Un gilet du petit Louis XVII porté dans sa prison du Temple aux enchères
La maison Osenat met aux enchères, ce dimanche à Versailles, un rare gilet ayant été porté par Louis XVII, alors qu’il était incarcéré à la prison du Temple.
C’est un témoignage de la dramatique fin de la courte vie du petit Louis XVII. Ce dimanche 18 avril 2021, la maison de vente Osenat met aux enchères à Versailles un gilet en coton blanc rayé ton sur ton, à double boutonnage et doublé de toile écrue qui a été porté par Louis-Charles de France, alors qu’il était emprisonné dans la tour du Temple à Paris pour la seule raison d’être le fils et héritier du roi Louis XVI. Il y mourut dans d’atroces souffrances, le 8 juin 1795, après presque trois années de captivité. Il n’avait que 10 ans.
Estimé entre 5.000 et 6.000 euros, ce vêtement historique a une provenance authentifiée. Il fut en effet la propriété de Jean Baptiste Gomin, le gardien de Madame Royale -Marie-Thèrèse Charlotte, la grande sœur de Louis XVII- dans cette même prison du Temple.
Intitulée «La Royauté à Versailles», cette vente aux enchères compte 243 lots. Parmi ceux-ci, on peut également citer un rare fichu en dentelle d’Alençon ayant appartenu à la reine Marie-Antoinette. Présenté dans un cadre doré en forme d’éventail avec l’inscription «Fichu de la Reine Marie-Antoinette donné par Mesdames de France», il se trouvait jadis dans la collection de la princesse Ernest de Ligne, née Diane de Cossé-Brissac. Il est, de même, estimé entre 5.000 et 6.000 euros.
Le fichu en dentelle de la reine Marie-Antoinette en vente chez Osenat à Versailles, le 18 avril 2021 © Osenat
Dans la prison du Temple, Madame Royale ne savait plus parler
Enfermée dans la tour du Temple durant la Révolution, Madame Royale, la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, ne savait plus parler à force de silence.
Elle aurait dû avoir une jeunesse de princesse. Une jeunesse baignée d’insouciance et de frivolité. L’Histoire en a décidé autrement. Marie-Thèrèse Charlotte, dite Madame Royale, a eu le malheur de naître quelques années avant que n’éclate la Révolution française. Etre la fille du roi et de la reine de France à cette époque n’était vraiment pas enviable. Et, le 10 août 1792, à l’âge de 13 ans, la voici incarcérée avec ses parents Louis XVI et Marie-Antoinette, son petit frère Louis-Charles et sa tante Madame Elisabeth à la prison du Temple à Paris.
Au départ les conditions de la détention du souverain et de sa famille dans cette tour sont relativement acceptables, comme le raconte Marie-Hélène Baylac dans son nouveau livre «Les secrets de la Révolution française» paru aux éditions «La librairie Vuibert» en avril 2017. Bien sûr, leurs appartements n’offrent pas le confort auquel ils étaient habitués et ils sont privés de liberté, mais au moins ils sont ensemble. Ce qui ne va malheureusement pas durer.
L’orpheline du Temple souffre de solitude, de froid et d’ennui
ACTUALITÉ DES MARQUES Le 9 mai 1794, Marie-Thérèse se retrouve seule. Son père a été guillotiné le 21 janvier 1793. Sa mère, qui avait été transférée le 2 août 1793 à la Conciergerie, a connu un sort identique le 16 octobre de cette même année. Le Dauphin, séparé de sa mère, de sa sœur et de sa tante en juillet 1793, vit dans une autre pièce de la tour du Temple. Et ce jour-là, 9 mai 1794, Madame Elisabeth, qui n’avait jusqu’alors jamais quitté sa nièce, est emmenée pour être exécutée le lendemain.
«Les deux enfants restent les seuls captifs de la tour, chacun à son étage, sans contact. Celle qu’on surnommera l’orpheline du Temple dira plus tard la solitude, le froid, l’ennui», rappelle Marie-Hélène Baylac. Et de citer Marie-Thérèse elle-même: «Les gardes ne voulurent plus me donner que des livres de piété, de voyages que j’avais lus mille fois et un tricot qui m’ennuyait beaucoup [… Ils] étaient souvent ivres; cependant nous restâmes tranquilles, mon frère et moi, chacun dans notre appartement, jusqu’au 9 thermidor».
Une captivité de trois ans, quatre mois et cinq jours
Ce 9 thermidor an II (le 27 juillet 1794) signe la chute de Robespierre et, en ricochet, l’amélioration des conditions de détention de Louis-Charles -que les royalistes considèrent comme le roi Louis XVII depuis la mort de son père- et de sa grande sœur. A propos de celle-ci, Marie-Hélène Baylac précise que, dès lors, la jeune fille «ne manque plus de linge, ni de nourriture, ni de feu». «Ses gardiens la traitent – de ses propres mots – « avec honnêteté ». Au début du printemps, ils l’engagent à monter sur la plate-forme de la tour pour prendre l’air», ajoute-t-elle. Et le 13 juin 1795, le Comité de sureté générale décide de placer auprès d’elle une femme pour lui tenir compagnie. Celle-ci se nomme Madame de Chanterenne et est la fille d’un gentilhomme poitevin ruiné. C’est elle qui révélera à Marie-Thérèse que sa mère comme sa tante ont été exécutées, ce qu’elle ignorait. C’est elle aussi qui lui réapprendra à parler. «Elle avait oublié à force de silence!», explique l’auteur.