25.04.2014
8ème CENTENAIRE DE LA NAISSANCE DE SAINT LOUIS
LOUIS IX (1214 / 1270) SAINT LOUIS
9ème de la dynastie des Capétiens né à Poissy le 25 Avril 1214 4ème fils de Louis VIII, il dut son règne aux décès de ses 3 frères aînés – Philippe (1209 – 1218) -Alphonse et Jean jumeaux nés en 1213 morts jeunes.
SES PARENTS
Louis VIII
né le 5 septembre 1187 à Paris et mort le 8 novembre 1226 à Montpensier (Auvergne), fut roi de France de 1223 à 1226,
et de Blanche de Castille
(née le 4 mars 1188 à Palencia, Castille – morte le 27 novembre 1252 à Melun),
Petit-fils de Philippe Auguste (1180 – 1223), celui-ci a cherché lors de son règne à reconquérir les territoires perdus aux anglais et à l’augmenter avec notamment la conquête de :
La Normandie , le Maine et le Poitou, la Touraine, l’Anjou.
Sa lutte victorieuse contre les Plantagenets va permettre une consolidation du royaume des capétiens.
Son fils : Louis VIII (Père de Saint Louis) (1187 – 1226) lui aussi va récupérer des terres, mais il décède à 39 ans, au bout de 3 ans de règne seulement.
La guerre des Albigeois lui permet de récupérer tout le Languedoc moins Toulouse, il s’empare également du Poitou, Saintonge, de l’Angoumois, du Limousin, du Périgord et de la moitié du Bordelais (la Gascogne restant aux mains des Anglais), notamment il remporte la victoire de la Roche aux Moines, contre Jean Sans Peur, ce qui lui vaudra le surnom de : « Le Lion ».
Marié à Blanche de Castille en 1205, avec qui il eut 10 enfants, le roi avait rédigé avant de mourir un testament confiant le royaume de France à son épouse jusqu’à la majorité de Louis IX qui n’avait que 12 ans au décès de son père.
Louis IX
Succède donc à son père le 7.11.1226, et sera sacré à Reims le 29.11.1226. Sa mère Blanche de Castille va assurer la régence de 1226 à 1236, d’une main ferme et énergique. Elle maria son fils à Marguerite de Provence (1221 – 1295) le 27.05.1234 en la Cathédrale de Sens, qui lui donna 11 enfants :
- Blanche (1240-1243),
- Isabelle (1242-mai 1271) qui épousa en 1258 Thibaud de Champagne roi de Navarre,
- Louis (24 février 1244-1260),
- Philippe III le Hardi (01 mai 1245-05 octobre 1285),
- Jean (1248-1248),
- Jean-Tristan (1250- 1270) comte de Valois et de Nevers.
- Pierre (1251-1284) comte d’Alençon et de Perche.
- Blanche (1252-1320)
- Marguerite (1254-1271)
- Robert (1256-1317) comte de Clermont.
- Agnès (1260-1327)
Blanche de Castille sut s’entourer de conseillers compétents, femme dynamique, énergique, intelligente, elle inculqua à son fils une éducation aux valeurs chrétiennes, et le prépara à gouverner le royaume.
11.04.1229 : Le traité de Paris met fin à la croisade des Albigeois. Le Comte de Toulouse est obligé d’accepter l’annexion au domaine royal de Nîmes/Beaucaire – et Béziers /Carcassonne, il donne sa fille unique Jeanne au frère du roi Alphonse de Poitiers.
1239 : Le Roi achète la couronne d’épines aux vénitiens, et fait construire la Sainte Chapelle par Pierre de Montreuil (1241/1248)
Elevé dans la crainte du péché par sa mère, ce roi très chrétien est réputé pour sa piété, il assiste aux offices religieux quotidiennement, s’impose jeûne et pénitences, il s’habille simplement, et reçoit à sa table les pauvres. Son ami et confident Joinville, l’a décrit dans son livre « un livre des Saintes paroles et des bons faits de notre roi Louis » en 1309, « vêtu d’un chapeau orné d’une plume de paon blanc et rendant la justice sous un chêne ».
