à Drouot en 1919 pour la somme de 3 francs à un brocanteur parisien. Mais à l’époque, personne ne croyait qu’il s’agissait bien de la tête du premier des Bourbon. Il faudra attendre 2010, et une étude paléopathologique très complète réalisée par l’équipe de Philippe Charlier pour prouver à 99,99% que la tête était bien celle d’Henri IV.

Après le succès des analyses d’ADN du sang de Louis XVI par les scientifiques de Barcelone, Philippe Charlier a eu l’idée de prélever un échantillon au fond de la gorge de la tête momifiée, un endroit relativement protégé des agressions extérieures, et de l’envoyer à ses confrères espagnols. «Grâce aux appareils de séquençage génétique à haut débit, nous avons réussi à extraire une partie du matériel génétique d’Henri IV, explique Carles Lalueza-Fox. Nous avons notamment retrouvé 6 des 16 marqueurs du chromosome Y que nous avions identifié dans le sang de Louis XVI.» Comme ces marqueurs sont très rares dans la population occidentale, les chercheurs sont certains du lien paternel, transmis par le chromosome Y, entre les deux rois, que sept générations séparent.

La qualité de l’échantillon sanguin de Louis XVI est telle que les scientifiques barcelonais ont désormais l’intention de dresser son génome complet. «Ce serait d’une part la première fois qu’on pourrait dresser la cartographie entière du matériel génétique d’une personnalité historique, et cela nous apporterait en plus des informations précieuses sur certains traits physiques, la susceptibilité aux maladies et la consanguinité de la famille royale,» s’enthousiasme Carles Lalueza-Fox.

Source :

https://www.lefigaro.fr

La basilique de Saint-Denis est un livre d’histoire