St Louis donnant des aumônes St Louis lavant les pieds des pauvres
Très charitable ; il renouvelle le toucher des écrouelles qui deviendra après lui un rituel royal habituel. Le roi disait aussi
« Si je dépense beaucoup d’argent, j’aime mieux le faire pour l’amour de Dieu que pour des frivolités et choses mondaines »
Roi d’une sagesse exemplaire, diplomate, soucieux de la justice, ayant des qualités exceptionnelles d’homme d’état, en quête constante de la paix pour son royaume .
Il fonde plusieurs hôpitaux et on lui doit notamment :
– L’ Eglise de Notre Dame des Blancs-Manteaux (12 rue des Blancs-manteaux – 75004 PARIS) (du nom des religieux mendiants venus de Marseille à Paris qui portaient sur leur habit un manteau blanc)
– L’Hôpital des Quinze-Vingts fondé pour 300 aveugles (15 X 20) en souvenir de ses compagnons qui avaient souffert de troubles oculaires durant les croisades et de l’éclat du soleil du Levant. A l’origine situé entre la Place du Palais Royal jusqu’au milieu des jardins des Tuileries, transféré à la fin du XVIII ème siècle vers le faubourg St Antoine.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les brouillards dans Paris furent si intenses qu’on louait à l’heure les services des aveugles des Quinze-Vingts pour guider les piétons et les voitures dans le dédale des rues de la capitale.
– L’ Hôtel Dieu fut agrandi du temps de Louis IX
– L’Abbaye de Royaumont, fondée par St Louis en 1228 abbaye cistercienne, construite entre 1228 et 1235, le roi avait l’habitude de venir surveiller les travaux, et ensuite il y séjournait 2 à 3 fois par an participant à la vie monastique des moines, L’abbaye servit de sépulture pour les enfants de la famille royale :
Le premier a y être enseveli est son frère Philippe Dagobert en 1233, puis 3 des ces 4 enfants décédés en bas âge :
- Blanche : 1243
- Jean : 1248
- Louis : 1260
L’Abbaye existe toujours et a survécu transformée en filature de coton un certain temps, puis la Congrégation des Oblats de Marie Immaculée, achète l’abbaye, et ce sont en définitive les Sœurs de la Sainte Famille de Bordeaux qui entreprennent sa restauration de 1869 à 1905, date à laquelle elles seront obligées de vendre à la famille GOUIN qui crée en 1964 la Fondation Royaumont.
– La sainte Chapelle que Louis IX fit construire spécialement pour recueillir les Saintes Reliques, achetées à l’empereur Beaudouin II de Courtenay qui ayant besoin d’argent les avait mis en gage auprès des Vénitiens, notamment la Couronne d’Epines.
Elle sera accueillie à Paris le 18 août 1239, par le Roi, son frère Robert d’Artois et sa mère Blanche de Castille et entreposée dans la Chapelle Saint Nicolas de la Cité en attendant son transfert en 1248; les travaux ayant duré 5 ans, la consécration solennelle aura lieu le 26 avril 1248.
L’HISTOIRE MOUVEMENTEE DE LA SAINTE-CHAPELLE DE PARIS
https://culturezvous.com/histoire-sainte-chapelle-paris/
– En 1257 avec Robert de Sorbon il fonde la Sorbonne, donnant ainsi aux étudiants pauvres la possibilité de faire des études.
– Il fit également réaménager la nécropole des rois de France à Saint-Denis
» On trouve plus de 70 gisants à Saint-Denis. Outre les quatorze gisants de la commande de Saint-Louis, qui décide, au XIIIe siècle de faire installer la nécropole des rois de France à Saint-Denis. Auparavant, les rois y étaient enterrés derrière une simple dalle portant une épitaphe. Saint-Louis fait donc réaliser des tombeaux pour ces rois. Il deviendra le saint-patron des rois puis du Royaume de France. La commande proprement dite consiste en 16 gisants, disposés en 4 groupes de 4, au pied de chacun des 4 piliers du transept.
Saint Louis lui-même s’est montré humble en se faisant enterrer sous une simple dalle de pierre. Ce n’est que par la suite qu’un magnifique tombeau en or massif fut réalisé (mais fondu plus tard).
Parmi les images ci-dessous de trouvent des gisants de cette commande et d’autres, postérieurs ou antérieurs :
source : https://lesitemai.free.fr/?url=BStDenis
Son royaume n’a pas de débouchés sur la mer, la Provence appartient au Saint Empire Germanique, Montpellier est sous possession du Roi d’Aragon et l’Aquitaine anglaise.
Du fait de son mariage avec Marguerite de Provence, le Roi a pu étendre et consolider son expansion dans le sud du royaume. Le roi achète des terres marécageuses près de Nîmes au Sud Est de Montpellier et y fait aménager un port à partir de 1241, il faut emprunter un chenal de 6 km de long pour arriver à la mer, mais c’est de ce port d’AIGUES-MORTES que partiront les 7 et 8ème croisades.
Le roi accorde à la ville un certain nombre de privilèges afin d’attirer le commerce, la population s’agrandit et devient ainsi une ville économique importante. En 1272, Saint Louis fait construire les remparts de la ville, soit une enceinte de 1640 m encore visible aujourd’hui
En 1244, il tombe gravement malade et fait le vœu de partir en croisade s’il guérit.
Le 12.06.1248 il part donc soutenir les chrétiens d’Orient en compagnie de sa femme Marguerite de Provence, pour la septième croisade de 1248 à 1254; embarqués à Aigues-Mortes, les croisés se dirigent vers l’Égypte, avec 1800 navires.
La ville de Damiette est prise le 8 juin puis ils se dirigent vers le Caire, mais les attaques sont rudes, ainsi que les épidémies qui déciment les troupes, beaucoup de soldats sont faits prisonniers de même que le roi. En 1250 pendant un mois au mains des sarrasins, il ne sera libéré ainsi que ses hommes que contre une forte rançon de l’ordre de 400 000 livres réglée en partie par les templiers. De 1250 à 1253, il reste sur place et va consolider les forteresses d’Acre …le royaume de Jérusalem, et en Syrie, puis rembarque de Tyr pour la France le 24.04.1254.
Le Roi Louis IX laissant la Régence à sa mère Blanche de Castille
Sa mère a assuré la régence durant ces 6 années d’absence de France, son décès le décide à rentrer pour diriger le royaume.
L’échec de cette croisade marque beaucoup le roi, car « le tombeau du Christ est toujours sous contrôle de l’islam » et Dieu n’a pas voulu lui accorder la reconquête de la terre sainte, cela va déterminer son existence et ses actes futurs.
Historique des croisades : https://templierscroisades.free.fr/Croisades-Michaud/6_jean-de-brienne-sollicite-des-secours.html
Embarqué encore une fois de la ville d’AIGUES MORTES le 1er juillet 1270, à l’âge de 56 ans pour la huitième et dernière croisade, il pensait pouvoir convertir le sultan de Tunis au christianisme pour en faire un allié contre le sultan d’Egypte, mais St Louis meurt de dysenterie sous les remparts de Tunis le 25.08.1270 à 15 Heures « Heure précise » où le fils de Dieu expira sur la Croix.
Son fils Philippe, présent à Tunis est proclamé roi sous le nom de « Philippe III » dit « Le Hardi » surnom du à sa vaillance au combat.
Pour préserver le corps de la putréfaction pour son long retour, on fait bouillir son corps éviscéré et démembré afin de séparer les os de la chair. Les os sont rapportés par son fils en passant par la Sicile, l’Italie, LYON, La Bourgogne, la Champagne pour arriver le 22 Mai 1271 à la Basilique Saint Denis. De Paris à Saint-Denis, Philippe III s’arrêta plusieurs fois pour se reposer. A chacun des 7 arrêts, des croix furent élevés qui portèrent le nom de Montjoies.
Ses entrailles placées dans une urne confiées à son frère cadet Charles d’Anjou, sont offertes à l’abbaye bénédictine de Monréale en Sicile.
La dilaceratio corporis (division du corps ) entre le cœur d’un coté et les entrailles et ossements de l’autre avec des sépultures différentes devient à partir du XIIIe siècle un privilège de la dynastie capétienne ce qui permet la multiplication des cérémonies pour honorer le roi.
Louis IX est enseveli sous une dalle très simple, mais ensuite on lui construit un riche tombeau d’or et d’argent célèbre dans toute la Chrétienté qui est fondu en 1420 durant la guerre de 100 ans par les armées anglaises d’Henri V.
Les reliques du souverain sont peu à peu disséminées dans tout le monde chrétien. Puis le 17 Mai 1306, le crâne de Saint Louis est placé dans un somptueux reliquaire commandé par son petit-fils Philippe Le Bel, transféré à la Sainte Chapelle, une côte est léguée à Notre Dame de Paris. Pendant les guerres de religion puis durant la révolution, la plupart des reliques disparaissent.
Le cœur et les entrailles furent partagés entre Tunis et la Basilique de Monreale à Palerme. A la fin du XIX ème siècle on réunit l’ensemble lors de la consécration de la Cathédrale St Louis de Carthage (Tunis). Puis à l’indépendance de la Tunisie elles sont ramenées à la Sainte Chapelle. Actuellement seul un morceau de mâchoire subsiste dans le trésor de la Cathédrale Notre Dame de PARIS
En 1297 Louis IX est canonisé par le Pape Boniface VIII, 27 ans seulement après son décès sous le nom de « Saint Louis de France » Tout au long de sa route de retour en France, ces reliques avaient fait de nombreux miracles.
Il est le plus souvent représenté avec l’auréole de la sainteté, et une simple couronne d’or. C’est après sa mort, que huit fleurs de lys ornent la couronne de France.
https://www.tombes-sepultures.com/crbst_927.html
Saint Louis, un roi réformateur du Royaume
Dès avant son départ en croisade, le Roi avait fait diligenter des enquêteurs dans son royaume pour connaitre les doléances de ses sujets, il est conscient qu’il existe des abus, et que son Etat pour durer doit être juste et qu’il dépend de la qualité des services rendus et de ses agents. Les réformes attendent donc le retour du roi.
A peine débarqué à Hyères, le 10 Juillet 1254, Saint Louis ne rentre pas directement à Paris mais il se rend à Saint Gilles, puis à Nîmes, où il met en place des réformes de caractère local et régional avec l’aide de Gui Foucoi, il abolit certaines coutumes prises par les Sénéchaux de Beaucaire, réformes qui se retrouveront dans la grande ordonnance générale.
Gui Foucoi, avocat et grand juriste, fut évêque du Puy, (1257) et archevêque de Narbonne, (1259)
Conseiller de Saint Louis, et pour finir Pape sous le nom de Clement IV, (1265 – 1268) il aidera le Roi à mettre en place l’ordonnance de décembre 1254 (Justice et équité) qui dotera les agents du pouvoir d’un statut très strict, lutte contre la corruption de ses agents, les baillis (Nord de la Loire) et les sénéchaux (Beaucaire et Carcassonne), chargés de percevoir les revenus royaux. Ils ont l’interdiction de recevoir des cadeaux, ou d’acheter des terres dans leur circonscription ou de prélever de l’argent pour leur compte personnel.
Cette grande ordonnance, prévoit aussi des mesures d’ordre moral, contre le blasphème, le duel, la prostitution, l’usure, les jeux d’argent et elle renouvelle la condamnation des usuriers juifs.
Au détriment des coutumes médiévales, il substituera des formes de justices plus adéquates, plus équitables, notamment l’appel au roi directement par les justiciables et dont les décisions judiciaires prévaudront sur celles de ses vassaux. Le jugement de Dieu est interdit et des enquêtes et des auditions de témoins sont prévues.
Instauration de la langue française, qui se propagera dans toute l’Europe.
Il s’agit d’un renforcement du pouvoir monarchique : La justice est rendue au nom du Roi et un Parlement est créé. – La sécurité du royaume est organisée. –La collecte des impôts garantis par les baillis est encadrée et sanctionnée en cas d’ abus. -La monnaie royale qui obtient la prééminence sur les autres monnaies dans tout le territoire. Il réévalue la monnaie entre 1263 et 1266. Ces mesures sont très populaires.
Parallèlement, il va se lancer dans une politique d’accroissement du royaume, de création de foires commerciales pour faire prospérer les villes et instaurer de vrais carrefours commerciaux.
Fin diplomate, il fait régner la paix et la justice. Déjà de son vivant, de par sa foi profonde, la recherche constante de la Justice dans son Royaume, il jouit d’une réputation de sainteté, acquise lors des 2 croisades, où il montrera une grandeur d’âme qui force l’admiration, pour son souci de sauvegarder ses compagnons, mais aussi pour la défense de la chrétienté, ce qui augmente son prestige. Il devint un arbitre recherché même à l’extérieur du Royaume.
Le Royaume qui connaîtra un fort développement.
Le grand travail de réforme mis en œuvre par Saint Louis lui permet de léguer à son fils Philippe III, un royaume élargi, et en paix.
Testament de saint Louis remis à son fils avant sa mort
Cher fils, la première chose que je t’enseigne, est que tu mettes tout ton cœur à aimer Dieu. Car sans cela nul ne peut se sauver. Gardes-toi de faire chose qui à Dieu déplaise, c’est-à-dire péché mortel. Tu devrais même souffrir toutes manières de tourments plutôt que de pécher mortellement. Si Dieu t’envoie adversité, souffre-la en bonne grâce et en bonne patience, et pense que tu l’as bien méritée et qu’Il te tournera tout à ton profit. S’Il te donne prospérité, l’en remercie humblement, en sorte que tu ne sois pas pire, ou par orgueil ou par autre manière, de ce dont tu dois mieux valoir.
Car l’on ne doit pas Dieu de ses dons guerroyer. Confesses-toi souvent, et élis confesseurs prud’hommes qui te sachent enseigner ce que tu dois faire et de quoi tu te dois garder. Tu te dois en telle manière comporter et avouer, que ton confesseur et ton ami t’osent sûrement reprendre et montrer tes défauts.
Le service de sainte Eglise écoute dévotement sans bourder ni rire, regarder ça et là ; mais prie Dieu de bouche et de cœur en pensant à lui dévotement et spécialement à la messe à l’heure que la consécration est faite.
Le cœur gai doux et pitoyable aux pauvres et aux malheureux, et les conforte et leur aide selon ce que tu pourras. Maintiens les bonnes coutumes du royaume et combats les mauvaises. Ne convoites pas sur ton peuple, ne le charge pas de taxe ni de taille, si ce n’est pour ta grande nécessité. Si tu as quelque affliction de cœur, dis-la aussitôt à ton confesseur ou à quelque prud’homme. Ainsi tu la porteras plus légèrement. Prends soin d’avoir en ta compagnie tous prud’hommes, soit religieux, soit séculiers, et parles leur souvent. Et fuis la compagnie des mauvais.
Et écoute volontiers les sermons ou publics ou privés ; et recherche volontiers prières et pardons. Aimes tout bien et hais tout mal en quoi que ce soit. Nul ne soit si hardi qu’il dise devant toi parole qui attire ou pousse à pécher, ou qu’il médise d’autrui par détraction. Ne souffre que l’on dise devant toi nulle vilenie de Dieu ni des saints, que tu n’en fasses aussitôt vengeance. Rends souvent grâces à Dieu de tous les biens qu’Il t’a faits, afin que tu sois digne d’en plus avoir.
Pour justice et droiture garder, sois raide et loyal envers tes sujets, sans tourner ni à droite ni à gauche, mais toujours droit. Soutiens la plainte du pauvre jusques à temps que la vérité soit éclaircie. Si quelqu’un a affaire ou plainte contre toi, sois toujours pour lui et contre toi jusqu’à ce que l’on sache la vérité. Car ainsi jugeront tes conseillers plus hardiment selon droiture et selon vérité.
Si tu détiens quelque chose d’autrui, par toi ou par tes devanciers, si c’est chose certaine, rends sans tarder. Si c’est chose douteuse, fais enquérir par sages hommes en hâte et diligemment. A cela tu dois mettre toute ton attention : que tes gens et tes sujets vivent en paix et en droiture sous toi, même les religieux et toutes les personnes de sainte Eglise. L’on raconte du roi Philippe, mon aïeul, qu’une fois un de ses conseillers lui dit que la sainte Eglise lui faisait grands torts et forfaits, parce que les clercs violaient ses droits et empiétaient sur son autorité ; que c’était bien étonnant qu’il le souffrît. Et le bon roi répondit qu’il le croyait bien. Mais quand il regardait les bontés et les courtoisies que Dieu lui avait faites, il voulait mieux abandonner de son droit que susciter contestation ou scandale à la sainte Eglise.
A ton père et à ta mère tu dois honneur et révérence porter, et garder leurs commandements. Donnes les bénéfices de sainte Eglise à personnes bonnes et dignes, et sur le conseil de prud’hommes. Et donne à ceux qui n’ont rien de sainte Eglise.
Garde-toi de faire la guerre sans très grande délibération et surtout contre tout homme chrétien. S’il faut la faire, garde sainte Eglise et ceux qui n’ont en rien méfait de tout dommage. Apaise au plus tôt que tu pourras guerres et conflits, soit tiens, soit de tes sujets, comme saint Martin faisait. Sois diligent d’avoir bons prévôts et bons baillis ; et enquiers souvent d’eux et de ceux de ta maison, comme ils se conduisent. Efforces-toi d’empêcher péché et mauvais serment ; et fais détruire les hérésies de tout ton pouvoir Encore je te requiers que tu reconnaisses les bienfaits de notre Seigneur, et que tu lui rendes grâces et merci. Prends garde que les dépenses de ton hôtel soient raisonnables et mesurées.
Enfin, doux fils, je te conjure et requiers que si je meurs avant toi, tu fasses secourir mon âme en messes et oraisons par tout le royaume de France ; et que tu m’octroies spéciale part et plénière en tous les biens que tu feras. En dernier, cher fils, je te donne toutes les bénédictions que le bon père et pieux peut donner à son fils. Et que la benoîte Trinité et tous les saints te gardent et te défendent de tout mal ; et que Dieu te donne sa grâce de faire sa volonté toujours, de sorte qu’il soit honoré par toi. Et que nous puissions après cette mortelle vie être ensemble avec lui et le louer sans fin. Amen.
Notes : de même que pour le Testament de saint Rémy, il existe plusieurs versions de ces enseignements que saint Louis légua à son fils, Monseigneur Philippe, avant de mourir à Tunis en 1270. C’est la version la plus courte ? et sans doute la plus authentique ? qui figure ci-dessus : elle fut recueillie par Geoffroy de Beaulieu, son confesseur. Elle est fort semblable à celle que recopia Simon de Joinville, fondateur du Bailliage de Mâcon.
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Cérémonie d’adoubement d’un chevalier par Louis IX, sous un chêne à Vincennes.
=> Voir « L’année Saint Louis à Poissy »